Après «Djebel Tafat - Bougaâ de 1830 à 1932» paru aux Editions Dahleb en 2012, l'écrivain Saâd Taklit revient cette année avec deux excellents romans. Edité en France par la maison Baudelaire, le premier est «Le journal de Rachid». Ce livre raconte les difficultés et le racisme rencontrés par des Français d'origines étrangères. Mais l'excellent ouvrage de 183 pages n'est pas distribué en Algérie, où la promotion du livre demeure la dernière préoccupation des responsables concernés. Ce contretemps ne décourage pas pour autant l'écrivain bouclant l'année 2016 avec une 2e publication «l'Allemande de mon village». Présenté lors de la dernière édition du salon international du livre (Sila), le volumineux livre a été très bien accueilli par les lecteurs et les initiés. Ces derniers ont été impressionnés par cet ouvrage de haute facture, retraçant la vie et le parcours authentique d'une Allemande, qui a adopté et aimé les us et les coutumes de la société algérienne de l'arrière-pays. Effectué lors de la guerre de libération nationale, ce déplacement à Bougaâ, ville située à 45 km au nord de Sétif, a été pour la grande dame un aller sans retour. Elle a non seulement mis une croix sur sa vie antérieure, mais a pu s'adapter à un mode de vie totalement différent du sien. Ce voyage se transforme donc en une belle et extraordinaire histoire d'amour. L'Allemande va épouser un homme et sa cause. Elle prendra par la suite la nationalité algérienne qu'elle emportera avec elle jusqu'à sa tombe. La grande dame qui rendit l'âme en 1991 repose au cimetière de Bougaâ. Féru d'histoire, Saâd Taklit, n'étant autre que le fils du martyr Tayeb Taklit, l'un des 17 élèves de l'ex-collège Eugene Albertini, actuellement lycée Mohamed Kerouani, exclus de l'établissement pour avoir pris part à la marche du 8 mai 1945, rend à travers un style atypique, hommage à une grande et exceptionnelle dame. À la fois émouvant et captivant, le récit de Saad (lui aussi ancien élève de Kerouani) est une belle production littéraire, à lire absolument.