Tous les indicateurs confirment que l'usage de la climatisation individuelle n'a cessé, comme l'affirment les responsables de l'Agence nationale pour la maîtrise de l'énergie, de connaître, tout le long de ces dernières années, une évolution remarquable au double niveau résidentiel et tertiaire. On parle même d'un véritable boom en peu de temps, puisque, selon les statistiques disponibles, la moyenne de progression annuelle du parc de climatiseurs a dépassé les 28%.Une évolution qualifiée de tout à fait logique si l'on tient compte de l'évolution du niveau de vie du citoyen et de l'absence de la conformité thermique des bâtiments. L'on reconnaît, en effet, que cet usage justifie cette migration de l'hiver vers l'été, de la puissance électrique, maximale, appelée pointe, constatée depuis 1997. D'ailleurs, en dix ans, cette puissance journalière a été appelée à doubler pour franchir, en 2010, les 3.000 MW. Ces facteurs, déjà indiqués, ont été confortés par l'apparition, durant les cinq dernières années, de systèmes de crédits hautement attractifs, le tout adossé à des offres commerciales de plus en plus agressives, ce qui a permis d'étoffer ce phénomène et d'élargir ainsi significativement les besoins de climatisation. Toutefois, autant cette évolution est importante, autant elle pose certains problèmes, car l'évolution des besoins de climatisation ainsi que les perspectives de maintien de cette progression ne manqueraient pas de déclencher les décisions d'accroissement des capacités installées de production électrique en Tunisie.Or, la climatisation est très coûteuse en investissement, puisque 1 kw de puissance de climatisation commercialisée, et qui coûte moins de 500 Dt/kw au bénéficiaire, nécessitera systématiquement 1,3 à 1,4 kw de besoin supplémentaire de puissance électrique à installer, ce qui reviendra au moins à 800 Dt/kw à la collectivité, d'où des dépenses de plus en plus lourdes, aussi bien pour les utilisateurs résidentiels et tertiaires que pour la collectivité en général. C'est pour cette raison d'ailleurs que l'Anme a engagé un programme d'amélioration des performances énergétiques des climatiseurs à travers l'étiquetage énergétique et l'élimination progressive des classes énergivores. Obligation d'affichage Le mérite d'un tel programme, c'est qu'il a permis la mise en place d'un cadre réglementaire portant obligation d'affichage des performances énergétiques des appareils électroménagers.Cette obligation a d'abord ciblé les appareils de froid domestique : réfrigérateurs, congélateurs et appareils combinés, compte tenu de leur poids dans la demande électrique, ensuite les climatiseurs individuels de moins de 12 kw de puissance en 2009. Au cours de la même année, ce texte a été complété par un arrêté interdisant la commercialisation des climatiseurs de classes 8, 7 et 6 dans l'échelle des performances énergétiques, à partir du 1er janvier 2010. En 2010, deux autres arrêtés ont paru, interdisant la commercialisation des classes 5 et 4 à partir du 1er janvier 2011 et la classe 3 à partir du 1er janvier 2012.D'un autre côté, le programme a également établi des procédures de test et d'essai des appareils de climatisation et a appuyé la mise en place de laboratoire de test au sein du Centre technique des industries mécaniques et électriques (Cetime), ce qui a permis d'apporter un soutien aux industriels pour les aider à améliorer les performances énergétiques de leurs produits. Les retombées de la certification énergétique des équipements électroménagers ont été perçues sur la consommation moyenne des ménages qui a enregistré une stagnation durant les dix dernières années, malgré la forte croissance du parc de climatiseurs et de réfrigérateurs. En effet, en 25 ans, le parc de climatiseurs individuels dans le secteur résidentiel a été multiplié par 55. Depuis 2004, il a plus que doublé. Toutefois, la consommation moyenne des ménages a stagné autour de 0,45 tep par an, ce qui est le résultat du programme de certification mis en œuvre. Il faut rappeler également que pour satisfaire convenablement les besoins additionnels en climatisation, l'Anme a lancé un projet pour la promotion de la climatisation au gaz naturel. Il s'agit là d'aboutir à une réelle maîtrise de la demande d'électricité au niveau du secteur du bâtiment par la réduction de la puissance durant le jour, provoquée par l'usage des systèmes de climatisation. Le recours au gaz naturel, qui ne manquerait pas de réduire significativement les coûts d'exploitation, aura un impact positif sur l'environnement lié à la production et à la distribution de l'énergie électrique. On apprend d'ailleurs, selon une étude sur le développement de la climatisation au gaz naturel, que ce produit économise jusqu'à 30% par an d'énergie par rapport à la climatisation classique. En parallèle, ce projet a aussi le mérite, comme l'affirment les responsables de l'Agence, d'offrir plusieurs avantages fiscaux et douaniers en cas d'importation des climatiseurs fonctionnant au gaz naturel. On croit savoir justement que l'importateur bénéficiera d'une réduction des droits de douane qui passent de 36 à 10% .