Beaucoup d'écrivains algériens ont immortalisé dans leurs œuvres batailles, hauts faits d'arme ou évènements tragiques qui ont endeuillé le peuple algérien pendant la guerre de Libération. C'est ce que vient de faire Saad Taklit, romancier, qui a publié aux éditions Dahleb un roman sous le titre « Djebel Tafat, Bougaâ, de 1830 à 1962, Histoire et légendes ». Il raconte ce que les citoyens de Bougaâ, son village natal, ont enduré depuis la colonisation de l'Algérie. L'auteur qui n'avait que six ans et demi au moment du déclenchement de la guerre se souvient toujours du sang et des larmes versés par un peuple innocent ainsi que des souffrances physiques et morales qui restent à jamais gravées dans la mémoire collective algérienne. Dans un style romancé, mais fluide et facile à comprendre, il témoigne de l'atrocité de faits authentiques, d'évènements qui se sont réellement produits à Bougaâ, dans la wilaya de Sétif. C'est en grande partie cela qui fait la force de ce roman, en plus, évidemment, du souci de l'écrivain de réaliser une œuvre romanesque en vue de la transmission de la mémoire et ce, dans une langue simple et de mots sans nuances. Dans ce livre remarquable, Taklit souligne le drame de toute une nation à travers ce que son village a subi durant la Révolution. Il relate l'histoire de la guerre de Libération nationale, en s'appuyant sur celle d'une famille et d'un douar. « Les faits que je relate dans mon livre et qui se sont produits dans mon propre village, pourraient avoir eu lieu dans d'autres bourgades du pays. C'est mon arrière-grand-père qui m'a raconté cette histoire », affirme-t-il, avant de préciser n'avoir pas eu recours, dans ce livre, à beaucoup d'imaginaire, son objectif n'étant pas l'écriture de l'Histoire. Dans ce roman plein d'informations historiques est consigné, avec des mots simples mais biens ciselés, tout un vécu, en sus des témoignages de certains acteurs de la guerre. Le romancier a, sans aucun doute, réalisé une œuvre de mémoire méritoire sans, toutefois, prétendre écrire l'Histoire ou être historien au sens classique du terme. M. Taklit estime qu'écrire « ce roman a été, pour lui, une nécessité impérieuse, parce ce qu'à travers son écriture il a pu transmettre la mémoire. Et d'ajouter : « La connaissance, par les futures générations, de notre histoire est, à mon avis, indispensable, pour la simple raison que beaucoup de jeunes algériens, qu'ils résident ici ou ailleurs, ne la connaissent pas ou peu ». L'auteur prépare, par ailleurs, un roman qui raconte l'histoire d'un couple algérien qui réside à l'étranger. L'écrivain affirme se référer à sa mémoire et à son propre passé pour l'évocation que la guerre. L'écriture de ce romancier s'inspire directement des évènements tragiques de la guerre. Né en 1948 à Bougaâ, à Sétif, Saad Taklit a fréquenté l'école primaire de son village natal avant de s'inscrire comme élève interne au lycée Mohamed Kerouani de la même wilaya. Il termine ses études universitaires, en 1972, à la faculté de droit et sciences économiques d'Alger. Djamel O. « Djebel Tafat, Bougaâ de 1830 à 1962, Histoire et légendes » de Saad Taklit, Editions Dahleb. 510 pages, prix public : 1000 DA.