La mutinerie menée vendredi par les militaires pour obtenir des revalorisations salariales a fait boule de neige en Côte d'Ivoire. Les fonctionnaires ont, à leur tour, déclenché hier un vaste mouvement de grève de cinq jours pour dénoncer une réforme des retraites en Côte d'Ivoire qui baisse les pensions de 30 à 50% et réclamer une hausse de leurs salaires. La grève touche tous les secteurs. Les grévistes protestent contre une réforme intervenue en 2012, mais dont les premiers effets se sont véritablement fait sentir en 2016 avec la mise à la retraite de fonctionnaires touchés par la loi. Cette réforme fait passer l'âge de la retraite de 55 à 60 ans, voire 65 ans pour les grades les plus élevés. Les cotisations augmentent de 6 à 8,33% du salaire, alors que les pensions ont été réduites de 30 à 50% selon les catégories. La plateforme des organisations professionnelles du secteur public, regroupant 50 syndicats de la Fonction publique, à l'origine de cette grève, réclame aussi le «paiement des arriérés des revalorisations salariales d'un montant global de 243 milliards de francs CFA (environ 371 millions d'euros) et le respect des libertés syndicales» dans le pays. Les grévistes disent souhaiter «des réponses immédiates» à leurs revendications, malgré une proposition du gouvernement d'organiser en février prochain un forum pour débattre de ces problèmes. «La plateforme considère ce forum comme une manœuvre dilatoire», a affirmé son président, rappelant que la première grève de trois jours organisée en novembre de l'année dernière n'avait pas abouti à la «satisfaction de leurs revendications». L'administration ivoirienne compte plus de 200 000 fonctionnaires, selon les chiffres officiels. Cette grève des fonctionnaires intervient au lendemain de la conclusion d'un accord entre le gouvernement et les militaires ivoiriens, dont la mutinerie a paralysé pendant deux jours Bouaké, la deuxième ville de la Côte d'Ivoire, et gagné Abidjan. Cette mutinerie a semé la peur au sein de la population dans la capitale de l'ex-rébellion du Nord (2001-2011). Cet accord a été scellé à l'issue d'une longue rencontre entre le ministre de la Défense, Alain-Richard Donwahi, et des mutins, qui réclamaient le paiement de primes, des augmentations de soldes, une promotion plus rapide entre les grades et des logements. Des militaires en colère avaient cependant empêché le ministre et sa délégation de quitter la résidence du sous-préfet en tirant des rafales de kalachnikov et à l'arme lourde. Cet épisode, qui a plongé la Côte d'Ivoire dans l'incertitude, a coûté la tête du Premier ministre Daniel Kablan Duncan. Le président ivoirien, Alassane Ouattara, a d'ailleurs accepté hier sa démission et celle de son gouvernement. Dans la foulée, Alassane Ouattara a signé deux autres décrets, dont l'un mettant fin aux fonctions des ministres d'Etat et des ministres à la présidence de la République et l'autre mettant fin aux fonctions des conseillers spéciaux à la Présidence.