Le secteur du logement social connaît à Tizi Ouzou un marasme depuis plusieurs années. Lors d'une journée d'étude organisée la semaine dernière au siège de la wilaya, il a été présenté des chiffres qui dénotent une vraie léthargie dans ce secteur névralgique. Des programmes livrés et non attribués, des cités finies et squattées, des pertes pour l'OPGI qui se comptent en dizaines de milliards. L'instabilité, ayant affecté la région ces dernières années, a eu des incidences sur tous les secteurs d'activité et les retards enregistrés ne sont pas près d'être résorbés. 3146 logements sont en attente d'attribution, dont 1352 ont été notifiés. Les responsables en charge du secteur ont pourtant souligné que l'affectation des logements sociaux a connu une évolution « appréciable » après la mise en place des commissions de daïra (décret du 24 octobre 2004). La non-attribution des logements finis a favorisé le phénomène du squat à travers les localités de la wilaya. 1230 logements sont actuellement squattés. Parmi ce lot, une vingtaine a été attribuée, sans doute bien après l'occupation illicite des lieux. L'administration a pensé choisir la solution la plus facile pour les pouvoirs publics, mais désastreuse pour les bénéficiaires. L'on a envisagé d'attribuer les logements squattés et de renvoyer dos à dos, ou face à face, les squatteurs et les attributaires. Cela permettrait aux pouvoirs publics d'éviter l'expulsion avec le recours à la force publique, mais créerait des affrontements entre prétendants aux logements. Il s'agit de la pire des solutions à mettre en œuvre. L'on note que 64 expulsions ont été effectuées l'été dernier, mais cela a concerné des logements nouvellement squattés. L'on ne s'est toujours pas attaqué au squat massif qui a eu lieu pendant les événements de Kabylie, en 2001. L'OPGI a engagé des poursuites pour chaque occupation illicite et les tribunaux correctionnels ont prononcé de nombreuses condamnations (amendes et prison avec sursis). 110 expulsions sont en attente d'ordonnances d'expulsion. En dehors du fait que cela donne énormément de travail au service juridique de l'OPGI, la voie judiciaire n'a pas réglé le problème. L'autorité administrative ne veut pas ordonner les actions d'expulsion, craignant des accès de colère dans les rues. L'OPGI compte ses pertes. Elle annonce une perte de loyers de 22,5 milliards de centimes et des frais de gardiennage de 8 milliards de centimes. L'exposé effectué lors de la journée d'étude révèle qu'à la fin de l'année 2004, seuls 438 logements étaient en cours de réalisation sur un « reste à réaliser » de 2551 logements. 1567 étaient à l'arrêt et 456 non lancés. A la même période, 493 logements ont été délocalisés alors que les entreprises étaient retenues, « avec comme corollaire une reprise totale de toutes les études techniques et les surcoûts engendrés ». Au 3e trimestre 2006, 3465 logements ont été livrés, soit 64% du programme inscrit. S'agissant des programmes neufs affectés à la wilaya de Tizi Ouzou en 2005 et 2006 (2900 logements), 1458 unités sont lancées sur le terrain, 278 en cours d'installation et une centaine en voie de relance ou de délocalisation. 1050 unités restent à inscrire. 14 projets totalisant 1290 logements ont été repris en étude pour différentes raisons (opposition des riverains et des APC, accès au site, nature du sol…).