Avons-nous des connaissances concernant l'usage de la clim en Algérie ? Nous estimons approximativement le nombre d'équipements de climatisation domestique en Algérie à plus de 1 500 000 unités. Ces appareils sont de plus en plus répandus sur le marché national et présentent souvent une mauvaise option de rafraîchissement, alors que des solutions plus efficaces et souvent gratuites pourraient être utilisées (rafraîchissement naturel par humidification dans les zones arides, protections solaires, utilisation des matériaux lourds pour bénéficier de l'inertie thermique…) et, à défaut, être complétée par une climatisation d'appoint. Une telle profusion coûte environ 14% de la consommation annuelle énergétique du secteur des ménages et 5% de la consommation d'énergie finale nationale. Quelle en est la consommation moyenne ? La consommation moyenne des climatiseurs dépend de deux principaux paramètres : leurs puissances frigorifiques (exprimée en BTU) et le mode de leur utilisation (il s'agit de la durée d'utilisation ainsi que de la température de soufflage commandée par l'utilisateur). A ces deux paramètres s'ajoute une caractéristique très importante qui est la classe énergétique du climatiseur révélant sa capacité à fonctionner de manière performante et optimale et exprimée par le coefficient de performance énergétique (COP) . Les classes énergétiques varient de la classe A pour les climatiseurs les plus performants et les moins énergivores à la classe G, pour les climatiseurs les plus énergivores. Il est à noter que la classe G est interdite d'accès aux marchés européens. A ce propos, une enquête réalisée durant l'année 2008 par l'APRUE, en partenariat avec le ministère de l'Energie et des Mines, le ministère du Commerce et le CREDEG/Sonelgaz, sur les climatiseurs les plus répandus sur le marché national, a permis de révéler que la moyenne de ces appareils correspond à la classe énergétique E. C'est-à-dire qu'en général, leurs coefficients de performance énergétique (COP) sont compris entre 2,6 et 2,8 alors que le COP d'un climatiseur de classe énergétique A doit être supérieure à 3,6. Ainsi, en utilisant un climatiseur de classe E durant 8 h par jour durant la période estivale, le consommateur doit s'acquitter de presque 1000 DA de surcoût par trimestre. Cette différence s'explique par le gap entre la consommation d'un climatiseur de classe E (jusqu'à 1,31 kw/h), et celle d'un climatiseur de classe de même puissance appartenant à la classe A (à peine 0,97 kw/h). Il est intéressant de noter que la perspective de la récupération d'un tel gap (remplacement des climatiseurs non performants par des climatiseurs de classe A) occasionnerait une réduction de 11% de la consommation énergétique du secteur des ménages et aiderait à réduire l'émission de quantités considérables de gaz à effet de serre. Quelle stratégie peut-on adopter auprès des consommateurs pour diminuer son usage ? Les consommateurs doivent être sensibilisés à la question de la maîtrise de l'énergie. C'est justement le travail que réalise l'APRUE en partenariat avec Sonelgaz, à travers les spots télévisuels et radiophoniques réalisés et diffusés massivement à l'approche de chaque période estivale. Ces spots expliquent clairement, entre autres, les modalités d'une utilisation efficace des climatiseurs : fermeture des pièces à climatiser, protection des vitrages contre le rayonnement solaire, nettoyage régulier du filtre ainsi que le réglage de la température à 25°C. De plus, lors de l'acquisition d'un climatiseur, le consommateur doit prêter une attention particulière à la classe énergétique qui est affichée sur l'étiquette énergétique accompagnant l'appareil. Le surcoût à l'achat d'un appareil performant est vite amorti par les économies d'énergie que son utilisation occasionnera. Quelle sont vos initiatives visant à réduire la consommation d'énergie ? Nos initiatives pour réduire la consommation énergétique du poste de climatisation se traduisent à deux niveaux : D'abord en amont, nous soutenons au moyen du Fonds national pour la maîtrise de l'énergie (FNME) un programme de réalisation par les OPGI, de logements efficaces en énergie. De telles réalisations-pilotes permettront de prouver qu'il est possible de réduire le recours à la climatisation moyennant une bonne conception des logements. Il s'agit alors de sensibiliser les acteurs du secteur du bâtiment (maîtres d'ouvrages et maîtres d'œuvres) à adopter les bonnes pratiques pour adapter les constructions aux climats locaux. En aval, nous avons œuvré pour la promulgation d'arrêtés ministériels et interministériels faisant obligation de l'étiquetage énergétique des appareils électrodomestiques, parmi lesquels figurent les climatiseurs. En outre, nous procédons à la sensibilisation des fabricants des climatiseurs par la mise en place de moyen d'incitation leur permettant de mettre à niveau leurs produits.