Quelles sont les 205 compétences indépendantes qui siègent au sein de la Haute instance indépendante de surveillance des élections (HIISE) ? Quels sont les critères qui ont pesé pour leur choix ? Ces membres sont-ils réellement indépendants ? Ces questions ont été posées par beaucoup d'observateurs ayant suivi l'ouverture de la première réunion de la HIISE, dimanche dernier à Alger. Et pour cause, très peu de noms de personnalités connues figurent dans la composante de l'instance. Où sont «recrutés» les autres ? On n'en sait rien. Cette liste, rappelons-le, a été proposée par un comité ad hoc installé à cet effet par un décret signé par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Chapeauté par le président du Conseil national économique et social (CNES), ce comité est composé du président du Conseil national des droits de l'homme, du président du Conseil national des arts et des lettres, du président du Conseil national de la famille et de la femme, du commandant des Scouts musulmans algériens, du président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche, du président de l'Association nationale de soutien à l'enfance en difficulté sociale en milieu institutionnel et d'une personnalité nationale désignée par le Premier ministre. C'est ce groupe qui a choisi les représentants de «la société civile» qui siégeront dans cette haute instance chargée de redonner de la crédibilité aux processus électoraux en Algérie. A-t-il fait le bon choix ? Difficile de porter un jugement, mais il y a beaucoup de zones d'ombre. La société civile, rappelons-le, doit être, par définition, «largement autosuffisante et autonome de l'Etat». Est-ce le cas pour celle où ont été choisis les membres de la HIISE ? En attendant la publication de la liste des 205 membres désignés, l'on constate déjà que les représentants des organisations autonomes les plus actives sur le terrain et les plus représentatives sont exclus. Ils ne seront pas impliqués dans la surveillance des élections, au moment où la transparence exige notamment la présence de personnes intègres et irréprochables en mesure de contrer les dépassements et les tentatives de fraude. L'autre anomalie relevée dans la démarche concerne surtout la présence de certains membres qui gravitent autour du pouvoir et qui sont présentés, faussement, comme étant des représentants de la société civile. Ce sont généralement des membres d'associations affiliées aux partis politiques proches du pouvoir et qui sont des défenseurs acharnés des positions du pouvoir. Cette situation risque d'affaiblir la HIISE, qui peine déjà à gagner la confiance des partis politiques de l'opposition qui estiment qu'«elle ne fera pas mieux que les précédentes commissions de surveillance des élections mises en place à l'occasion de différents rendez-vous électoraux».