Pour lui, il y a une impérieuse nécessité de promouvoir les capacités nationales. Une analyse du sport loin des convenances et des schémas classiques. Un sourire et une courtoisie toujours remarquables sans pour autant altérer la fermeté de ses convictions. Connu pour être un redoutable tribun, Hamid Oussedik nous entraîne dans une analyse du sport national qui nous éloigne des faux problèmes et des habituelles «chicayattes». Rappelez-vous, Hamid Oussedik est ce brillant cadre de la jeunesse et des sports (directeur national de la jeunesse, inspecteur général, SG et 1er président élu du Conseil national des sports) qui, abandonné par les autorités de son pays lors des élections, en 1992, au poste de SG, du Cssa, refusera de plier et s'en ira mettre sa compétence au service de l'organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture. Ceux-là mêmes qui l'ont poussé à accepter d'être candidat, au nom de l'Algérie, le laisseront en rade à Tunis, au point qu'un journal parlera d'une candidature orpheline. Feu Saïd Mekbel lui consacrera une chronique incisive pour dénoncer un tel gâchis. Habib Ben Ali, reporter sportif de la TV, présent à Tunis, exprimera sa révolte à l'antenne. Un membre du gouvernement de l'époque, chantre aujourd'hui de la liberté de la presse, avait exercé des pressions et demandé avec insistance son renvoi de l'émission sportive de l'Entv. L'humilité et la disponibilité de Hamid Oussedik ne peuvent nous faire oublier qu'il est, aujourd'hui, l'une des personnalités les plus connues et respectées, au niveau mondial, par les principaux décideurs sportifs. Les actions qu'il a personnellement initiées ont redonné un remarquable rayonnement à l'action de l'Unesco. Les ministres des Sports des Etats membres l'ont, à plusieurs reprises, félicité, fait inhabituel, par des motions adoptées à l'unanimité. Parmi quelques-unes de ses actions, citons notamment la Convention internationale contre le dopage, le projet d'une charte internationale pour la promotion et le développement des jeux et sports traditionnels, la réunion au siège de l'Unesco du groupe d'étude mis en place par le SG de l'ONU, avec pour mission «de générer un meilleur soutien des gouvernements et des organisations sportives pour les actions sportives en tenant compte des objectifs du millénaire, la Conférence mondiale, le sport et l'éducation pour une culture de la paix (1999), l'organisation annuelle, depuis avril 2002, de la course de l'Unesco à la veille du marathon de Paris et enfin de multiples expertises en Afrique, en Amérique latine et auprès du Conseil de l'Europe. Laissons-lui la parole et découvrons avec lui une certaine vision du sport replacé dans le contexte international en perpétuelle mutation. L'Expression: Compte tenu de votre expérience de responsable du programme éducation physique et sport des Nations unies, quel regard portez-vous sur le sport national en ces temps de mondialisation? Hamid Oussedik: A l'instar de toute la communauté internationale, notre pays connaît une phase historique d'une très grande importance. Nous vivons une période de mondialisation économique et de diffusion de nouvelles technologies de plus en plus actives: en un mot, une période de profond changement et de grandes mutations mondiales. Nous voyons sous nos yeux les effets de la mondialisation ébranler le statu quo en générant d'énormes convulsions économiques, sociales, culturelles et, par conséquent, politiques. Des gouvernements faibles, des économies retardataires, différents intégrismes religieux et la poussée de la jeunesse se conjuguent de plus en plus dans certaines régions du monde pour créer «une dynamique de tempête». Durant les prochaines années, l'ordre international va connaître une période de mutations sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale. Un tel contexte combiné aux interférences et turbulences que subissent cycliquement les instances sportives nationales exige de toute urgence un vaste programme de remise en ordre, de rénovation et de promotion du sport national. La question qui se pose est de savoir si toutes les parties sont prêtes à mener une telle réflexion et à unir leurs forces pour prendre les décisions qui s'imposent en vue d'adapter le mouvement sportif national à ces changements. Vaste programme que celui de la mise à l'ordre du jour d'une restructuration du système national sportif, qui pour être mené à bien, nécessite d'abord un large et confiant partenariat. Ce pacte, à base de respect mutuel, doit concrétiser un double engagement : celui du gouvernement à reconnaître et à soutenir l'institution sportive et celui de l'institution sportive à être l'acteur principal de sa refondation