C'est décidé : la campagne de vaccination antirougeole et antirubéole des élèves âgés entre 6 et 14 ans ne se déroulera plus dans les établissements scolaires mais dans les structures de santé de proximité spécialisées. Depuis le début de l'opération, seuls 21% ont pu être vaccinés. 1 - Pour éviter les malformations congénitales des bébés «Les malformations congénitales sont une réalité», explique le professeur Dif. En effet, l'un des risques majeurs de ne pas se faire vacciner contre la rubéole, notamment les femmes, est de donner naissance à un enfant avec des malformations congénitales. Mais, concrètement, qu'est-ce qu'une malformation congénitale ? «Une malformation présente à la naissance sans être pour autant héréditaire. Il existe des malformations congénitales mineures et d'autres majeures fortement handicapantes ou qui peuvent même entraîner la mort», explique le pharmacien Ahmed Benfares. C'est pour cela qu'il est nécessaire de faire la sérologie de la rubéole avant toute conception et même en prénuptiale pour savoir si la personne a contracté la rubéole auparavant, ce qui la rendrait immunisée contre cette maladie. Autrement, il faudra procéder à la vaccination. De son côté, le professeur Dif trouve qu'il est dommage que pour des raisons multiples et pas toutes justifiées qu'il y a eu perte de confiance de la population vis-à-vis des vaccinations proposées par les deux campagnes de vaccination qui avaient pour but d'éradiquer la rougeole, une maladie grave, mortelle et sujette à complications. Selon lui, «pour éviter tout risque de mort-né, d'avortement et surtout de naissance vivante mais lourdement handicapée, le mieux est de se faire vacciner». 2 - Il n'y a pas de traitement contre la rougeole ou la rubéole Il n'existe aucun traitement pour soigner la rougeole ou la rubéole. Ces maladies étant virales, les antibiotiques sont inutiles. Le meilleur moyen de se protéger donc contre ces maladies est de se faire vacciner. C'est pour cela que le vaccin RR (rougeole-rubéole) est quasi-automatique chez le nourrisson. Le professeur en épidémiologie Abdelkrim Soukehal explique : «C'est une maladie virale, et comme toutes les maladies virales, il n'y a pas de traitement. On est donc obligé de permettre au corps de se défendre contre les virus, et c'est pour cela que seul un vaccin peut permettre une montée d'anticorps capables de défendre le corps contre une attaque virale». A cet effet, le spécialiste met en garde : «Pas plus tard que la semaine dernière, a sévi une forme d'une épidémie, c'est-à-dire une augmentation anormale du nombre de cas de rougeole en Roumanie qui a tué 17 enfants». En effet, ces derniers n'étant pas vaccinés et donc non protégés contre ce virus, ils sont décédés. «En Algérie, cela fait des années que nous n'avons pas eu d'épidémie de rougeole ; il n'empêche, on peut avoir des épidémies si les enfants ne sont pas vaccinés», conclut-il. Qu'en est-il de la femme enceinte ? «Si la femme contracte la maladie pendant la grossesse et si la sérologie est négative, elle doit se tenir à l'écart et à l'abri de toute possibilité d'infection, loin des enfants qui en général sont les plus atteints entre 5 ans et 9 ans», soutient Ahmed Benfares. 3 - Les personnes nées avec des malformations congénitales coûtent cher à l'Etat Une autre raison de se faire vacciner est qu'une personne née avec des malformations congénitales coûte cher à l'Etat. En effet, les risques encourus en cas d'une rubéole pendant la grossesse sont nombreux tels que l'avortement, la prématurité, des troubles oculaires, auditifs, des malformations cardiaques et le retard mental. Ahmed Benfares explique : «Toutes ces maladies constituent de lourds fardeaux pour la société et peuvent être évitées par quelques précautions qui sont une sérologie prénuptiale et une vaccination bien conduite.» De son côté, le professeur Soukehal pense qu'il faut plus estimer combien cela coûte en termes de souffrances : «Que peut-on faire à un enfant né avec une malformation congénitale au niveau des yeux et qui ne voit pas ? On ne peut pas lui rendre la vue ! Un enfant né sans oreilles ou sans pieds, que peut-on faire pour lui ? Et un autre né avec une malformation congénitale cardiaque, à combien s'élèvera sa prise en charge ?» Pour le spécialiste, pour éviter tout risque, le mieux est de se faire vacciner. 4 - La majorité du personnel scolaire est féminin Vacciner les enfants, c'est protéger le staff de l'éducation contre le risque de transmission du virus. En effet, «64% du personnel de l'éducation (éducatrices, enseignantes, surveillantes, directrices, etc.) sont des femmes», affirme Mohamed Cherfaoui, chargé de communication au ministère de l'Education. Ces dernières sont souvent en âge de procréer. Etant en contact permanent avec des enfants non vaccinés qui peuvent contracter le virus à tout moment cela représente donc un risque pour le futur bébé. C'est pour cela que vacciner les 7 millions d'enfants réduirait le risque de contaminer les futures mamans qui sont en contact direct avec ces enfants, et donc éviter tout risque pour le fœtus. 5 - Ces maladies sont encore plus difficiles à l'âge adulte C'est connu, contracter la rougeole ou la rubéole à l'âge adulte est d'autant plus éprouvant que durant l'enfance. «Contracter ces virus à l'âge adulte est très grave. C'est pour cela qu'on favorise la vaccination des enfants, car elle permet une double protection : celle de l'individu car lui-même est protégé, et la seconde est une protection collective assurée par cette vaccination individuelle», confie le professeur Soukehal. Ainsi, pour éviter tout risque, le mieux est de se faire vacciner. Car même si la rougeole et la rubéole sont des maladies infantiles, l'infection des adultes reste possible. A cet effet, le professeur Soukehal explique : «Si vous avez déjà des anticorps, se faire vacciner est un rappel pour le corps qui va en fabriquer d'autres afin d'augmenter son immunité. Cela diminuera le risque de contamination».