La procédure a, sans aucun doute, obéi aux mêmes critères de sélection pris en compte dans la désignation d'Abdelwahab Derbal à la tête de cette instance. L'allégeance au pouvoir demeure, en effet, le paramètre principal dans ce type d'opérations. Après la nomination officielle d'Abdelwahab Derbal à la tête de la Haute instance indépendante de surveillance des élections, les 410 membres qui composeront cette commission ont été désignés, jeudi, par le président de la République, passant ainsi outre les réserves de nombreux partis de l'opposition sur le sujet. L'instance sera composée pour une moitié de magistrats et pour l'autre de "compétences indépendantes choisies parmi la société civile", selon les termes du communiqué de la présidence de la République qui rend compte de ces nominations par décrets présidentiel des personnes concernées. Pour les 205 magistrats membres de la commission, le communiqué de la Présidence précise qu'ils ont été proposés, à cet effet, par le Conseil supérieur de la magistrature. Quant aux 205 autres membres présentés comme des "compétences indépendantes", ils ont été, selon le communiqué de la Présidence, proposés par un "Comité ad hoc, institué par ladite loi, et présidé par le président du Conseil national économique et social". "Il s'agit (...) d'un décret portant nomination de 205 compétences indépendantes choisies parmi la société civile, conformément aux dispositions de la loi organique n°16-11 du 25 août 2016, relative à la Haute instance indépendante de surveillance des élections", note la même source. "Ce Comité a accompli sa mission en tenant compte de la représentation de la société civile à travers l'ensemble des wilayas ainsi que de la communauté nationale à l'étranger", assure le communiqué de la présidence de la République, qui ajoute, à ce propos, que "l'ensemble des compétences indépendantes sélectionnées ne sont ni des élus, ni des membres de partis politiques, ni des titulaires de fonctions supérieures de l'Etat". On n'en saura pas plus sur les critères sur la base desquels ces "compétences indépendantes" ont été choisies par les autorités pour siéger dans une commission qui aura la lourde tâche de garantir la transparence et la probité des prochaines échéances électorales. De quelle société civile parle-t-on ? Celle réellement indépendante ou celle connue pour graviter autour du pouvoir et qui représente ce visage hideux d'une clientèle plus prompte à servir les gouvernants que les gouvernés ? Sous toute réserve et dans l'attente de découvrir la liste des 205 membres de l'Hiise, sélectionnés par l'apathique Cnes, il apparaît évident que la seconde catégorie est plus encline à faire partie de la commission que la première. Ce n'est pas aujourd'hui que les autorités vont déroger à la tradition de nommer des gens présentant un profil réellement indépendant et crédible. La procédure a, sans aucun doute, obéi aux mêmes critères de sélection pris en compte dans la désignation d'Abdelwahab Derbal à la tête de cette instance. L'allégeance demeure, en effet, le paramètre principal dans ce type d'opérations. Transfuge de son ancien parti islamiste Ennahda, après avoir été élu, à ce titre, en 1997, député à l'Assemblée nationale, M. Derbal a, successivement, occupé les fonctions de ministre chargé des Relations avec le Parlement et même de Conseiller à la présidence de la République, avant de diriger le Bureau de la ligue arabe auprès de l'Union européenne à Bruxelles, mais aussi d'ambassadeur d'Algérie en Arabie saoudite. C'est, évidemment, ce parcours d'homme au service du pouvoir qui lui a valu aujourd'hui sa désignation à la tête de l'Hiise. Hamid Saidani