et à accepter au nom de sa transparence et de son efficacité un contrôle généralisé. C'est à ce niveau que se posent les véritables problèmes et que des réponses précises se font attendre. Une telle action ne manquera pas d'influer positivement, non seulement sur le développement du sport national, mais également sur l'expression d'une image d'une Algérie apaisée, de progrès et de modernité. Pour ce faire, pensez-vous que nous avons l'encadrement nécessaire et suffisant? Face aux effets de la mondialisation dans le secteur des sports comme dans tous les autres secteurs de la vie nationale, l'idée de base est fondée à travers le monde, sur l'impérieuse nécessité de promouvoir les capacités nationales par la valorisation, en priorité, du capital humain. Tout développement national ne peut se faire que sur la base des ressources humaines nationales. Il n'est point besoin d'ajouter que la contribution des cadres nationaux à l'étranger est une valeur ajoutée inestimable pour l'accélération du processus de croissance et de développement durable. L'assistance technique étrangère ne peut avoir une place utile que dans la mesure où elle remplit une fonction de complémentarité et non de substitution. Des pays émergents, comme la Chine, l'Inde et le Brésil, bénéficient de plus en plus d'un capital humain de haut niveau de compétitivité qui les projette aujourd'hui, au premier rang de la croissance mondiale en général, et sportive en particulier. Le mouvement sportif national est-il, actuellement, soutenu et encouragé pour inscrire sa réflexion et repenser sa réorganisation et ses objectifs dans le cadre de l'évolution actuelle du monde? Une telle approche impose une sérieuse réflexion pour essayer d'apporter des réponses à un certain nombre de questions fondamentales. Quelle place pour l'Algérie dans le nouvel ordre sportif mondial en gestation? Comment être compétitif dans le cadre de l'interdépendance qui résulte de la mondialisation? Comment le mouvement sportif national doit-il s'adapter? Avec quelle stratégie et quels moyens? Que peuvent apporter les nouvelles technologies dans le développement du sport national? Quelle place et quel rôle pour le mouvement sportif national face aux profonds changements et aux constantes mutations? Vous conviendrez avec moi que ces questions, et certainement tant d'autres méritent une sérieuse réflexion et des réponses claires. Si l'on veut déboucher sur des décisions susceptibles d'apporter les corrections et les améliorations souhaitées et les redressements nécessaires. Ces quelques points rapidement soulevés, comment ne pas être pleinement d'accord avec votre pertinente question relative à l'encadrement nécessaire et suffisant? Plus qu'à une réponse chiffrée ou à une simple évaluation, votre question appelle une analyse plus large et globale de la situation actuelle de la formation et de l'encadrement dans le système national de l'éducation physique et sportive. A-t-on procédé à une évaluation de tout le système de la formation et particulièrement des produits de la formation? Quels sont les profils actuels? Ont-ils connu une évolution? Quelle adéquation avec les réalités du terrain? Avons-nous un système hardi de remise à niveau, de recyclage et de spécialisation des personnels? Les cadres qui existent sont-ils utilisés de façon rationnelle et dynamique? Sont-ils associés à la définition des objectifs et des moyens de réalisation? Soyons sérieux! Comment demander des résultats, voire des miracles, à l'élite sportive algérienne dans le cadre d'un système qui méconnaît de plus en plus la dimension scientifique du sport? En l'absence d'un système cohérent, organisé, évalué et réadapté sans cesse, nous n'aurons et au mieux que quelques météorites. Le problème est que, sous n'importe quels cieux, les météorites ne durent jamais longtemps. Voyez-vous, sous toutes les latitudes, l'on ne peut s'inviter dans ou encore moins durer dans les rangs de la réussite et du progrès par simple effraction ou «El haffa»! A travers le monde, la substitution des ressources humaines hautement qualifiées aux ressources naturelles constitue, aujourd'hui, la clé de tout processus de développement durable. Il existe dans notre pays une élite, produit de nos instituts, dont le niveau intellectuel et technique, la méthodologie et les règles de gestion scientifique sont indispensables à l'organisation moderne du sport, particulièrement de haut niveau. Commençons, d'abord, par faire le point sur l'ensemble des cadres qui existent tant au niveau national qu'à l'étranger et leur utilisation actuelle. Faisons-leur confiance en les écoutant, en respectant leur travail et en les associant effectivement à la