L'Organisation des pays exportateurs de pétrole, dont les membres produisent déjà 40 % du brut mis sur le marché pourrait avoir un poids certain sur le marché du gaz. Ainsi, et selon les données publiées récemment par la revue Pétrole et Gaz arabes, les membres de l'Opep représentaient, en 2009, 18% de la production et des exportations gazières mondiales. Selon la même source, la part des pays membres de l'OPEP dans la production gazière mondiale est bien sûr très largement inférieure à leur part dans la production de pétrole brut (41,9% en 2009), mais elle est en hausse constante depuis plusieurs années. L'an dernier, elle s'établissait à 18,1%, contre 16,1% en 2008 et 15,3% en 2005. La proportion et la tendance sont les mêmes pour les exportations gazières des Etats OPEP. En 2009, leur part dans le total mondial s'établissait à 18,5%, contre 17,1% en 2008 et 15,2% en 2005. Selon l'Annual Statistical Bulletin 2009 publié par l'Opep, l'augmentation de la part du cartel est la conséquence de l'accroissement de sa production et de ses exportations gazières mais aussi de la chute de la production et des exportations mondiales, en 2009, du fait de la crise financière et économique. L'an dernier, l'OPEP couvrait 57,5% des exportations mondiales de brut et 44% de celles de brut et de produits raffinés mais, dans les deux cas, ces proportions étaient en recul par rapport aux années précédentes. La marge de progression de l'OPEP est d'ailleurs considérable en matière gazière puisque ses réserves prouvées représentaient en 2009 47,8% du total mondial. Là encore, ces réserves sont orientées à la hausse depuis plusieurs années. Leur part dans les réserves gazières mondiales est cependant en recul par rapport aux années précédentes (plus de 49% entre 2005 et 2008). Les réserves mondiales ont, en effet, été révisées à la hausse et leur taux d'augmentation l'an dernier était supérieur à celui des réserves de l'OPEP. Pour les réserves prouvées de brut, la part de l'OPEP était estimée l'an dernier à 79,6% par le secrétariat de l'organisation à Vienne, soit un niveau supérieur à celui des années précédentes. Notons que Fatih Birol, économiste en chef de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), la croissance de la production de gaz d'origine non conventionnelle devrait permettre un "âge d'or" pour cette énergie, en la rendant bon marché et abondante. Dans ce sens, Fatih Birol estime que parallèlement à la stagnation de l'offre de brut, l'AIE prévoit un fort développement du gaz naturel liquéfié et du pétrole non conventionnel, (tiré) principalement (des) sables bitumineux canadiens, qui porteront la production mondiale à l'équivalent de 96 mbj en 2035. "Le gaz naturel pourrait connaître un âge d'or très bientôt. Cette énergie fossile sera meilleur marché et abondante, les gazoducs sont aisés à construire, et le gaz est comparativement plus favorable à l'environnement que le charbon" a-t-il indiqué. Et d'ajouter que d'ici 2035, environ un tiers de la production de gaz devrait venir de sources non conventionnelles. Ainsi, la surabondance actuelle de gaz naturel au niveau mondial devrait donc perdurer encore 10 ans. Cela signifie qu'il y aura beaucoup de pression à la baisse sur les prix du gaz, ce qui est évidemment une bonne nouvelle pour les consommateurs. Depuis deux ou trois ans, les perspectives du gaz naturel aux Etats-Unis ont complètement changé. Pour pallier la baisse de leurs ressources "classiques" de gaz, les Etats-Unis se sont lancés dans un programme massif d'équipement en terminaux méthaniers pour y recevoir du gaz naturel liquéfié. En conséquence, le prix du gaz avait dépassé les 12 $ par million de British Thermal Units (MBTU), unité anglo-saxonne utilisée dans ce secteur (*), pour atteindre un pic de 14 $/MBTU. Ce prix est désormais redescendu en dessous de 4 $/MBTU, complètement découplé du prix du pétrole qui reste voisin de 75 $ par baril. Il y a deux causes à cet effondrement des prix du gaz, l'une conjoncturelle et l'autre durable. D'une part, la récession mondiale de 2008-2009 provoquée par la crise financière a réduit la demande de gaz naturel à la fois pour les usages industriels et pour la production d'électricité. Mais surtout, on a assisté à un développement spectaculaire de la production américaine de gaz de schiste, un gaz naturel encore classé comme "non conventionnel", comme le grisou des gisements de charbon. Ce gaz s'est formé dans certaines couches de schiste par décomposition de matières organiques fossiles sous l'action de la chaleur et de bactéries, et y reste piégé en grande quantité mais à faible concentration. Ces ressources, considérables sont connues depuis longtemps, mais ce n'est que tout récemment que les progrès techniques (forages horizontaux, fracturation hydraulique des roches) les ont rendues exploitables à grande échelle. Il y a désormais 35 000 puits produisant du gaz de schiste aux Etats-Unis - il n'y en avait qu'une cinquantaine en 1990. On prévoit que le gaz non conventionnel, qui assurait 42% de la production américaine en 2007, atteindrait 64% en 2020, ce qui, ajouté au gaz classique, rendrait les Etats-Unis pratiquement auto suffisants pour au moins deux siècles.