L'état des zones industrielles et d'activités de la wilaya de Sidi Bel Abbès, en particulier celle du chef-lieu de wilaya, ne concourt guère, dans les conditions actuelles, à relancer l'investissement productif. Le constat est établi depuis longtemps. Conséquence aujourd'hui : des opérateurs privés, découragés, envisagent de mettre la clé sous le paillasson si rien n'est fait dans l'immédiat pour redresser la situation. Certains l'ont déjà fait. Enquête. Dégradation effrénée de l'environnement, inexistence d'un réseau d'assainissement, d'eau, de gaz, routes défoncées, terrains non encore viabilisées, spéculation foncière. «La zone industrielle est occupée, mais vide», estime Ali Khanteur, pdg de la société de fabrication électronique KCA et président de l'association des opérateurs économiques de la wilaya (Asopec). Pour M. Khanteur, également président de la Chambre de commerce de la Mekerra (CCIM), la zone «se meurt» alors qu'elle fut à une certaine époque le véritable poumon économique de la région. «Plus de 20000 salariés travaillaient dans cette zone, au milieu des années 1980. Trente ans après, elle en compte dix fois moins», soutient M. Benbrikhou, élu APW et ancien cadre supérieur de la wilaya. «Le foncier industriel a été géré de manière irrationnelle. Plus de la moitié de la superficie occupée est constitué de dépôts, d'aires de stockage et mêmes de d'habitations, sans compter les indus occupants», note M. Souass, patron de la Sarl STPP. 20% des projets concrétisés Selon des données récentes communiquées par les services de la wilaya, la zone du chef-lieu de wilaya, d'une superficie de 434 hectares, enregistre un taux d'occupation de 69% de la superficie cessible. Le taux de réalisation des projets d'investissement, quant à lui, se situe seulement à 20 %. Concrètement, une quinzaine d'opérateurs publics et privés seulement assurent in-situ une activité industrielle et de transformation (agroalimentaire, plastique, électronique…). Durant ces cinq dernières années, aucune nouvelle unité n'est venue étoffer le tissu industriel local. «Il n'y a eu que des extensions d'usines déjà existantes», affirme le représentant de la firme Azouz, spécialisée dans la fabrication de pâtes alimentaires. Les opérateurs interrogés considèrent que le déficit en communication institutionnelle en matière de répartition et de gestion du foncier plombe fatalement l'investissement productif. «C'est l'incompréhension. De nombreux projets d'investissement, dont certains en partenariat avec des étrangers, sont en souffrance. Les pouvoirs publics n'associent pas assez les industriels à la décision économique», soulignent-ils. Viabilisation à la traine S'agissant de la viabilisation du site, ils ne manquent pas de rappeler le retard accusé dans la mise en œuvre du programme d'aménagement de la zone pour laquelle une enveloppe de 60 milliards de centimes a été dégagée par les pouvoirs publics. L'opération est inscrite depuis au moins quatre ans. Quid de la fameuse «zone de nouvelle génération» dont la réalisation permettra d'augmenter l'offre en matière de foncier industriel ? Cette zone de 63 hectares devait être livrée en 2012, selon les déclarations de la directrice de l'Agence nationale d'intermédiation et de régulation foncière (ANIREF), Mme Hassiba Mokraoui. L'ANIREF a lancé des travaux de terrassement sur ce terrain, extension non exploitée de l'actuelle zone industrielle, récupéré en novembre 2010 par le Conseil des participations de l'Etat, avant qu'ils ne soient suspendus sans que personne ne sache pourquoi. Bientôt 2015, et point de nouvelle zone. Interrogé à ce propos, le wali de Sidi Bel Abbès, M. Hattab Mohamed, assure que les travaux de viabilisation de la zone seront lancés incessamment, sans pour autant avancer une date précise. «Le foncier n'est pas un sujet tabou. Les travaux Calpiref ont repris récemment, mais avec une nouvelle approche», ajoute-t-il. Selon lui, la priorité en matière d'attribution de terrains destinés à l'investissement est accordée aux zones d'activité du sud de la wilaya, précisément celle de Ras El Ma (100 hectares), «dans un souci de cohésion entre les différentes régions de la wilaya», dit-il. Ceci dit, si la démarche paraît socialement équitable, économiquement est-elle réalisable ?