La presse algérienne est en crise. Tirages en baisse, la publicité se fait rare et les autorités multiplient les embûches. Le dispositif répressif mis en place pour canaliser le travail journalistique, durant la période sanglante de la décennie noire, est toujours en vigueur. La liberté de la presse est à peine tolérée… A partir de juin 2014, par le verrouillage de la publicité, les pouvoirs publics encadrent encore plus sévèrement l'acte d'informer. La publicité privée est désormais sous contrôle politique. On s'inspire, outre mesure, des pratiques du makhzen marocain ; les résultats sont connus… Le champ médiatique marocain est devenu totalement insipide. La presse libre et démocratique est également en grand danger dans notre pays. Les aléas politiques pèsent lourdement sur la bonne santé des médias. La déréglementation en vigueur plonge le secteur dans une anarchie sans équivalent. Les rédactions se vident, des dizaines de journaux sont à l'arrêt, beaucoup d'autres sont guettés par la faillite. Tous les supports médias sont logés à la même enseigne… Des lecteurs nous interpellent : «Pourquoi le prix de votre journal a-t-il augmenté ?» Un questionnement légitime en cette période de hausse générale des prix. Se résoudre à vendre plus cher le journal n'est pas une mesure qui a été prise à la légère. A défaut d'un fonds d'aide et de soutien de l'Etat à la presse, sous quelque forme que ce soit, garantir l'équilibre financier et économique de nos entreprises est vital. On ne nous fera aucun cadeau…. Les charges sont en hausse… En raison de la dévaluation du dinar, le papier coûte plus cher, les coûts de fabrication du journal pèsent plus lourdement sur les finances des entreprises de presse. La publicité sur papier qui a été, ces vingt dernières années, l'élément-clef de l'indépendance des contenus éditoriaux et des investissements dans le secteur, n'a pas été remplacée par la publicité sur le web. Les sites d'information, même s'ils ne font pas face à des charges lourdes et conséquentes, sont à la recherche de l'improbable équilibre financier. L'essor des médias sociaux ne dispense pas les médias traditionnels de produire des contenus de qualité, de proposer quotidiennement une information vérifiée et rigoureuse. Les atouts des quotidiens résident dans leurs rédactions nombreuses, avec des journalistes familiarisés au travail de terrain et spécialisés dans divers domaines. Avec les mouvements d'accélération de l'information, nos quotidiens sont encore en mesure de produire une information à valeur ajoutée : c'est notre défi. Le modèle de la presse papier va-t-il disparaître dans notre pays ? C'est aux lecteurs d'en décider ! Est-il normal que les sites d'information soient toujours dans l'incapacité de faire payer leurs contenus ? Un manque à gagner inestimable pour tout le monde. Financer des enquêtes, des reportages nécessite des moyens financiers conséquents. Notre prétention est de continuer à faire du journalisme au service du public, en étant capables d'animer le débat public de façon intègre et pluraliste. Nous attendons de nos lecteurs qu'ils nous accompagnent dans notre pénible tâche et qu'ils acceptent que l'effort financier qui leur est demandé renforcera la presse de qualité dans notre pays.