Le vaccin antigrippal sera, et pour la première fois, officiellement porté sur la liste des médicaments remboursables. L'avis favorable a été donné, il y a quelques jours, par le Comité de remboursement des médicaments (CRM), composé de représentants de différents ministères. Une décision que Tayeb Louh, ministre du Travail et de la Sécurité sociale, ne tardera pas à entériner pour être enfin publiée dans le Journal officiel. Ce qui amorcera sa mise en application au niveau des caisses de Sécurité sociale à travers le territoire national. Mais le remboursement de ce vaccin ne concernera qu'une catégorie de la population, la plus vulnérable. Avouant que la maladie est loin d'être bénigne, avec des conséquences parfois dramatiques pour les personnes âgées ou fragilisées. M. Bourkaïb, directeur général de la sécurité sociale au ministère du Travail, précise que ne seront concernées par ce remboursement que les personnes âgées de plus de 65 ans et celles qui présentent des risques. Il cite les malades chroniques, tels que les diabétiques, les personnes souffrant de problèmes cardio-vasculaires et d'accidents vasculaires cérébraux invalidants (AVC), les malades souffrant d'insuffisance respiratoire chronique grave et les insuffisants rénaux. D'autres malades présentant des complications graves sont également concernés, a-t-il ajouté. L'introduction de cette nouvelle dénomination commune internationale (DCI) dans la liste des médicaments remboursables ouvre la voie aux nouvelles marques détentrices d'autorisation de commercialisation si les fournisseurs souhaitent rembourser leurs produits. Il rappelle que l'actualisation de cette liste est semestrielle. Selon lui, une fois ces marques introduites dans le fichier (la liste des médicaments remboursables), elles seront automatiquement soumises à un tarif de référence. Il est à déplorer que cette nouvelle décision que les Algériens attendaient depuis des mois n'est pas suivie d'une campagne de sensibilisation et d'information censée être menée par le ministère de la Santé à propos des avantages de la vaccination antigrippale. Pourtant, des quantités importantes de ce vaccin ont été importées par l'Institut Pasteur d'Algérie (IPA) sans pour autant recourir à un appel d'offres, comme cela est prévu par la réglementation en la matière. La première tranche était alors de 700 000 unités obtenue d'un même laboratoire. Une autre quantité de 100 000 unités doit être réceptionnée ce 20 novembre auprès d'un autre laboratoire. Combien de personnes ont été vaccinées depuis l'arrivée des premières boîtes ? Comment va-t-on écouler toutes ces quantités, sachant que la période de vaccination et l'efficacité de ce produit sont limitées dans le temps ? D'ailleurs, des pharmaciens et des grossistes n'ont pas manqué d'exprimer leur inquiétude quant aux pertes sèches qu'ils risquent d'enregistrer avec ce produit qui a du mal à être vendu. « L'année dernière, le vaccin antigrippal a été vendu comme des petits pains, contrairement à cette année. Quand les malades se présentent à la pharmacie, ils demandent d'abord si le vaccin est remboursable. Comme il ne l'est pas encore, on trouve son prix cher. Les ventes ne dépassent pas les 30% », nous dit une pharmacienne à Kouba. Sa collègue de Mohammadia vit également le même problème. « J'ai commandé une quantité importante, croyant que les choses allaient se passer comme l'an dernier, mais finalement je me retrouve avec un surplus. Je propose à mes collègues de me reprendre quelques boîtes », a-t-elle souligné, précisant que la saison de vaccination tire à sa fin et les produits sont toujours en pharmacie. L'année dernière, une campagne pour la vaccination gratuite en faveur des personnes âgées a été menée tambour battant par Amar Tou. L'effet d'annonce de la grippe aviaire a sans doute motivé cette action. Mais le spectre de la grippe aviaire est toujours là ! Pourquoi la direction de la prévention au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a passé sous silence cette action préventive face à une éventuelle épidémie qui pourrait causer des centaines de morts ? A signaler que la vaccination antigrippale est possible pour tous les individus à partir de l'âge de 6 mois. Le vaccin n'est efficace qu'au bout de 10 à 15 jours et les épidémies de grippe démarrent brutalement. Elles peuvent survenir d'octobre à mars. La meilleure période pour se faire vacciner va, selon les spécialistes, du mois d'octobre à la mi-décembre. Un délai de 15 jours est nécessaire à l'organisme pour la production des anticorps responsables de la protection.