Il y avait une certaine fébrilité dans l'air jeudi après-midi à l'Institut national supérieur de musique, à Alger. Et pour cause. Les élèves s'apprêtaient à faire découvrir leur «classe» instrumentiste et lyrique. Les étudiants s'affairaient dans le hall de l'Institut national supérieur de musique, communément appelé INSM. Car c'est le grand oral pour eux. La grande audition, la répétition générale pour convaincre. Un univers de Fame — la série TV sur une école de musique à New York et la chanson éponyme d'Irène Cara — dans l'air. Ils se prénomment Sandra, Ibtissem, Belkacem, Sofiane, Khalil ou encore Abdelwahab. Ils sont jeunes. Ils ont entre 18 et 22 ans. Et ils ont du talent à revendre. Et la plupart ont appris à jouer d'un instrument après l'obtention du bac. Certains, comme Aghiles, qui, en quelques mois a su maîtriser à merveille le cor. C'est dire l'esprit d'émulation qui anime ces jeunes. Et le potentiel dont ils regorgent. LIBERER LES ENERGIES Cette initiative, celle d'organiser un concert des élèves de l'INSM, et par conséquent présenter une pépinière, un vivier bouillonnant de talents à l'état pur, émane du frais émoulu directeur de l'Institut national supérieur de musique, Abdelkader Bouazara, nommé il trois mois, et qui n'est plus à présenter. Il a dirigé l'Orchestre symphonique national (OSN) depuis 2001, avec abnégation et probité, en sillonnant les 48 wilayas du pays pour faire partager cette mélomanie. Il a lancé le fameux Festival international de musique symphonique d'Alger, et, contre vents et marées, austérité oblige, il continue à œuvrer pour son succès et celui de l'Algérie. C'est un acquis. Donc, le nouveau directeur, Abdelkader Bouazara, a voulu faire une «école»…de musique à l'INSM. Libérer les énergies, encourager la création et promouvoir les jeunes talents. Un grand oral pour les élèves, car le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, figurait parmi le public, ainsi que Mme Nadia Labidi, ancienne ministre de la Culture, Sami Bencheikh, DG de l'Office national des droits d'auteur et droits voisins (ONDA), Mohamed Bouazara, journaliste et ancien député…Les élèves devaient se montrer sous leur meilleur jour et surtout, encore une fois, convaincre. Et briller des mille feux…de la rampe. Sandra, Ibtissem, Khalil, Belkacem et les autres Aussi, les «happy few» de l'audience seront agréablement surpris par la jeune soprano, Ibtissem Amrane, ayant interprété Lascia Chiopianga de G. F. Handel, Aghiles Touadi (cor) pièce de Ludwig Van Beethoven, Khalil Rouazmi, premier concertino de George Guilhand, un professionnel du saxophone, Brahim Babou Capricho arabe de F. Tarrega, en accord parfait avec sa guitare, Banalioua Hassen Belkacem, le violoncelliste et harpiste bourré de talents, sur Danse Georgienne d'Aibazian, le duo de flûte, Sandra Hamaidi et Guellal Idir, au jeu très subtil sur Sonate pour deux flûtes (2e mouvement), de J .B.Loeillet, Abdelwahab Bougherda, au oûd sur un samaâi arabe, un luth de classe et classique, Mustapha Belbahir, jouera du violon sur du John Williams (La Liste de Shindler), des cordes presque vocales et émouvantes, Amara Aïssa, un ténor léger mais massif de par sa tessiture sur Un'aura Amorosa de Wolfgang Amadeus Mozart, Sofiane Frendi dévoilera un art pas du tout mineur avec son instrument de prédilection, le marimba (xylophone) en exécutant Czardas de Monti. La relève arrive L'orchestre de l'INSM, sous la direction du maestro Rachid Saouli, accompagné au piano par l'intraitable et professionnelle professeure Kheira Mokrane, interprétera des morceaux choisis, tels que Te Deum composé par Marc-Antoine Charpentier, c'est le fameux générique de l'Eurovision des années 1970, Cole Porter Salute de Cole Porter et arrangé par John Whitney, Quatre Saisons de Vivaldi, Wahran Wahran d'Ahmed Wahbi, Jahanagh Bezzef, d'Akli Yahiaten, ou encore Yaracha El Fetten (chant du patrimoine) arrangé par Rachid Saouli. «C'est sans doute une occasion pour hisser le niveau à l'INSM. Développant et faisant découvrir de jeunes talents dans un espace de formation qui est aussi un vivier. Nous avons confiance en sa direction, son encadrement, ses professeurs…Nous réfléchissons à un orchestre «B» puisant aussi dans les instituts régionaux de musique. Je souhaite au directeur de l'INSM, Abdelkader Bouazara, et son staff, beaucoup de réussite. Car ils ont beaucoup de mérite. Et je les exhorte à de nouvelles expériences de ce genre. Pourquoi pas nous surprendre par un concert à l'Opéra d'Alger. Pourquoi pas ?…», encouragera le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi. C'est sûr, la relève est assurée. Et ça assure, grave !