Le nombre conséquent des logements distribués durant la dernière décennie, ainsi que la construction d'établissements industriels, ont engendré une augmentation considérable de la consommation énergétique. A cela s'ajoute le changement du mode de vie des individus, car durant les années 1990 et le début des années 2000, le citoyen algérien se réunissait en famille autour d'un seule téléviseur, et se rafraîchissait avec un simple ventilateur en été. Aujourd'hui, les besoins de confort ont augmenté et les climatiseurs sont désormais les plus énergivores des équipements à usage quotidien dans le secteur résidentiel, qui consomme 43% de l'énergie, suivi du secteur des transports et celui de l'industrie et BTP, consommant respectivement 36% et 21%, selon les chiffres relatifs à l'année 2014. La climatisation se révèle donc être un terme important dans l'équation qui caractérise la consommation électrique en Algérie, dont l'usage doit indispensablement être contrôlé en cherchant des solutions adaptées aux contexte du pays, d'autant que l'énergie est aujourd'hui un enjeu important qui influence la situation politique dans le monde. En Algérie, les équipements de climatisation sont importés majoritairement de Chine ou assemblés localement et ne font pas l'objet de contrôle de la performance énergétique. L'étiquette définissant la classe de la consommation qui figure sur ces machines est fournie par le fabricant sans qu'une vérification externe ne confirme l'exactitude de l'indice de performance affiché. Ces faiseurs de chaud et de froid peuvent dans certains cas consommer une énergie significativement supérieure à celle des machines installées en Europe ayant une même puissance calorifique ou frigorifique. Mais bien avant cela, il y a lieu de s'intéresser aux facteurs qui prolongent le temps d'utilisation de la climatisation, à commencer par les caractéristiques thermiques des bâtiments, puisque le comportement thermique est souvent laissé en dernier des priorités et même négligé dans certaines conceptions. Malheureusement, dans la majorité des bureaux d'études, la conception d'un bâtiment ne tient compte que de l'architecte et ne fait pas l'objet d'un second avis d'un spécialiste de la thermique. Or, le bilan énergétique est directement influencé par l'orientation du bâtiment, les ouvertures, les caractéristiques thermiques des matériaux de construction, etc. Le comportement de l'individu n'est pas à exclure, du moment que les subventions de l'énergie par l'Etat ont fait que la facture d'électricité est dans l'inconscient collectif des Algériens une charge légère, devant la nourriture et les autres besoins. par ignorance, manque d'intérêt, ou absence de conscience, beaucoup de personnes laissent la climatisation en marche dans un lieu inoccupé, d'autres configurent aléatoirement les températures de consignes. Ces comportements, ayant un air dénué de responsabilité, ne sont pas à négliger et il serait tellement souhaitable de les réduire à travers de multiples campagnes de sensibilisation. Dans l'industrie, parmi les facteurs qui encouragent aujourd'hui les industriels algériens à contrôler leur consommation énergétique, on cite les audits énergétiques réalisés par les experts de l'Agence nationale pour la promotion et la rationalisation de l'utilisation de l'énergie (Aprue) pour certaines usines, et l'engagement de certaines entreprises dans des projets de certification, notamment la certification environnementale ISO 14001. Par ailleurs, la nouvelle tarification de l'électricité et du gaz, applicable à compter du 1er janvier 2016, augmente les dépenses des entreprises relatives aux charges.
On retrouve les installations de climatisation dans plusieurs industries, elles fournissent un air conditionné pour le confort du personnel et pour assurer des conditions spécifiques en température et humidité pour certains produits. L'électricité est l'énergie motrice dans toutes ces installations à compression mécanique ayant le même principe de fonctionnement des climatiseurs domestiques, qui sont la cause des pics de consommation en été. Le record enregistré étant de 10,33 GW enregistré le 28 juillet 2013. L'une des solutions à proposer serait l'utilisation du gaz naturel, qui pourrait s'avérer avantageuse pour la climatisation industrielle, en mettant en place des machines à «absorption», nécessitant une source de chaleur pour fonctionner au lieu de l'électricité. Cette source peut être une combustion directe de gaz naturel, de l'eau chaude, de la vapeur, ou des rejets industriels à haute température. Ces machines, qui s'inscrivent dans la classe des machines trithermes en thermodynamique, sont apparues depuis des dizaines d'années, mais elles n'ont pas connu beaucoup de succès à cause de leur faible qualité d'étanchéité du moment qu'elles fonctionnent au-dessous de la pression atmosphérique (cas du couple eau-bromure de lithium). Aujourd'hui, avec une meilleure maîtrise des technologies d'étanchéité, ces machines suscitent de nouveau l'intérêt dans des pays comme le Japon, les USA, l'Allemagne ou le Canada. L'une de ces installations est installée en Algérie et fabrique de l'eau glacée au niveau de l'usine de détergents de Chelghoum Laïd, dans la wilaya de Mila, et est fonctionnelle depuis l'implantation de l'usine durant les années 70. L'électricité étant une énergie propre offrant une bonne sécurité à l'utilisation, laisse souvent croire qu'elle est aussi meilleure sur le plan environnemental et impact sur le réchauffement planétaire, comparée au gaz naturel pour des applications thermiques.
Cette question revient à chercher la manière dont l'électricité est produite. En France, à titre comparatif, elle est générée à 77% par les réacteurs nucléaires, tandis qu'en Algérie, l'électricité distribuée aux consommateurs est produite par conversion de l'énergie thermique ayant pour source la combustion du gaz naturel avec un rendement de conversion avoisinant 39% c'est-à-dire que pour générer 1 kW d'énergie sous forme électrique on a besoin de 2.58 kW d'énergie que l'on obtient en brûlant du gaz naturel. Cette notion nous amène à raisonner dans le sens de revaloriser le gaz naturel, surtout que l'Algérie est classée 10e producteur mondial (70.19 MTep en 2014).
L'utilisation des énergies renouvelables à l'heure actuelle est une solution en vogue, mais elle n'a que peu d'intérêt si leur adoption n'est pas précédée d'une étude technico-économique. La durée de l'amortissement de l'investissement de l'équipement est prolongée par le coût de l'énergie fossile, qui demeure relativement bas, et ne laisse pas apparaître un avantage financier attrayant, d'où la nécessité de développer une industrie locale de taille pour les énergies renouvelables en vue de réduire le coût d'achat des équipements ainsi que des pièces accessoires. En conclusion, la climatisation représente un important potentiel d'économie de l'énergie électrique en Algérie et la maîtrise de son utilisation importante. A cet effet, quelques solutions pourraient réduire la consommation électrique due à la climatisation :
- Effectuer un contrôle rigoureux de la performance énergétique des climatiseurs mis en vente. - Faire appel aux spécialistes de la thermique lors de la conception des bâtiments, afin de réduire les besoins en air conditionné. -Exploiter correctement les équipements de climatisation. - Utiliser le gaz naturel pour les applications de la climatisation industrielle. - Développer une industrie locale des énergies renouvelables. BENNOUI Mohamed Salah Responsable de la cellule environnement et management de l'énergie, SNTA pôle industriel Est et doctorant-chercheur, université de Constantine