Dans son rapport mensuel publié jeudi, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) s'est montrée prudente quant aux conséquences que pourrait avoir l'accord de réduction de production de pétrole entre l'Opep et 11 autres pays producteurs. «Les réductions de production annoncées par l'Opep et 11 producteurs non Opep sont entrées dans leur phase d'essai et il est bien trop tôt pour se rendre compte du niveau de conformité (avec l'accord) qui a été atteint», souligne le rapport de l'Agence. Pour elle, il faut tenir compte de la progression de la production constatée chez les pays non membres de l'Opep n'ayant pas participé à l'accord, notamment les Etats-Unis, où les producteurs à coûts élevés devraient relancer leurs investissements, sous l'effet de la remontée des prix entraînée par un début de baisse de l'offre mondiale. «L'attention est inévitablement concentrée sur le secteur du pétrole de schiste américain, où des données montrent que le nombre de puits de forage a augmenté sur 6 mois consécutifs, jusqu'en novembre, après avoir atteint son plus bas en mai 2016», souligne l'AIE, précisant que la productivité par puits a, par ailleurs, considérablement augmenté. Et d'ajouter, dans ce contexte : «L'industrie du pétrole de schiste américain a émergé du monde dans lequel nous vivions il y a un an, où le baril était à 30 dollars, plus concentrée et plus performante», tout en prévoyant une hausse encore plus soutenue de la production de pétrole de schiste en 2017, à 170 000 barils/jour. Le directeur exécutif de l'AIE, Fatih Birol, avait déclaré, à ce propos, mercredi dans une interview accordée à Bloomberg Television, que la production des producteurs de gaz de schiste américains «réagiront certainement avec fermeté» face aux récentes hausses de prix. Il a ajouté que le Brésil, le Mexique et la Chine rapporteront également davantage de brut dans le marché, avec pour conséquence «beaucoup plus» de production dans la deuxième moitié de l'année et en début 2018. Au registre de la consommation, l'AIE s'attend à voir la croissance de la demande ralentir quelque peu cette année, de 1,3 million de barils/jour (mbj), à 97,8 (mbj), «pénalisée par une hausse anticipée des prix des produits pétroliers, conséquence d'une remontée des cours du brut et d'une possible appréciation du dollar américain». A l'échelle mondiale, l'offre de pétrole a diminué de plus de 600 000 barils par jour en décembre, à 97,6 mbj, «même si pour l'ensemble de l'année 2016 la production mondiale est ressortie en hausse de 300 000 barils par rapport à 2015, l'offre record de l'Opep surpassant largement les réductions observées du côté des autres pays», souligne l'Agence, qui note que le ministre saoudien du Pétrole «a rappelé le 16 janvier que l'accord de réduction de production pourrait ne pas être étendu au-delà des 6 mois au bout desquels il expire». Reste que dans l'intervalle, le marché attend de voir l'accord véritablement porter ses fruits, conclut l'Agence.