En permettant d'amorcer le processus tant attendu de la stabilisation des prix du pétrole, dans le sillage de l'accord historique paraphé, le 28 septembre par l'Opep à Alger, l'Algérie peut envisager l'année 2017 avec l'espoir de compter sur un baril coté à plus de 50 dollars, voire 60 dollars vers la fin de l'année. Une perspective qui n'équivaut pas pour autant à une véritable éclaircie pour l'Algérie, qui doit composer avec les aléas de la crise économique, amorcée depuis 2014, dans le sillage de la chute des prix du pétrole. Une crise qui s'aggrave nettement, suite à la fonte des réserves de change et de l'épuisement du solde du Fonds de régulation des recettes (FRR). Dans ce contexte, l'amorce d'une courbe ascendante des cours de l'or noir devrait permettre, tout au plus, au gouvernement de limiter les dégâts pour les mois à venir, sans pour autant trouver les ressources nécessaires pour redresser une situation économique plutôt délicate. Ainsi, sans le matelas financier qui a permis, ces dernières années, au gouvernement de mener sa barque dans une relative sérénité, les remous à venir en 2017 et les années suivantes seront difficilement maîtrisables, au vu de la régression des recettes tirées des hydrocarbures et l'incapacité qui a été celle de l'Exécutif, de trouver un palliatif aux exportations des hydrocarbures. La diversification de l'économie a été sans cesse prônée dans le discours, sans qu'elle soit suivie dans les faits par des actions conséquentes à même d'assurer un décollage industriel et agricole pouvant générer des surplus de production à exporter. L'année 2016 s'achève au contraire avec de mauvais chiffres relatifs au déséquilibre de la balance commerciale qui affiche, selon le dernier bilan des Douanes, un creusement de plus de 26,5%, durant les huit premiers mois de 2016, atteignant 13,997 milliards de dollars, contre un déficit de 11,06 milliards de dollars à la même période de 2015. Les exportations d'hydrocarbures dominent toujours la structure des biens exportés avec 93,73% du total des exportations, alors que celles hors hydrocarbures demeurent toujours faibles avec moins de 6,3% du volume global des exportations, avec une valeur de 1,1 milliard de dollars contre 1,32 milliard de dollars (-16,4%) entre les deux périodes de comparaison. Les importations restent par contre vigoureuses, reculant avec à peine 4%, malgré les efforts du gouvernement. Celui-ci peine en fait à compresser une liste de biens importés dont la plupart sont nécessaires au fonctionnement de l'économie nationale trop dépendante des intrants achetés à l'étranger. Face à cette situation inconfortable, le gouvernement Sellal ayant peu de cartes à jouer, a donc préférer parer à l'urgence en choisissant, comme l'a souvent décrié l'opposition, «des solutions de facilité» consistant à puiser, via la loi de finances 2017, dans la fiscalité ordinaire, en augmentant les taxes et impôts, quitte à grever lourdement le budget des ménages. En présentant le projet de la loi de finances 2017 à l'Assemblée populaire nationale (APN), le ministre des Finances, Hadji Baba Ammi, avait signalé que celle-ci comprend «l'augmentation de la taxe ordinaire pour se libérer de la dépendance aux recettes pétrolières et garantir un financement optimal des investissements publics». Il a précisé, à ce propos, que le gouvernement veillait à rationaliser et plafonner les dépenses avec accroissement des recettes entre 2017 et 2019, dans le cadre d'une nouvelle optique à moyen et long termes et conformément à ce qui a été établi par le modèle économique. Pour 2017, il est attendu par ailleurs, une moyenne d'inflation de 4%, selon le ministre des Finances qui rappelle en outre que les dépenses publiques seront plafonnées aux alentours de 6800 milliards durant les trois prochaines années. La moyenne de croissance économique est estimée, quant à elle, à 3,9% dans le cadre des prévisions budgétaires pour l'exercice 2017 pour se situer à 3,6%, selon les estimations pour l'année 2018 et 4,3% en 2019. Evoquant les dépenses de fonctionnement, M. Baba Ammi avait précisé que la masse salariale diminuera de 60 milliards de dinars en 2017, pour passer de 2232 milliards de dinars à 2172 milliards de dinars. En calculant le reste des dépenses relatives aux subventions accordées aux administrations publiques et aux hôpitaux et autres, le coût des salaires atteindra 2730 milliards de dinars en 2017, selon le ministre. Par ailleurs, les transferts sociaux enregistreront une baisse de 11,4 % en 2017 par rapport à 2016 pour atteindre 1630,8 milliards de dinars (8,4% du PIB). Il est à noter que les disponibilités du FRR ont atteint 740 milliards de dinars fin juin dernier suite à des prélèvements évalués à plus de 1333 milliards de dinars et consacrés à la couverture du déficit budgétaire au cours du premier semestre de l'année 2016. Il est a rappeler que les principales mesures fiscales prévues dans la loi de finances 2017 concernent notamment l'augmentation de 2% de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et certaines taxes sur les constructions et les logements individuels, les autorisations foncières, le carburant et le tabac, certains produits dits de luxe et certaines activités de sociétés étrangères, outre une «taxe sur l'efficience énergétique» appliquée sur les appareils électroménagers à forte consommation énergétique.