Pour faire partie du cercle des pays hautement respectés dans tous les domaines et bien classés par les différentes organisations non gouvernementales, il faut que partout dans le pays, on retrouve une bonne gouvernance doublée d'un dispositif de contrôle efficace évoluant dans la transparence. Cette standardisation peut paraître irréalisable lorsqu'on voit les scandales financiers et autres qui secouent toutes les sphères de la gouvernance aussi bien publique que privée. Au commencement, la gouvernance est apparue pour certains esprits mal préparés comme une fin, il suffisait de mettre la forme, créer des organes, les pourvoir en effectifs, programmer des réunions, consigner les conclusions des envolées lyriques dans des procès-verbaux en prenant soin de les enrober en forme de résolutions pour se donner bonne conscience et quitter les lieux avec la conviction d'avoir accompli son devoir. Les vrais problèmes générés par le non-respect des règles de gouvernance sont la plupart du temps occultés et évacués de la sphère décisionnelle pour moult raisons dont le facteur temps. Les sujets qui fâchent s'accumulent et la gouvernance formelle se fragilise et devient vulnérable à la moindre secousse. La réaction n'est pas toujours appropriée et au lieu d'extirper le mal en incisant là où il faut, on se focalise sur ce qu'il ne faut pas en attendant que l'orage passe. Seulement dans la foulée, on a oublié que la transposition d'un modèle aussi parfait soit-il dans une configuration qui ne lui est pas dédiée naturellement ne prospérera pas surtout que ni l'état d'esprit ni le comportement des acteurs n'ont été préparés pour nourrir cette gouvernance, en l'absence d'intérêt. La bonne gouvernance n'est pas uniquement affaire de règles, elle est aussi et surtout par les temps qui courent affaire d'éthique et donc de confiance. On définit généralement la gouvernance d'entreprise comme l'ensemble des processus, lois et institutions commandant la manière dont l'entité est dirigée, administrée et contrôlée. La gouvernance inclut aussi les relations entre les nombreux acteurs impliqués et les objectifs qui gouvernent l'entreprise. Les acteurs principaux sont les actionnaires, la direction et le conseil d'administration. Les autres parties prenantes incluent les employés, les fournisseurs, les clients, les banques ou autres prêteurs, le voisinage, l'environnement et la communauté au sens large. Les années 90 constituent la référence en matière de recherche des meilleures pratiques de la gouvernance en raison des fraudes et des scandales qui s'étalent durant cette décennie. Le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz les décrit comme les "Roaring Nineties" en référence aux "Roaring Twenties" (les "Années Folles" qui ont précédé le krach de 1929). Les "Bulles spéculatives" et les dérives en tout genre se multiplient et conduisent à un niveau très élevé de la rémunération des dirigeants d'entreprise (en particulier de leur partie variable adossée à des stock-options) devenus les "agents" des actionnaires. Et même s'ils sont alliés avec les propriétaires, la tentation est grande de faire passer ses intérêts privés avant ceux de la société (affaire Vivendi…). En plus avec l'introduction de nouveaux instruments financiers et de nouvelles techniques comptables qui (pour simplifier à l'extrême) permettent de ne pas comptabiliser ou de ne pas montrer l'étendue réelle de l'endettement de l'entreprise (déconsolidation des actifs), la tentation est grande de les utiliser pour que les résultats de la société soient améliorés, le cours de bourse haussier et les stock-options d'autant plus rémunérateurs (affaire Enron aux Etats-Unis, Parmala en Italie… ) Une déréglementation, en particulier dans le secteur bancaire, qui en assouplissant les règles affaiblit les mécanismes institutionnels de contrôle ; et pour tout dire, un certain relâchement dans l'éthique des classes dirigeantes (le puritanisme qui fit les beaux jours du capitalisme américain et l'éthique protestante associée avec l'esprit du capitalisme sont alors clairement en berne). Cette éthique est devenue cynique lorsque des analystes financiers de banques d'investissement de renom se mirent à vanter au public les qualités d'actions qu'ils jugent en interne pourries. Tout cela mène à des abus, des scandales et à une crise de confiance puisqu'on ne respecte plus rien. Et ce processus s'il continue à être alimenté régulièrement par toutes ces mauvaises pratiques mettra fatalement en cause la sécurité financière. La nécessité de redonner confiance à tous les acteurs s'est imposée d'elle-même et l'on assiste alors à un durcissement des règles de gouvernance et particulièrement du contrôle aussi bien en interne qu'en externe. Les institutions de contrôle se renforcent et la transparence s'érige en principe constitutionnel. A une échelle beaucoup plus petite, nous vivons nous aussi tous ces phénomènes consécutifs à l'absence d'éthique dans la gestion des affaires confortée par le non-respect des quelques règles de gouvernance qui encadrent l'action des institutions. Quand verrons nous la gouvernance rimer avec le contrôle et la transparence ? Les affaires en cours constituent un bon indicateur pour confirmer la convergence vers le respect des règles de bonne gouvernance. Reste l'éthique.