Hôte du centre Pierre-Claverie à Oran, Maïssa Bey a présenté devant un public nombreux son livre Hizya sorti récemment chez Barzakh éditions. Elle commencera par un bref aperçu sur Hizya, immortalisée par un poème de Ben Guitoun, chanté notamment par Khlifi Ahmed et Ababssa le siècle dernier. Morte à 23 ans, elle est enterrée à Sidi Khaled dans la région de Biskra. L'écrivaine dira que la légende de Hizya lui a servi de prétexte pour «parler d'autres Hizya» des temps modernes. Cependant, elle tiendra à préciser que la «Hizya du roman ne représente pas les femmes algériennes». Elle expliquera que certains médias français ont essayé de l'embarquer dans ce genre de généralisation. L'héroïne de son roman, une jeune fille d'une famille ordinaire vivant à Alger, nommée elle aussi Hizya, «va s'abreuver du poème de Hizya», un poème «très érotique», tiendra-telle à souligner. Coiffeuse de son état, elle est tellement prise par ce poème «qu'elle finit par nourrir son imaginaire et rêve de vivre une expérience amoureuse semblable à celle de son héroïne». Embarquée dans ce rêve, «elle commencera à ouvrir les portes et les fenêtres» dira l'hôte du centre Pierre-Claverie. Elle sera «surprise par son frère, en flagrant délit de promenade avec un garçon». Et contrairement à ses appréhensions, «elle découvrira que son frère, lugubre d'apparence, a des sentiments et souffre lui aussi» de ce manque d'amour. Après un bref exposé, l'écrivaine optera pour le débat avec son public, précisant que «c'est la première présentation de ce roman en Algérie». Interrogée sur la construction de son roman où pas moins de quatre voix sont intercalées (celle de l'auteur, de Hizya la jeune femme réelle, celle de Hizya de la légende et celle de la société), elle se contentera de dire «j'ai retardé le processus de rédaction de ce roman pendant des mois pour arriver à cette construction». A une question, elle tiendra à préciser : «Les personnages féminins de mes romans sont choisis justement à un moment où ils doivent opérer des choix.» L'écriture, un moment de plaisir Mais Maïssa Bey s'interdit de se réclamer en tant qu'écrivain de femmes, encore moins écrivain féministe. Sollicitée à s'exprimer sur le père de l'héroïne de son roman, elle le qualifiera de «véteran d'une guerre qu'il n'a jamais faite», puisqu'il est né en 1954, date du déclenchement de la guerre de Libération nationale. Elle ajoutera : «C'est un admiratif du passé parce que le présent lui échappe.» Sur un autre chapitre, Maïssa Bey avouera sa crainte «du lecteur idéal». Pour elle, l'écriture est un moment de plaisir et elle ne se soucie pas beaucoup des lectures possibles de ses œuvres par son lectorat. Eu égard au nombre d'exemplaires écoulés lors de la vente-dédicace, on peut avancer que Maïssa Bey jouit d'une grande aura à Oran. Nombreux sont ceux qui sont repartis déçus parce qu'ils n'ont pu acquérir le dernier ouvrage de Maïssa Bey.