Des protestations non-stop sont enregistrées depuis quelques mois en milieu professionnel et c'est souvent les mêmes revendications qui reviennent par la bouche des représentants des différentes corporations. La récente grève suivie à l'unanimité par les travailleurs de l'unité des peintures de Souk Ahras (UPSA) n'est, en fait, que l'expression d'un grave désordre qui caractérise le monde du travail dans cette wilaya où toutes les infractions sont permises. Le jour même du débrayage, nous apprenons qu'un employé gravement atteint par des émanations de produits toxiques était admis dans une structure hospitalière dans un état grave. Le non-respect des mesures d'hygiène entre autres figurent sur la longue liste de doléances remises antérieurement aux responsables par le biais de leur section syndicale. Cette fois-ci, les travailleurs prirent carrément un raccourci pour destituer par la voie des urnes, leurs représentants syndicaux, jugés trop dociles sinon aux ordres. Voici la déclaration de l'un des initiateurs de la grève : «Nos problèmes qui sont légion n'ont jamais inspiré la défunte section syndicale, d'où un cumul de préoccupations qui devaient aboutir à un forcing, dont acte». Le passage des membres de l'Union locale (UGTA) a été une occasion pour veiller au respect du choix des travailleurs. À Dréaâ, le secteur de la formation professionnelle était sous les feux de la rampe la semaine dernière, et ce à cause d'un bras de fer engagé par les travailleurs en réaction à une sanction infligée à l'un de leurs représentants, affilié, pour rappel au SNAPAP (syndicat national autonome des personnels de l'administration publique). Dans une correspondance adressée aux différents responsables (copie remise à El Watan) nous lisons ceci : «Notre action est un appel lancé aux responsables pour que cessent les dépassements, les pressions contre les délégués syndicaux incluses». La tutelle administrative du secteur invitée au dialogue a lâché du lest et c'est tant mieux pour la stabilité de l'institution. Ceci n'est pas le cas pour le personnel des communes, ceux du chef-lieu en pôle position, les secteurs de l'éducation, des impôts…où une grogne persistante va irrémédiablement vers la brisure. Salaires et arriérés impayés, mutations arbitraires, entraves aux promotions, sanctions abusives, non-respect des mesures de prévention, absence de concertation… Même la main-d'œuvre étrangère en est affectée. Des Chinois sans salaires depuis des mois ont manifesté pacifiquement tout près des chantiers. D'aucuns se demandent si les instances de contrôle et tous ces diseurs de bonnes nouvelles s'agissant du respect des droits ont autre chose à apporter, eux qui aiment tant seriner à propos d'une population qui refuse de travailler.