refondation du sport national. Une telle démarche ne peut s'accommoder des actions conjoncturelles dont le souci principal est le «flash médiatique». Comment retrouver le moral et sortir des mauvais résultats sportifs, particulièrement du football? Tout simplement par un travail mûrement réfléchi, sérieusement organisé et planifié dans le temps. Il faut, en un mot, commencer par bannir la traditionnelle course aux résultats immédiats et conjoncturels. Quelles que soient la place et l'importance du football, il est impératif de rappeler que c'est tout le système des pratiques physiques et sportives qui est à la croisée des chemins. Retarder un diagnostic rigoureux, manquer de stratégie et d'objectifs clairs et précis autour desquels tous les acteurs, sans exclusive, se sentiront partie prenante et solidaires, c'est accepter de confiner et de désarticuler le mouvement sportif national par d'incessantes luttes de factions et d'appareils nourries par un discours populiste et d'interminables «chicayattes». La situation actuelle n'est pas acceptable! Chacun peut mesurer, à loisir, les menaces qui pèsent sur le mouvement sportif national et l'urgente nécessité pour l'ensemble de la famille sportive, pratiquants, éducateurs, entraîneurs, dirigeants, supporters et journalistes sportifs de s'unir pour mener une réflexion et une analyse à la mesure des défis et des attentes du moment. Cette approche devrait déboucher sur un véritable plan de rénovation et de développement des activités physiques et sportives dans notre pays. Ce plan, fruit d'une large concertation de l'ensemble des partenaires, dans le respect de leur diversité et de leurs mandats respectifs, devra être une véritable charte de référence de laquelle se puiseront les lignes d'action et les points de repère pour la décennie à venir. Faut-il encore que les forces qui participent cycliquement à la marginalisation des compétences et à la glaciation des initiatives finissent par comprendre qu'il est de la plus haute importance que la refondation du sport national soit en adéquation avec l'évolution du monde. Pour revenir au football, et comme l'a rappelé à plusieurs reprises M.Blatter, président de la puissante Fifa, «le football est la première religion dans le monde du sport» et ne peut laisser, à ce titre, indifférentes toutes les forces sociales et politiques. C'est pour cela qu'il appartient, à mon humble avis, en premier lieu aux pouvoirs publics de rassembler et d'unir toutes les bonnes volontés; pour que chacun, et chacun selon ses compétences, participe et aide à reconstruire le sport national et particulièrement le sport roi. Là également et comme pour la formation, peut-on parler de refondation du football national tout en continuant à se passer de la riche et passionnante expérience de l'équipe du FLN? Son immense «back-ground» aurait pu compléter grandement le produit de nos centres de formation. La symbiose entre la théorie et la fabuleuse expérience de cette équipe n'aurait pas manqué d'enrichir grandement nos formateurs et l'encadrement national en général. Comment parler de refondation du football sans associer, non seulement, les immenses talents de l'équipe du FLN, mais également un certain nombre de formateurs que nous envient beaucoup de pays? D'arbitres consacrés et respectés au niveau continental et international? D'anciens pratiquants au talent reconnu et qui se sont imposés dans le gotha mondial? Comment peut-on sérieusement réduire les problèmes du football national à la simple recherche d'un entraîneur étranger ou à la simple application ou non d'un certain nombre d'articles, d'un décret, aussi contestables soient-ils? Les questions sont ailleurs! A quand un véritable statut pour l'ensemble des acteurs du mouvement sportif national? Pour éviter que n'importe qui fasse n'importe quoi et n'importe comment! A quand un véritable contrat d'objectifs et de moyens préparé dans le cadre d'un réel partenariat? Un contrat qui définit les objectifs, fixe les résultats et les voies et moyens d'y parvenir. Comment expliquer, à ce jour, l'absence d'un collège et d'un statut national pour les entraîneurs? D'une direction technique nationale bénéficiant de réels moyens d'action et de relais efficaces? Comment prétendre à une évolution positive du football national lorsque l'on constate la déplorable situation des jeunes catégories et l'absence de centres de regroupement et de formation dans la majeure partie des clubs que des sélections nationales? Quelle est la place de la médecine du sport et des contrôles obligatoires? A quand un cahier des charges obligatoire pour toutes les équipes admises parmi l'élite nationale? Est-il besoin de plaider