Des dizaines de personnes se sont recueillies, mercredi, sur la tombe de l'écrivain Mouloud Feraoun, au village Tizi Hibel, commune d'Aït Mahmoud relevant de la daïra de Beni Douala, à une vingtaine de kilomètres au sud de Tizi Ouzou, où l'association qui porte le nom du défunt a mis sur pied un programme aussi riche que varié pour marquer le 55e anniversaire de l'assassinant de l'auteur du Fils du pauvre. Ali Feraoun, fils du défunt, dira : «Plus d'un demi-siècle après l'assassinat de mon père, il y a encore des jeunes qui organisent des activités autour de son œuvre, car il s'agit d'un grand travail de mémoire.» Slimane Allem, président de l'APC d'Aït Mahmoud, lance un appel aux autorités pour baptiser le nouveau lycée de Beni Douala au nom de Feraoun. «Cet homme était un enfant du secteur de l'éducation. Aucun édifice public ne porte son nom dans la daïra de Beni Douala», a-t-il ajouté avant que Djamila Bouaziz, vice-présidente de l'APW, ne prenne la parole pour dire que «Feraoun est un géant de la culture algérienne et kabyle en particulier. Les portes de l'APW sont ouvertes pour aider le mouvement associatif, surtout quand il s'agit des associations qui travaillent dans le sens d'immortaliser nos hommes de culture et valoriser notre patrimoine». De son côté, Farid Mahiout, directeur du Théâtre régional Kateb Yacine de Tizi Ouzou, a estimé qu'à travers l'assassinat de l'auteur de La terre et le sang, l'OAS voulait tuer l'intelligence. Invité par les organisateurs à prendre la parole, Makhlouf Faked, ancien journaliste, dira : «J'ai beaucoup d'émotion d'être ici pour la commémoration de la mort de Feraoun et ses autres amis qui étaient des hommes de haute valeur. Si l'OAS n'avait pas écourté sa vie, il aurait pu décrocher le prix Nobel», a-t-il précisé. Notons, par ailleurs, que des représentants de la fondation colonel Amirouche et de celle de Mustapha Bacha ont pris part à cette commémoration, dont le programme se poursuivra sur trois jours aussi bien dans la daïra de Beni Douala qu'à Tizi Ouzou, où la direction de la culture de wilaya a mis en place une exposition de livres, de coupures de journaux et de photos pour retracer la vie et l'œuvre des six inspecteurs assassinés par l'OAS. Rappelons enfin que Mouloud Feraoun a été fusillé par un commando de l'OAS, avec ses compagnons, Ali Hamoutène, Salah Ould Aoudia, Max Marchand, Robert Eymard et Marcel Basset.