Les opérateurs économiques de la wilaya de Sidi Bel Abbès ont déploré, lundi, lors d'une rencontre avec le nouveau wali, l'état de dégradation avancée de la zone industrielle. Plusieurs opérateurs ont ainsi mis en évidence la détérioration de la voirie, l'absence d'éclairage et de sécurité, ainsi que le retard dans le lancement des travaux d'extension de la zone industrielle confiés à l'Agence nationale d'intermédiation et de régulation foncière (Aniref). Cette extension de 63 ha devait être livrée en 2012, selon les déclarations des responsables de l'Aniref. Ce n'est qu'en février 2016 qu'a été effectuée l'ouverture des plis des soumissionnaires pour la réalisation des travaux d'aménagement. Pour d'aucuns, la lenteur dans la gestion du dossier de la nouvelle extension a fait perdre énormément d'opportunités d'investissements à la wilaya, qui dispose, pourtant, d'avantages comparatifs non négligeables. «La zone industrielle a besoin, en urgence, d'une prise en charge réelle pour relancer l'activité économique de la wilaya», a estimé, à ce propos Ali Khanteur, PDG de la Société de fabrication électronique KCA et président de l'Association des opérateurs économiques de la wilaya (Asopec). Selon des données fournies par le président de l'Asopec, la zone du chef-lieu de wilaya, d'une superficie de 434 ha, enregistre un taux d'occupation de 69% de la superficie cessible. 385 sociétés y sont recensées, alors qu'en réalité une trentaine d'opérateurs publics et privés seulement assurent in situ une activité industrielle et de transformation (agroalimentaire, plastique, électronique). D'autres opérateurs ont indiqué que le réseau de voirie est à moitié détérioré, en sus des coupures d'électricité récurrentes qui, durant l'année 2016, ont occasionné des arrêts cumulés de l'ordre de 46 heures. «La norme admise universellement est de 2 heures. De nombreux opérateurs subissent, périodiquement, des pertes sèches onéreuses en raison de la détérioration du réseau électrique», a fait remarquer M. Khanteur. Pour le PDG de l'ENIE, M. Bekkara, la sécurité des installations industrielles au niveau de la zone industrielle «doit faire l'objet d'une attention particulière de la part des pouvoirs publics». Il a, en ce sens, appelé au renforcement des structures de secours et d'intervention en cas de sinistre majeur, rappelant à l'assistance l'incendie qui a ravagé, en 2015, l'unité de fabrication des composants électroniques. Prenant la parole, le wali a promis de lancer des travaux d'urgence pour la réhabilitation de la voirie et le désenclavement de nombreux sites dépourvus d'accès au niveau de la zone industrielle. «Les opérateurs économiques sont le fer de lance de la wilaya. Ensemble, nous allons répertorier tous les points noirs de la zone industrielle pour procéder à sa mise en conformité», a-t-il précisé. Il a annoncé, par la même occasion, la simplification des modalités d'investissement à travers un allégement des procédures administratives et le renforcement du guichet unique. La wilaya de Sidi Bel Abbès, qui recouvre actuellement une disponibilité foncière estimée à 190 ha à Ras El Ma et au chef-lieu de wilaya, est encore à la traîne en matière d'investissements, «en raison de dysfonctionnements multidimensionnels, en particulier sur le plan de la gestion du foncier industriel», estiment de nombreux opérateurs locaux. Pourtant, avec ses deux zones industrielles (celles du chef-lieu de wilaya et de Telagh) et ses cinq zones d'activités (Ben Badis, Tenira, Sfisef, Mostfa Ben Brahim et Aïn El Berd), la wilaya recèle de grandes disponibilités foncières. Sans compter les actifs résiduels des anciennes entreprises publiques, ainsi que les actifs «dormants» disponibles en milieu urbain et suburbain. Déclarée d'utilité publique en juin 1974 par le wali d'Oran, le terrain d'assiette de la ZI a été définitivement cédé en 1994 à un organisme public, l'Urbat en l'occurrence. La gestion du foncier par cet organisme a, outre le fait d'avoir induit des conflits juridiques sur la nature du terrain, favorisé la spéculation foncière et la transformation des surfaces destinées à l'investissement en d'énormes points de stockage et, parfois même… en espaces d'habitation.