Les troubles politiques actuels en Libye se sont traduits par une réduction de moitié de la production de pétrole du pays, a estimé lundi l'économiste en chef de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), en s'appuyant sur les chiffres collectés par les industriels du secteur. "Il est difficile d'avoir des informations, mais (la production de pétrole par la Lybie a été réduite d') environ la moitié", a déclaré Fatih Birol lors d'un entretien accordé à Reuters Insider TV au siège de l'AIE à Paris. D'autres estimations font état d'une réduction pouvant aller jusqu'aux trois-quarts de la production libyenne, qui s'élève normalement à quelque 1,6 million de barils par jour. Fatih Birol a estimé que la hausse du pétrole ne devrait pas remettre en cause la reprise économique mondiale si le baril reste autour de ses niveaux actuels de 110 dollars jusqu'à la fin de l'année. Il a également estimé que l'Europe pourrait dépenser 76 milliards de dollars de plus pour ses importations de pétrole en 2011, comparé à l'année dernière, si le baril d'or noir se maintient en moyenne à 100 dollars tout au long de l'année. Selon ce scénario, les importations pétrolières de l'Union européenne vont s'élever à 375 milliards de dollars cette année, soit 76 milliards de plus qu'en 2010, indique le chef économiste de l'AIE, Fatih Birol, au quotidien financier américain Wall Street Journal (WSJ). Ce montant est aussi supérieur au coût des importations de pétrole européennes de 2008, dernière période de flambée historique des prix du pétrole qui avaient alors dépassé le seuil symbolique des 147 dollars le baril. Cette hausse du coût des importations de brut européennes menacerait le rétablissement de l'économie en zone euro, d'autant que "l'Europe est le maillon faible dans la chaîne de redressement de l'économie mondiale", estime M. Birol. Les Etats-Unis devraient eux dépenser 385 milliards de dollars, soir 80 milliards de plus que l'année dernière, selon l'AIE, qui représente les intérêts des pays industrialisés. L'Europe, les Etats-Unis et le Japon devraient à eux trois dépenser "environ 200 milliards de dollars de plus qu'en 2010" pour leurs importations de brut si les prix du pétrole restaient aussi élevés, conclut M. Birol. Les prix du pétrole ont fortement progressé ces dernières semaines, soutenus par la crise politique affectant plusieurs pays arabes, notamment la Libye, l'un des principaux pays producteurs et exportateurs d'or noir. Le baril de Brent de la mer du Nord s'échangeait mardi matin autour des 112 dollars, après avoir un moment approché les 120 dollars la semaine dernière.