Les deux institutions financières de Bretton Woods, la Banque mondiale (BM) et le Fonds monétaire international (FMI), ont, chacune de son côté, commenté le taux de croissance réalisé au cours des dernières années par l'Algérie. La BM, par le biais de son chef économiste du département MENA, Mustapha Nabli, a indiqué que « L'Algérie est le pays qui a enregistré la croissance la plus rapide dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA) ». L'Algérie a été citée en première position par le même expert en termes d'accélération de la croissance, devançant l'Iran et la région du Golfe. « La croissance dans ces pays a même dépassé les 7% en 2003 », a estimé M. Nabli, qui a animé une conférence de presse tenue en prévision de la tenue des assemblées annuelles du FMI et de la BM qui se tiendront aujourd'hui et demain à Washington. Abordant la région MENA en général, le même responsable, cité par l'APS, a fait remarquer que le taux de croissance y est passé de 2,8% entre 2000 et 2002, à 6% en 2003, en faisant constater que cette augmentation de la croissance a été enregistrée dans les pays pétroliers et non pétroliers. Selon ses estimations, le taux de croissance de la région se maintiendra également autour des 6% en 2004. Le FMI, pour sa part, a indiqué, dans son dernier rapport, que le taux de croissance du PIB de l'Algérie « demeurera relativement fort » en 2004-2005 et prévoit, en outre, une baisse des prix à la consommation. Une baisse qui devra être, note le rapport, ramené à 4,5% en 2005 contre 5,4% en 2004. Dans ce rapport intitulé « Perspectives économiques mondiales » (World Economic Outlook), publié mercredi dernier, le FMI évalue, en revanche, le taux de croissance en Algérie à 4,4 % en 2005 contre 4,5 % en 2004. Un taux qui reste, faut-il le souligner, en deçà des prévisions algériennes. Le ministre des Finances, Abdelatif Benachenhou, qui a tenu une conférence de presse la semaine dernière, prévoit un taux de croissance de l'ordre de 5,1% en 2004 et 5,2% en 2005. L'argentier du pays a relevé cependant que le rythme soutenu de la croissance en Algérie pour les trois prochaines années sera tiré principalement par le secteur des hydrocarbures. Pour la balance des comptes courants, le FMI table sur une nette augmentation à 15,2% du PIB l'année prochaine contre 13,1% en 2004. Selon les chiffres prévisionnels du FMI, la balance des comptes courants de l'Algérie sera, à l'instar des trois dernières années, la plus élevée au niveau du continent africain. A titre comparatif, la balance des comptes courants sera de -2,1% en Afrique du Sud, de +1,7% au Nigeria, de -3% en Tunisie et de -1,3% au Maroc. Par ailleurs, le chef économiste de la région MENA à la BM a souligné également que l'importante croissance enregistrée dans la région s'est traduite par la baisse du chômage, en citant également le cas de l'Algérie et de l'Iran. Cependant, a-t-il fait remarquer, la question de l'emploi reste le défi principal de cette région qui doit créer 100 millions d'emplois durant les vingt prochaines années. En outre, la force de travail va croître à hauteur de 3,5% par an. Le taux de chômage est passé de 15% en 2002 à 13,5 % en 2003, selon ses chiffres. M. Nabli a toutefois affirmé qu'avec cette importante croissance enregistrée, cela ne signifie pas que la région soit entrée dans un processus à long terme de hausse de la croissance. En outre, il a émis des craintes que cette croissance réalisée amène les pays de la région à délaisser quelque peu les réformes engagées. Pour lui, cette conjoncture doit être mise à profit pour approfondir les réformes.