Les festivals algériens auront été marqués en 2016 par une réorganisation de la feuille de route de ces manifestations culturelles, des restrictions budgétaires et un bouleversement du calendrier. Tout comme l'année précédente, 2016 s'est caractérisée par le démarrage tardif des festivals institutionnalisés, lesquels ont été organisés en juillet, au lieu du mois de mai, habituellement, après des réaménagements qui ont entraîné l'annulation de plus de la moitié d'entre eux. Ainsi, sur un total de 186 festivals, seuls 77 ont été maintenus. A l'instar du Salon international du livre d'Alger, du Festival de Annaba du film méditerranéen, du Festival international de la bande dessinée d'Alger, ou encore celui de la musique symphonique et celui de la musique andalouse et des musiques anciennes, une dizaine d'événements culturels, très attendus par le public, ont tous été organisés durant le dernier trimestre de l'année 2016, pour ainsi se chevaucher. Initialement prévues en mai, d'autres manifestations culturelles, à l'exemple du Festival national de musique diwan, ou encore du Festival du théâtre professionnel (Fntp), ont été repoussées à septembre et novembre, respectivement, alors que Dimajazz, l'événement culturel phare de Constantine, a été différé à novembre, une date qui a coïncidé avec la tenue d'autres événements. Pour la deuxième année consécutive, le Festival international des arts de l'Ahaggar, seule manifestation internationale se tenant dans le Grand Sud algérien et dédiée à la région du Sahel, a été annulé, au même titre que l'édition 2016 du Festival de la chanson châabie. Cette révision a également touché le Festival international de musique diwan, devenu biennal, le Festival international des arts contemporains, reporté, le Festival international de la danse contemporaine et celui du livre de jeunesse, tous reportés à l'année 2017, selon les organisateurs. Par ailleurs, des restrictions substantielles on été opérées sur les budgets alloués à la plupart des manifestations culturelles : le budget du FNT a baissé de «90%, passant de 50 à 5 millions de dinars», selon son commissaire, Mohamed Yahiaoui, tout comme celui de la musique diwan, qui a connu une «baisse de plus de 25%», ou encore le budget du Festival international du théâtre de Béjaïa «réduit de 50%», selon son organisateur, Omar Fetmouche. Le FICA (Festival international du cinéma d'Alger) n'a, pour sa part, reçu «aucune subvention de la tutelle», indiquait sa commissaire, Zehira Yahi, au même titre que celui de la musique andalouse et des musiques anciennes, organisé, selon son commissaire, «avec le concours d'opérateurs économiques». Le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, avait indiqué à plusieurs occasions que «la situation économique actuelle ne permet pas à l'Etat de financer tous les événements et toutes les productions», alors qu'il avait annoncé un financement à hauteur de «40% sur les reliquats du budget 2015», en plus d'avoir encouragé l'implication des acteurs économiques privés dans le financement de la culture. Engouement pour l'associatif Regrettant l'annulation, ou le report, d'événements culturels à des dates «inadéquates», dans le Sud notamment, des observateurs de la scène artistique ont réitéré leur appel à une «meilleure maîtrise» du calendrier, insistant sur un «couplage avec les saisons touristiques», maintes fois évoqué par les pouvoirs publics. Malgré un changement de calendrier, le 14e Dimajazz, organisé en novembre par l'association Limma, et le 13e festival Raconte-Arts, organisé en juillet à l'initiative de la Ligue des arts cinématographiques et dramatiques et des comités de village, se sont fait remarquer par l'affluence remarquable du public. Organisé difficilement avec un retard de cinq mois, le Dimajazz — fondé par l'association Limma en 2003 et institutionnalisé six ans plus tard — a réussi le pari de la continuité en attirant, en 2016, une moyenne de plus d'un millier de spectateurs par soirée, malgré une augmentation de plus de 100% des tarifs d'accès. De la même façon, le festival itinérant, Raconte-Arts, a tenu la gageure, sans aide publique, en rassemblant près de 300 festivaliers, entre artistes et hommes de lettres, dont une soixantaine de participants en provenance d'une dizaine de pays arabes et d'Europe. Durant ce festival, pas moins de 15 000 visiteurs ont afflué au village de Souamaâ (Tizi Ouzou) pour assister aux spectacles, aux rencontres et aux 25 ateliers d'initiation aux diverses disciplines artistiques. Plusieurs autres manifestation locales, théâtrales ou cinématographiques, pour la plupart, ont également vu le jour cette année, à l'initiative d'associations culturelles activant dans plusieurs villes du pays.