Sonatrach vient de lancer des appels d'offres internationaux en vue de la construction de quatre nouvelles raffineries pour près de 6 milliards de dollars. Le groupe parachève ainsi son programme national de raffinage 2016-2020 visant à assurer l'autosatisfaction du pays en carburants et dessiner à terme des perspectives d'exportation. Les quatre nouvelles raffineries, qui seront construites à Tiaret, Hassi Messaoud, Biskra et Arzew, accroîtront la production de carburants de quelque 20 millions de tonnes, selon les récentes déclarations du ministre de l'Energie, qui estime que ces objectifs de production permettront de répondre largement à la consommation locale avec un surplus qui sera destiné à l'exportation. «Si tous les projets dans le raffinage et la pétrochimie arrivent à leur terme, l'Algérie pourra transformer toute sa production de pétrole brut à l'horizon 2025. C'est une projection que fait le gouvernement et c'est aussi le grand défi de Sonatrach». Dès lors, «l'Algérie sera exportateur marginal de pétrole», soulignait le ministre lors d'un forum algéro-américain organisé il y a quelques semaines à Houston au Texas. Une occasion qu'il avait mise à profit pour inviter les opérateurs américains «à venir investir en Algérie, notamment dans le segment de la pétrochimie et du raffinage». Il faut savoir que dans le cadre de l'augmentation des capacités de raffinage et l'alignement des caractéristiques des produits raffinés aux normes internationales, Sonatrach prévoit de réaliser trois raffineries de 5 millions de tonnes/an chacune, avec une unité de craquage du fuel de 4 millions de tonnes/an, ainsi que deux nouvelles unités de reforming et cinq unités d'hydrodésulfuration (HDS). Selon le ministère de l'Energie, la relance de la pétrochimie est une des priorités de son secteur, «à travers un programme ambitieux d'environ 15 milliards de dollars qui vise essentiellement à satisfaire le marché national en produits pétrochimiques, à développer des petites et moyennes entreprises en aval et à valoriser au mieux la transformation des hydrocarbures tant liquides que gazeux, afin de maximiser la valeur ajoutée». Selon les chiffres rendus publics par Akli Rimini, vice-président aval à Sonatrach, «entre 2007 et 2015, plus de 20 milliards de dollars ont dû être consacrés aux importations, pour combler le manque de carburants produits localement». Les efforts déployés depuis plus d'une année dans le cadre de la réhabilitation, notamment des infrastructures existantes, ont permis de comprimer la facture d'importation des carburants dont l'enveloppe d'achat ne devait pas dépasser un milliard de dollars en 2016 — alors que 2 à 3 milliards de dollars étaient consacrées annuellement à l'importation de carburants les années précédentes. «Notre objectif est de convertir nos matières premières localement, d'arriver à l'autosatisfaction de nos besoins en carburants à partir de 2018 et en devenir exportateur à partir de 2020», avait souligné Akli Rimini en marge de la signature, en décembre 2016, de deux contrats dans le segment du raffinage et de la pétrochimie avec respectivement la société espagnole d'engineering Tecnicas Reunidas et Amec Foster Wheeler-France. Le premier contrat concerne la réalisation d'études d'ingénierie de base du projet d'hydrocraquage du fuel et de traitement des excédents de naphta, issus de la raffinerie de Skikda, en vue de permettre de renforcer les capacités de production de Sonatrach en produits pétroliers raffinés et de satisfaire les besoins actuels et futurs du marché national. Le second contrat porte sur l'élaboration d'études de base de type feed pour le projet méthyl tert butyl ether (MTBE) et l'assistance de Sonatrach dans l'analyse des offres techniques des soumissionnaires, dans le cadre de la sélection d'un contrat pour la réalisation du complexe MTBE, qui sera implanté au sein de la zone industrielle d'Arzew. Ce projet permettra le traitement annuel de 75 000 tonnes de méthanol issues du CP1Z et de 150 000 tonnes de butane issues du GP1Z, permettant une production annuelle de 200 000 tonnes de MTBE destinées à augmenter de 80 à 95% l'indice d'octane. Deux importants contrats qui entrent dans le cadre de la mise en œuvre du programme de raffinage 2016-2020 et interviennent après la signature, au mois de mars 2016, d'un contrat de réalisation des études de base pour les nouvelles raffineries situées à Biskra, Tiaret et Hassi Messaoud, dont les cahiers des charges pour la fourniture des équipements et la construction (EPC) viennent d'être lancés par Sonatrach.