Les services de la commune de Constantine ont mené, hier, une opération de démolition «douteuse» de la crémerie située à proximité du mémorial des Martyrs, dans le square de Zouaghi, sur la route de l'aéroport Mohamed Boudiaf. Cette démolition suscite plusieurs interrogations concernant les motifs avancés par les responsables locaux, qui se cachent derrière cette opération. Le propriétaire, Fares Boukadoum, a affirmé à El Watan avoir obtenu tous les documents nécessaires pour l'exploitation des lieux. «Au début, je me suis installé et j'ai commencé mon commerce suite aux instructions de l'ancien wali, Hocine Ouadah. Mais j'ai fait en sorte que mon commerce soit réglementaire et j'ai fourni tous les documents nécessaires (dont El Watan détient des copies) afin d'obtenir l'approbation de la commune et l'avis favorable de la DUC», a-t-il expliqué. Et de poursuivre : «Effectivement, l'APC a délibéré lors de la session ordinaire tenue en décembre dernier, et j'ai pu obtenir l'autorisation d'exploitation des lieux pour une durée de 3 ans contre un montant de 6 millions de dinars.» Notre interlocuteur estime qu'il a été victime de ce qu'il qualifie de «hogra» et d'«abus des autorité», car après plusieurs mois d'activité, l'APC a constaté qu'il ne méritait pas d'exploiter les lieux. Selon les documents remis par le concerné à El Watan, il est bel et bien mentionné que M. Boukadoum a le droit d'exercer sur les lieux. Il a confirmé aussi qu'il a été surpris de recevoir une deuxième mise en demeure le 22 janvier dernier de la part des services de la commune, sans avoir reçu la première. D'autant plus, selon toujours ses dires, que la commune ne peut procéder à la démolition car l'affaire est en examen devant la justice. «Demain (aujourd'hui, ndlr) on se présentera pour la première audience au tribunal. Il y a des lois quand même à respecter. L'APC a refusé même de m'octroyer le droit au recours. C'est aberrant. Je suis convaincu que cette démolition a été décidée sur un coup de téléphone», a-t-il fulminé. Plusieurs questions taraudent notre interlocuteur, qui n'arrive plus à croire ce qui s'est réellement passé. Muni d'une demande d'audience adressée au wali et datée d'hier, portant l'accusé de réception des services du cabinet du wali, M. Boukadoum a affirmé que le chef de cabinet et le secrétaire général de la wilaya «lui ont joué un coup» pour le renvoyer ailleurs. Il a ajouté : «Sur les lieux, le chef de cabinet m'a demandé d'écrire une lettre et de revenir. C'est ce que j'ai fait, mais quand je suis revenu, j'ai trouvé le secrétaire général muni d'une autre lettre dans laquelle il est mentionné que le wali a accepté de me recevoir le 23 janvier 2017. Ce qui veut dire que j'ai raté ma réunion avec le wali.» Pour avoir la version des autorités sur cette affaire, nous avons contacté Rafik Boutaghane, vice- président de l'APC chargé des réalisations. Ce dernier a déclaré : «La tutelle a refusé les délibérations établies au mois de décembre 2016 concernant l'exploitation des lieux par le concerné. D'autant plus qu'il se trouve juste à côté de la route et cela n'est pas commode.» En insistant encore plus, ce responsable nous a dit à la lettre : «On nous a dit il faut démolir, on a donc démoli.» Qui ce cache derrière ce «on» ? Qui est le responsable de ce scandale ? Et pour l'intérêt de qui a-t-on procédé à cette démolition ?