la mise en place d'un réseau d'information et de coordination entre la FAF, ses différentes instances, les clubs, les instituts de formation, le Centre national de médecine sportive...? C'est à ce prix que nous pouvons prétendre à une évolution positive et durable. Connaissant personnellement un certain nombre de militants du sport qui n'ont jamais marchandé leur disponibilité ni leur engagement et compétence, j'ai la conviction que le mouvement sportif national a suffisamment de ressources, de lucidité et de courage à même de lui permettre d'assumer les actions nécessaires à son redressement, à sa valorisation et à sa crédibilité. Le président de la République avait rappelé, lors de l'une de ses interventions : « Ensemble, nous pouvons aller de l'avant, nous pouvons développer notre pays, nous pouvons vaincre la misère et l'exclusion. Ensemble, nous pouvons construire une Algérie forte et digne. » C'est également à ce prix que le sport national pourra se rénover avec succès. Vous parlez d'un contrat d'objectifs et de moyens; pensez-vous que le MSN bénéficie de moyens nécessaires à son développement? Permettez-moi de rappeler, d'abord, par quelques exemples que le sport est une affaire qui prend de plus en plus d'importance dans le monde. En 2000, on a évalué dans l'industrie, aux USA, le produit national brut sportif à 121 milliards de dollars. Son importance est telle que la population américaine dépense plus pour les sports que pour s'éduquer, voyager ou s'habiller. En Europe, la valeur des 18 équipes de football, les plus importantes pouvant intégrer la superligue en gestation (G14) est évaluée à deux milliards et demi d'euros. Pour l'exercice clos au 30 juin 2005, les revenus du Real de Madrid se sont élevés à 275 millions d'euros. Après le rachat de David Beckham à 35 millions d'euros, le Real de Madrid a vendu en quelques semaines pour plus d'un million d'euros de maillots à son effigie. Une tournée de quinze jours en Asie, où Beckham est populaire, a ramené au Real 8 millions d'euros. Cette équipe possède 90.000 supporters membres du club et 258 millions de supporters à travers le monde. Pourtant, malgré sa galaxie de vedettes mondiales, le Real n'a gagné aucun titre depuis 2003. Les spécialistes notent que c'est là le résultat d'une idée commerciale qui a relégué le sport proprement dit à un rôle secondaire. L'argent et les stars ne forment pas toujours la meilleure équipe et ne sont pas toujours synonymes de réussite sportive. Même professionnalisé, le sport n'est pas une simple marchandise. Il conserve une singularité qui en fait tout son prix. Qu'en est-il de la situation dans les pays comme l'Algérie? En règle générale, les pays en développement affrontent un manque de ressources qui handicapent l'épanouissement de leurs différents secteurs sociaux. Les financements doivent satisfaire, en priorité, les besoins immédiats et urgents de la société. C'est pourquoi, les subventions gouvernementales affectées au sport sont en général largement inadaptées; d'autant que l'insuffisance de leur montant n'est pas compensée, sauf à de rares exceptions, par des moyens privés. Le manque de ressources signifie une organisation et une administration sportives souvent déficientes, entraîne un manque et une mauvaise maintenance des installations sportives, l'absence d'équipements pour la pratique de certains sports et enfin affecte le type d'éducation sportive proposé et les possibilités pédagogiques et formatrices. Ces quelques remarques montrent combien il est important de veiller à une utilisation rationnelle et rigoureuse des moyens disponibles. Les responsables des différentes instances sportives doivent concevoir leur mission comme celle d'un véritable chef d'entreprise, compte tenu de la modicité des moyens dans nos pays, le dirigeant doit être un véritable éducateur doublé d'un bon gestionnaire. De façon générale, il est reconnu que le sport, particulièrement de haut niveau, coûte cher et que son coût augmente plus rapidement que le nombre de pratiquants. C'est pour toutes ces raisons que la décision de favoriser son développement relève d'abord d'un choix du pouvoir politique. N'est-ce pas le pragmatisme américain qui énonce: «Qui paie, commande»? Il ne faut pas s'étonner, dans ce cas, que l'Etat qui est le principal pourvoyeur de fonds exige un contrôle rigoureux. Un contrôle qui ne soit pas l'affirmation d'un pouvoir bureaucratique, mais l'émergence d'un mécanisme de suivi et de nouvelles modalités de concertation qui permettent à l'ensemble des partenaires de se concerter et d'agir dans le respect de leurs mandats spécifiques. Il ne s'agit pas de focaliser notre attention sur seulement l'importance