La gestion du foncier industriel à Sidi Bel Abbès s'avère compliquée et peu stimulante, estiment de nombreux opérateurs économiques locaux, car « longtemps marquée par une conduite anarchique et opaque qui a alimenté grandement la spéculation ». Les différents indices disponibles en matière de régularisation juridique, d'occupation et de viabilisation des assiettes foncières mettent en évidence justement cette complexité et révèlent, par la même, une très faible progression ces dernières années de l'investissement industriel, localement. Avec ses deux zones industrielles (celles du chef lieu de wilaya et de Telagh) et ses cinq zones d'activités (Benbadis, Tenira, Sfisef, Mostfa Ben Brahim, Aïn El Berd), la région de Sidi Bel Abbés recèle pourtant de grandes disponibilités foncières. Selon un récent rapport établi par la Direction des Mines et de l'Industrie (DMI), la superficie totale cessible de ce fond est de 478 hectares dont plus de 211 hectares comme superficie disponible. La zone industrielle (ZI) de Sidi Bel Abbés, qui s'étend sur 494 hectares, compte à elle seule une superficie cessible de 434 hectares dont le taux d'occupation atteint 69 %. Déclarée d'utilité publique en juin 1974 par le wali d'Oran, le terrain d'assiette de la ZI a été définitivement cédé en 1994 à un organisme public, l'URBAT en l'occurrence. C'est tout un processus de régularisation juridique qui a été entamée depuis et qui se poursuit encore. « A ce jour, 277 cas ont été régularisés sur les 363 lots attribuées, soit 76 % », indique un responsable de la DMI. « Les obstacles qui entravent le processus de régularisation sont nombreux (les désaccords sur le prix de cession, le comportement spéculatif) et introduisent des situations conflictuelles dans la gestion des zones (insuffisance de prestations des gestionnaires, non paiement des redevances par les utilisateurs d'espaces, etc...) », est-il remarqué. Mais face à cette ''aisance'' foncière, l'activité industrielle n'arrive toujours pas à décoller, à cause notamment du non lancement de nombreux projets auxquelles pas moins de 363 lots ont été affectés au niveau de la zone industrielle. Toujours selon le rapport de la DMI, de ces 363 projets initiés durant l'ultime décennie du siècle dernier, seulement 97 ont été achevés, 56 sont en cours de réalisation, 58 à l'arrêt et 152 non toujours pas été lancés. Soit un taux de réalisation des projets d'investissement industriel, toutes branches confondus, de l'ordre de 26 %. Même si certains acquéreurs évoquent des problèmes financiers et administratifs entravant la concrétisation de leur projet, d'autres n'omettent pas de soulever le problème de viabilisation des sites octroyés. Il s'agit là, attestent nombre d'interlocuteurs, d'un véritable frein à l'investissement. « On ne peut injecter de l'argent dans des sites dépourvus de réseaux d'alimentation en eau potable (AEP), d'assainissement, d'éclairage public et de moyens de communication. C'est inconcevable ! Et encore vous devez vous débrouillez pour assurer la sécurité de vos biens et équipements. », considère l'un d'eux. 70 % de la partie actuellement occupée de la zone industrielle est viabilisée, tandis qua la superficie non encore viabilisée nécessite un montant de 145,6 millions de dinars, évalue t-on à la DMI. La viabilisation de la zone industrielle de Telagh et des cinq zones d'activités nécessite quant à elle un montant global estimé à 282,16 millions de dinars. Il convient de signaler que l'activité industrielle au niveau de Sidi Bel Abbés s'articule autour de quatre grands complexes (ENIE, CMA, OROLAIT, ERIAD), auxquelles s'ajoutent 65 unités industrielles dont 54 comptent plus de 10 salariés. Paradoxalement, les quatre grands complexes susmentionnés, qui emploient 4137 salariés, sont tous implantés en dehors de la zone industrielle et disposent de terrains excédentaires inexploités.