Une journée hommage à Hocine Ouarab, homme de radio, pédagogue et poète, s'est tenue, jeudi, au Centre culturel Aïssa-Messaoudi de la Radio nationale. Organisée conjointement par le Haut conseil à l'amazighité, l'Office national des droits d'auteurs (Onda) et la Radio nationale, cette journée a permis de dévoiler les valeurs humanistes de cet homme de radio dont les intervenants n'ont pas tari d'éloge. Dans son allocution d'ouverture, M.Si Hachemi Assad, président du Festival national culturel du film amazigh notamment fera remarquer l'importance d'une telle manifestation qui vise «la réhabilitation de nos figures de la culture nationale. Nous avons besoin d'un modèle et un référentiel. Hocine Ouarab incarne notre algérianité. Il était un fervent défenseur de l'amazighité. Nous sollicitons la Chaîne radiophonique II pour qu'elle diffuse les chansons dont Hocine Ouarab a été le parolier, notamment une chanson qu'il a écrite à Slimane Azem», dira-t-il en préambule. En effet, durant près de quatre heures, plusieurs participants de renom se sont succédé au pupitre et à la tribune pour dire tout l'amour militant que portait Hocine Ouarab pour les mots, la poésie mais aussi l'enseignement et le respect de l'autre. M.Merahi, secrétaire général du HCA évoquera le riche parcours de Hocine Ouarab qui possédait une «langue de science». «C'était un homme d'une grand statut». Aussi, la salle de rédaction de la Chaîne II porte le nom de Hocine Ouarab nous apprend-on. Un documentaire sur sa vie est en cours de réalisation. Dans un témoignage signé Mohamed Hilmi et lu par son frère Saïd -car absent pour des raisons professionnelles - il a été question du parcours de cet homme exceptionnel qu'était Hocine Ouarab, ses qualités et ses vertus. «Il nous faudrait des heures, des jours et des mois, pour évoquer son parcours, car il est très riche en apport culturel et artistique, et bien sûr, dans l'enseignement qu'il a servi en grand professeur et en brillant pédagogue», a-t-il souligné. Et de renchérir un peu plus loin: «Sa polyvalence intellectuelle avait fait de lui un poète et un historien du vaste monde de la littérature arabe, française et berbère du fait qu'il maîtrisait les trois langues. Il avait la sensibilité d'accès imaginatif, vastement fertile, dans l'espace de la création basée sur l'expression des visons socioculturelles d'une profondeur exceptionnelle, en évoquant la souffrance, la nostalgie, sources de préoccupation des familles privées du fils ou du mari que la précarité poussait vers les aventures de l'inconnu à cause de la misère des années sombres imposées par l'occupation coloniale. Hoho fut aussi le poète de la vie qui relatait les valeurs morales, héritage des ancêtres.» Un montage de dix minutes fut aussi dévoilé à l'assistance montrant un Hocine Ouarab, vieux mais en pleine discussion avec un journaliste sur la philosophie de la vie et son parcours. Un portrait et une compilation de ses travaux radiophoniques furent offerts généreusement par le directeur de la Chaîne II à la famille du défunt. Son fils évoquera les noms de ses amis et proches qui l'ont soutenu et sans qui, il n'aurait pas été celui qu'il est devenu. Dans sa communication intitulée «Hocine Ouarab, un précurseur de la communication en Amazigh», M.Badredinne Mohamed, directeur de la Chaîne II dira, que cet hommage s'est voulu «l'occasion d'évoquer cet homme, non seulement doué mais aussi plein de talent et de qualité professionnels, que ce soit dans les programmes culturels ou à travers son activité journalistique qui consistait à la traduction, la rédaction et la présentation de bulletins d'information en langue kabyle». Il soulignera ainsi le «remarquable parcours de cet homme au profit de la radio et de la communication en tamazight». le HCA prévoit l'édition d'un recueil de poésies de Hocine Ouarab, soulignera-t-on. Pour sa part, Madame Djoher Ahmis fera remarquer toute son émotion à parler d'une personne qui fut aussi un des amis de son défunt mari. «Il était souriant, affable, un des premiers inspecteurs de la langue arabe. Il a pris tôt conscience du rôle de l'enseignant dans l'éducation du pays. Il a veillé à transmettre des valeurs essentielles. Il refusait la médiocrité. Il était un défenseur du savoir et un modèle d'identification à suivre. On en fait plus comme lui aujourd'hui, quand on enferme les gens dans le monolinguisme», dira-t-elle. Notons que c'est grâce à la medersa d'Alger que Hocine Ouarab a pu bénéficier d'une formation bilingue. Il en sortira, six ans après muni d'un diplôme d'études supérieurs qui lui ouvrira beaucoup de portes, notamment celle de la traduction et de la pédagogie. Lors de cette journée instructive à plus d'un titre, il a été annoncé également que la Chaîne II consacrera tous les jeudis son programme estival à la rediffusion d' une émission poétique de Hocine Ouarab. Le comédien Saïd Hilmi avec l'emphase théâtral qu'on lui connaît, a rendu, à sa manière, hommage à Hocine Ouarab en disant tout son attachement à cet homme, debout! L'artiste Kamel Hamadi relèvera tout l'apport musical qu' a apporté Hocine Ouarab à la chanson kabyle. Il décède à la suite d'une maladie, le 21 octobre 2000, à Alger.