Vingt-trois ans après son assassinat, le legs culturel du défunt Abdelkader Alloula continue toujours d'intéresser les amateurs du 4e art et le grand public. Pour marquer le 23e anniversaire de son assassinat, une journée d'étude a été organisée hier aux Issers, dans la wilaya de Boumerdès, par l'association Cirta, en collaboration avec les autorités locales et la direction de la culture. Cette manifestation, rehaussée par la présence de Mme Raja Alloula, a vu la participation de nombreux dramaturges et de personnalités du monde culturel et artistique. Les travaux ont été entamés dans la soirée de vendredi avec la présentation de séquences des spectacles du défunt par la troupe du Café littéraire de Sidi Bel Abbès. La journée d'hier a été marquée par la présentation de trois conférences, suivies de débats sur l'œuvre du dramaturge. «Abdelkader Alloula était une sommité mondiale du 4e art. Non seulement il a révolutionné le théâtre en le sortant des quatre murs, mais il a été un fervent défenseur des libertés et des valeurs humaines. Le défunt était toujours aux côtés de son peuple et a lutté pour la préservation de l'identité et du patrimoine culturels de l'Algérie», a précisé Berechid Abdelkrim, le dramaturge et auteur de pièces de théâtre marocain. Pour lui, l'auteur d'El Goual, Ledjouad, El Litham, est l'un des rares dramaturges à avoir été à la rencontre du public. «Alloula dénonçait ‘‘shab chkara'' et luttait pour changer les mentalités archaïques de ses concitoyens. Il a renversé l'équation qui consiste à dire que c'est le public qui doit aller vers l'artiste. Il n'aimait pas les écoles classiques. Alloula était porteur d'un projet culturel. Il a favorisé la simplicité du décor et la force du verbe. Il préférait organiser ses spectacles en plein air, car il a le sens du partage», a-t-il expliqué. Certains présents, à l'instar du dramaturge Omar Fetmouche, se sont interrogés sur les raisons de la régression du modèle Alloula et les raisons de l'imitation exagérée de l'Occident. Tout en admettant cette réalité et l'absence de frontières dans le domaine de l'art, le conférencier soutient que la dépendance ne favorise pas la création. Pour Antar Hellal, connu sous le nom de Aïssa Story, le travail entamé par Alloula n'a pas été parachevé et développé par les comédiens qu'il avait formés. Mme Raja Alloula, elle, déplore le fait que les œuvres de son défunt mari soient méconnues par les jeunes d'aujourd'hui, précisant que de nombreuses maisons d'édition ont refusé la publication de ses textes. Pour Azzedine Daïd, auteur et metteur en scène, le projet de Alloula de sortir le théâtre des salles est tombé à l'eau à cause de la décennie noire, la restriction des libertés, la fermeture des salles de cinéma et les dégâts causés durant ces dix dernières années par la politique de Khalida Toumi.