Célébrer la Journée de la femme dans la réflexion, c'est ce qu'a fait le département de français de l'université Alger 2, en organisant, le 8 mars, une journée d'étude autour des représentations de la femme dans tout type de discours. La femme est pensée, écrite et décrite dans les discours souvent structurés par des grilles patriarcales aliénantes», écrivent, en guise d'argumentaire, les deux responsables scientifiques de cette journée, Dr Sabrina Fatmi et Dr Hassiba Benaldi. Des chercheurs se sont penchés sur les représentations de la femme dans les manuels scolaires algériens qui reproduisent des clichés et stéréotypes de la société. La femme est représentée dans l'image figée que lui veut cette même société qui ne la libère pas de ces moules qu'éclatent pourtant les temps modernes. De là à imaginer «une femme présidente de la République»… L'idée a été soumise au débat sur Facebook par une doctorante, dont l'analyse du discours a porté sur des commentaires «négatifs». «Comment le sujet politique parvient-il à produire chez le peuple la connaissance d'une intention, alors que le discours qu'il profère en porte une autre ?», c'est l'une des questions que pose une doctorante en sciences du langage, en soumettant à analyse le discours de Bouteflika prononcé à l'occasion du 8 mars 2004. Une autre doctorante s'est intéressée aux représentations de la femme dans le discours politique de Donald Trump durant sa campagne électorale. Les théories convoquées sont orientées vers l'image que son discours dégage de sa femme, Melania Trump, et de Hillary Clinton, laquelle image est présentée comme étant celle du citoyen américain. L'image de la femme passe aussi par «l'ethos» dont il a été question dans deux communications. L'une sur «La mise en mots d'un ethos collectif» à travers le discours d'une femme de théâtre en la personne de Fouzia Aït El Hadj, l'autre, sur l'ethos de l'héroïne dans Le pied de Hanane, roman autobiographique de Aïcha Kassoul. La femme dans le discours littéraire prend différentes représentations et images. Concernant Sauvage, de Nina Bouraoui, et Hizya, de Maïssa Bey, une communicante a tenté de répondre à la question de savoir «par quels moyens [les] noms propres trompent-ils leur lecteur afin d'orienter sa lecture dans le sens des préjugés déjà instaurés sur ces écrivaines et leur écriture ?» Une autre a porté son intérêt sur la trilogie SDF, de Yasmina Khadra, en essayant de «saisir le fonctionnement du personnage féminin». Ce personnage féminin évolue, dans l'œuvre d'Assia Djebar, avec un rapport d'altérité qui fait que la femme et l'homme «se côtoient, s'appréhendent, s'apprécient et se réconcilient». Dans l'œuvre amrouchienne, le contexte est tout autre. Il y a dans Histoire de ma vie, de Fadhma Ath Mansour Amrouche, et Rue des Tambourins, de sa fille Taos, l'image de la femme rebelle, à l'exemple de Aïni, qui tente de s'affranchir de la domination masculine. Le «je» de la narratrice de Je suis une femme, une nouvelle de notre défunte consœur Nesrine Sellal, est «conjugué dans la douleur, l'exclusion et l'avilissement», analyse un doctorant. Un «je» qui se présente aussi dans une écriture subversive, synonyme d'affirmation de soi comme celle qui s'exprime dans Le roman africain contemporain, où il est fait place à «des personnages féminins hauts en couleur». L'œuvre de Maïssa Bey est re-convoquée avec Au commencement était la mer, et son «écriture fragmentaire» qui reflète «la réalité tragique de la femme en particulier et concrétise une esthétique de la violence». Malika Mokeddem, quant à elle, donne la parole, dans Des rêves et des assassins, à des femmes qui «racontent leur histoire et celle de l'Algérie qui est une autre figure féminine du roman».