Le Conseil des lycées d'Alger (CLA) a décidé de faire du 5 octobre journée internationale de l'enseignant, une journée symbolique de protestation et d'action et ce à l'échelle nationale. Le même jour, une délégation déposera un mémorandum, élaboré par le CLA, au ministère de l'Education et auprès du cabinet du chef du gouvernement. Cette décision a été prise jeudi dernier, lors de la réunion des délégués du syndicat pour faire l'évaluation de la rentrée scolaire. Le CLA lance un appel national aux enseignants pour la mobilisation et la convergence de leurs forces pour contrecarrer tous les projets qui envisagent de les déposséder de leurs acquis et leur dignité. Le recours justement à la protestation découle du fait que les enseignants ont ras-le-bol des promesses non tenues et des déclarations rassurantes de M. Benbouzid, alors que sur le terrain c'est le contraire qui se produit. « Une fois de plus, nous constatons que les propos optimistes du ministre masquent une tout autre réalité faite de précarité des conditions de travail », dira un responsable du CLA. Celui-ci révèle que les doléances des enseignants n'ont pas été prises en charge et aucune amélioration n'a été constatée, notamment sur les aspects portant sur la surcharge des horaires, la suppression de postes, non-respect des décisions du conseil des classes, l'absence de moyens didactiques et de tirage, réorganisations unilatérales des technicums et des lycées techniques... Les responsables du CLA estiment qu'il est de leur responsabilité de ne pas se désintéresser des revendications socioprofessionnelles et pédagogiques qui n'ont pas été pris en charge durant le mouvement de protestation de l'année 2003. Il s'agit, entre autres, de la plate-forme de revendications de février 2003-2004 portant sur trois points, à savoir l'augmentation de 30 000 DA du salaire, la retraite après 25 années d'activité légales et l'élaboration du statut particulier des professeurs de l'enseignement secondaire et technique. Les enseignants affiliés au syndicat refusent que les propos apaisants de M. Benbouzid et l'augmentation partielle du revenu des enseignants éludent les revendications fondamentales de leur mouvement. « Notre mouvement ne s'arrête pas seulement aux salaires puisque les enseignants constatent quotidiennement la perte de leurs pouvoirs pédagogiques dans les lycées. Nous réclamons que nos représentants élus aient plus de considération, de respect et soient reconnus comme interlocuteurs dans toutes les décisions qui concernent notre métier », dira un responsable au niveau du CLA qui attire à cet effet, l'attention des enseignants à l'échelle nationale sur les dangers que comporte le nouveau projet de loi de la Fonction publique. « Nous nous déclarons contre toutes les mesures introduites dans ce nouveau projet qui installe la défonctionnarisation des agents de l'Etat par une contractualisation systématique. Cette situation aura des conséquences évidentes sur la détérioration de notre métier et sur le statut de l'enseignant. Elle retardera de facto la promulgation du statut particulier de l'enseignant du secondaire », a-t-il soutenu. Par ailleurs, le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (CNAPEST) a annoncé un débrayage de deux jours, à savoir les 5 et 6 octobre prochains. Une réunion regroupera aujourd'hui au siège du ministère de l'Education les représentants de ce syndicat afin d'étudier ensemble les revendications posées par les enseignants affiliés à cette organisation. Hier, les membres du bureau du CNAPEST se sont rencontrés pour mettre au point une stratégie d'approche qui sera débattue aujourd'hui avec la tutelle. Selon le premier responsable du CNAPEST, il existe des points que le ministère peut satisfaire dans l'immédiat, notamment l'augmentation de la valeur des heures supplémentaires, la mise à la disposition du syndicat de locaux dans les différentes wilayas pour qu'ils tiennent leurs réunions de travail, la révision du montant de la copie du bac qui est actuellement rémunérée à 22 DA, l'arrêt de la date consacrée aux journées d'étude sur le statut et la retraite. « Ces revendications peuvent être réglées par la tutelle. En ce qui nous concerne, nous maintenons notre action relative à la grève les 5 et 6 octobre. Le bureau du CNAPEST avisera en fonction justement des résultats de la rencontre avec le ministre, du maintien ou l'annulation du débrayage », a souligné M. Mériane, premier responsable du CNAPEST. Rappelons, en outre, que M. Benbouzid a tenu à rassurer l'ensemble des concernés que cette année scolaire sera calme et que les portes de son département sont ouvertes pour discuter de toutes les préoccupations du corps enseignant.