des subventions, mais également sur les capacités de prévision et d'utilisation des ressources par les différentes institutions sportives. La priorité à la gestion des moyens doit peu à peu céder la place à la gestion des résultats. C'est ainsi que nous parviendrons à la mise en place d'un système de gestion moderne en adéquation avec les pratiques universelles. Nous avons récemment célébré la Journée internationale de la femme, qu'en est-il de la «femme et le sport»? La femme et le sport est une histoire aux racines souvent méconnues. Savez-vous que dans la Grèce antique, les femmes n'avaient même pas le droit d'assister comme spectatrices aux Jeux olympiques? La question de l'égalité hommes-femmes se pose encore de nos jours avec une réelle acuité dans le domaine du sport. Il s'agit d'un véritable sujet de société. De nombreuses organisations internationales telles que l'Unesco et le CIO ont uni leurs efforts pour lutter contre la discrimination et l'exclusion qui s'opposent à tout progrès en faveur de l'équité et de l'égalité. De façon générale, la charte internationale de l'éducation physique et du sport adoptée par tous les Etats membres de l'Unesco, la charte olympique, un grand nombre d'instruments juridiques tant internationaux que nationaux précisent que l'accès aux installations et aux activités sportives doit être assuré sans discrimination. En 1992, aux JO de Barcelone dix-huit pays musulmans n'ont envoyé que des délégations masculines. La commission des droits de l'homme des Nations unies a été saisie de cette mesure discriminatoire par Mme Attalah Soulah de la Ligue tunisienne des droits de l'homme. Cette saisine sera relayée par la Grèce et «Atlanta plus». Pourtant rappelez-vous combien les victoires de la Marocaine Nawel El Moutawakil en 1984 aux JO de Los Angeles, de la pentathlète syrienne Ghada Soula et de la nageuse égyptienne Ramia El Wami ont été ressenties comme une victoire de toutes les musulmanes. Les menaces de mort proférées à son encontre n'ont pas empêché notre compatriote Hassiba Boulmerka de participer aux JO de Barcelone et de remporter la médaille d'or au 1 500 mètres. Sa détermination, son courage et son succès ont été salués avec admiration tant au niveau national, qu'international. Dans nos pays, la discrimination est un phénomène à facettes multiples et parmi ses sources, les préjugés, les stéréotypes, les différences culturelles, l'absence d'interrelation entre les divers groupes peuvent souvent en être à l'origine. Les tentatives d'exclusion de la femme de la pratique sportive est également le fait d'intégristes qui estiment que cette pratique est illicite. Je me rappelle d'une conférence sur «l'Islam et le sport» et à laquelle j'avais invité, en tant que président du Conseil national des sports, cheikh Nahnah et cheikh Bouslimani (que Dieu ait leurs âmes). Lors de cette conférence, les deux cheikhs ont apporté un démenti au caractère prétendument illicite de la pratique sportive par les femmes. Ils n'ont pas manqué de rappeler un certain nombre de citations religieuses et le fait que le Prophète aimait s'adonner à la marche accompagné de son épouse et avait recommandé aux musulmans: «Apprenez à vos enfants le tir, la natation et le sport équestre.» En Algérie, la pratique sportive féminine a connu, comme vous le savez, un sensible recul durant ces dernières années. Là également, une évolution sereine et une analyse lucide de la situation, ne manqueront pas de nous indiquer le chemin qui reste à parcourir pour faire entendre et progresser la pratique sportive féminine qui prend ses racines aux sources des droits humains. Le mot de la fin? Pemettez-moi, d'abord de vous remercier pour votre écoute et l'indulgente patience dont vous avez fait preuve durant tout cet entretien. A travers L'Expression, je souhaite rappeler une évidence à savoir le rôle important de la presse sportive. Souvenez-vous de la contribution déterminante de cette presse, lors de la mise en application de la loi de 1989, en tant que partenaire loyal, pleinement engagé et exigeant. Comment également ne pas saisir cette occasion pour transmettre ma fidèle amitié à toutes et à tous mes anciens collègues qui, bien souvent avec difficulté et dans l'ombre, agissent sans relâche au service de la jeunesse et du sport. Pour finir, toutes et tous reprenons confiance, unissons nos efforts et faisons que notre rêve devienne réalité en agissant d'abord pour que la grande famille sportive algérienne efface les rancoeurs et les rivalités d'arrière-garde. Ne retenons que le fondamental, à savoir une large et sérieuse réflexion sur les thèmes moyens liés aux enjeux actuels et futurs du mouvement sportif national.