A l'heure actuelle, dans cette région du pays, il n'y a que des supputations. On attend que les différentes commissions des partis, qui prennent part à ce scrutin, confirment les listes définitives dans les jours à venir. Les législatives du 4 mai prochain emballent secrètement les partis politiques à Béjaïa. La fièvre reste confinée à l'intérieur des pénates partisanes d'où sortent des bribes timides renseignant sur les ambitions personnelles des uns et des autres. Au RND, la confection de sa liste de candidats est une mission difficile, à double enjeu. Le parti, que dirige localement un ancien député (2007-2012), Kamel Bouchoucha, devra s'ingénier, à la fois, à trouver les bonnes têtes pour séduire le maigre électorat de la wilaya, et contrer le travail de contre-campagne qu'il n'est pas exclu de voir s'engager, même en coulisses, par l'opposition vive du parti. A cela, il ne faudra pas ignorer les rapports de force au sein même des structures du Rassemblement qui seront nourris par la volonté de se faire une place au sommet de la liste et par l'appétit d'anciens députés qui voudront rempiler. C'est le cas du député Omar Alilat, qui veut se faire élire pour un troisième mandat. Des indiscrétions insistantes se plaisent à donner Kamel Bouchoucha tête de la liste RND de la wilaya. La désignation n'est pas certaine mais possible pour au moins deux raisons. Outre le soutien dont jouit ce fidèle d'Ouyahia au sein des instances de son parti, l'homme a réussi à passer lors des dernières législatives, en vertu du nombre de voix glanées. Par la force de la loi du quota imposé légalement pour les femmes, il a «cédé» sa place à Mme Ikhlef Zina, devenue aujourd'hui une voix «dérangeante» au RND. Dans presque tous les partis, la discipline partisane paye souvent et se serait le cas avec Kamel Bouchoucha, qui sait s'effacer devant les injonctions de la hiérarchie du parti. La liste locale du RND sera un produit «maison», parce qu'elle sera confectionnée et approuvée localement, avant de monter au sommet du parti d'Ouyahia pour la valider. Au FLN, les fissures paraissent moindres et les ambitions plus grandes. Il a clôturé son opération de collecte de candidatures avant même que débute celle de la majorité des autres partis. Le carton est plein : plus de 60 dossiers recueillis. Bien que la rumeur propulse au-devant de la scène quelques noms nouveaux sur le terrain du militantisme flniste, le Front ne manquera pas d'avaliser des candidatures d'élus qui veulent tenter de décrocher des sièges plus haut que ceux des APC et de l'APW. Le nom du président de l'APC de Béjaïa, Abdelhamid Merouani, revient en tout cas dans les supputations, qui font croire que le FLN a aplani les dissensions au sein de ses deux mouhafadhas dans la wilaya, dont celle de la Soummam s'est faite entendre fortement à bien des occasions. Si le FLN s'efforce à entretenir ses ambitions dans le secret de ses candidatures, au RCD on n'est pas moins discret. Le parti a commencé à recueillir les dossiers de candidature depuis six jours. Rien, ou presque, ne sort des murs du bureau régional, si ce n'est des chiffres : «17 candidats, dont 5 femmes.» Ce sont les chiffres que nous a communiqués, hier, Mouloud Deboub, président du bureau régional. Timides campagnes Mais selon les échos qui contournent les voix «autorisées», loin de la rue piétonnière, là où se trouve le BR, «seul le dossier de Mouloud Deboub est déposé à Béjaïa, et deux à Tizi Ouzou, ceux des maires de Tizi et d'Iferhounène. Mais la plupart vont être déposés au cours de cette semaine». Parmi cette «plupart», des noms de cadres-militants du parti, qui se sont affirmés ces dernières années sur le terrain politique et dans les instances nationales du parti, sont avancés par des sources fouineuses. Athmane Mazouz, secrétaire national à la communication, 46 ans, a déjà été député à la faveur du scrutin du 17 mai 2007 et chef du groupe parlementaire du RCD. Le nom de Atmane Mazouz est cité, même si le concerné nous affirme n'avoir pas encore déposé son dossier auprès des instances du parti. Il le fera en tout cas, confirme-t-il, probablement autant que certains de ses camarades au secrétariat national, comme Reda Boudraâ, chargé de la formation. Lors de cette étape préliminaire, d'aucuns prennent le soin de taire leur jeu, y compris au FFS qui vient d'ouvrir sa liste de candidatures. Mais pour beaucoup, c'est une évidence que l'actuel chef du groupe parlementaire, Chafaâ Bouiche, figurera en bonne place sur la liste définitive. Pour certains, il la drivera même et se fera accompagner par des députés actuels du parti. La situation au FFS n'est pas sereine, surtout depuis les remous qu'a occasionnés l'exclusion de Rachid Halet. Comme au RND, la qualité des futurs candidats du FFS aura soit à étouffer les doutes profonds de sa base ou, au contraire, à enfoncer celle-ci dans ses déceptions. Cependant, en dehors des velléités de prolongements de mandats, un nom «nouveau» s'impose dans le paysage FFS : Yahia Assam, un neveu de Hocine Aït Ahmed. Sa candidature et son placement en pole position ne souffriraient d'aucun empêchement, lui que l'on semble avoir préparé à cette échéance ces dernières années, à voir son implication dans les activités du parti dont il dirige actuellement la section de Tazmalt. Ceci dit, l'heure n'est qu'aux supputations avant que les différentes commissions des partis qui prendront part à ce scrutin ne confirment les listes définitives. Au milieu de cette atmosphère de mobilisation muette, des candidats indépendants affûtent leurs armes.