Le gouvernement ivoirien a lancé vendredi un appel au calme à la suite d'un mouvement de protestation de militaires qui a éclaté dans plusieurs villes de la Côte d'Ivoire, pour réclamer notamment «le paiement de primes». «Dans la nuit du 5 au 6 janvier 2017, aux environs de 0h30, un groupe de militaires a fait irruption à l'état-major de la 3e région militaire (de Bouaké) en faisant usage d'armes à feu», a déclaré le ministre de la Défense, Alain-Richard Donwahi, dans un communiqué lu à la télévision nationale vendredi à la mi-journée. Le ministre a appelé «tous les soldats (à) garder leur calme et (...) rentrer dans les casernes, en vue de permettre la recherche de solutions durables pour l'ensemble des composantes des Forces Armées de Côte d'Ivoire». Selon lui, les revendications de ces soldats portent notamment sur le paiement de primes, les augmentations de salaires et une promotion plus rapide entre les grades. Vendredi dans la matinée, le gouvernement a réuni un Comité national de crise, selon une source proche du ministère ivoirien de la Défense. Les troubles ont d'abord commencé à Bouaké avant de s'étendre à la mi-journée aux villes de Daloa et Daoukro, dans le centre, et Korhogo dans le nord. Selon des correspondants de presse, des tirs à l'arme lourde ont résonné toute la matinée à Bouaké, deuxième ville de Côte d'Ivoire, dont les militaires mutins ont pris le contrôle, après avoir attaqué des commissariats de police. «C'est une mutinerie des ex-combattants intégrés dans l'armée qui réclament des primes de 5 millions FCFA (7 600 euros), plus une maison chacun», a expliqué un officier cité par des médias. «Nous réclamons non pas 5 millions de FCFA mais plutôt 10 millions chacun, plus une villa (...) Le cas échéant, nous ne regagnerons pas les casernes», a dit un autre soldat. Les villes affectées paralysées A Bouaké, les soldats ont «cassé la poudrière du camp du 3e bataillon» le plus important de la ville, «c'est de là qu'ils ont sorti les lance-roquettes et d'autres armes montées sur des pickups», a expliqué un officier cité par des médias. «C'est vers 03h du matin (03h GMT) que des militaires sont arrivés au commissariat du 1er arrondissement situé au quartier Sokoura où ils ont désarmé les policiers présents et emporté des kalachnikov», a indiqué de son côté un responsable de la police locale. De plus, les militaires ont attaqué la préfecture de police et les sept commissariats de Bouaké et dressé des barricades au centre-ville, coupant toute circulation, selon des correspondants de presse sur place. Face à ces incidents, les écoles et commerces étaient tous fermés à Bouaké, ancienne capitale de la rébellion qui contrôlait le nord du pays lorsqu'il était coupé en deux entre 2002 et 2011. Cette rébellion était favorable à l'actuel président Alassane Ouattara, alors que le sud du pays était tenu par les forces loyales à l'ex-président Laurent Gbagbo. A Daloa, grande ville du centre-ouest, «des militaires à moto sillonnent la ville en tirant en l'air», selon des habitants tandis qu'à Korhogo, un militaire a indiqué que «le mouvement de révolte est observé dans cette ville. Des rues ont été occupées par les soldats». En début d'après-midi, la contestation a également gagné Daoukro (centre-est), fief de l'ex-président Henri Konan Bédié et grand allié du président Ouattara. Pour rappel, en novembre 2014, une vague de protestation de soldats était partie de Bouaké pour s'étendre à Abidjan, la capitale économique, et d'autres villes du pays.