L'association Ithri Ibouraine a organisé vendredi et samedi passés la 6e édition de son festival Aderyis, consacré à l'art et aux traditions. Deux jours durant, le centre culturel Hami Arezki et l'école primaire Assam, qui ont abrité cette manifestation, ont constitué une destination privilégiée pour de nombreux visiteurs venus de différentes parties du pays. Initialement dédiée à la diva de la chanson kabyle, Louiza, qui célèbre cette année ses quarante ans de carrière, cette édition s'est convertie en dernière minute en hommage à Mouloud Mammeri, mais en maintenant le programme tracé dans sa quasi-totalité. Ecrivains, poètes, chanteurs, danseurs, journalistes, hommes de théâtre, acteurs associatifs, élus locaux... il y avait en tout cas du monde à cette manifestation, à la grande joie du public, ravi de voir autant de noms du landerneau culturel kabyle réunis. Younès Adli, dont la conférence a été interdite dernièrement à Aokas, était là, sourire vissé aux lèvres dédicaçant trois de ses ouvrages et répondant gentiment aux questions de ses lecteurs. Les auteurs, Ahcène Mariche, Idir Bellali et Mohand Naït Abdellah, affables et souriants, ont dédicacé eux aussi leurs ouvrages et se prêtaient cordialement aux séances photos avec leurs fans. L'artiste-peintre Zahia Mehalem, venue de Larbâa Nath Irathen, a exécuté avec dextérité de jolis dessins sur papier noir à l'aide d'une lame devant une assistance ébahie par sa technique. Des exposants ont exhibé leurs divers produits à la vente. La foule et la bonne ambiance étaient au rendez-vous de cette manifestation, véritable carrefour culturel et de rencontre. Une mosaïque culturelle Entamé le vendredi matin par une sortie aux champs effectuée par les habitants du village Ibouraine pour récolter les racines de la thapsia garganica entrant dans la préparation du couscous de circonstance, le programme des festivités a été inauguré cette année au centre culturel par un spectacle de danse traditionnelle exécuté par Kouche Mhenni, le danseur attitré de la région. Pour dire l'importance accordée par ce festival à l'art poétique et à l'art dramatique, la première journée de la manifestation leur a été totalement consacrée. Pas moins d'une dizaine de poètes venus de diverses régions de Kabylie ont déclamé leurs rimes et la troupe théâtrale «José» de Seddouk a offert une représentation de son cru. La seconde journée a été ouverte elle aussi par un spectacle de danses kabyles présenté par la troupe du CCJ d'Akfadou. A midi, l'assistance a partagé dans une atmosphère de convivialité le repas de circonstance «seksou Ouderyis» avant de rallier l'école primaire adjacente au centre culturel prévue pour abriter le gala artistique. La nombreuse foule bigarrée, avec une forte présence féminine qui s'est amassée dans la vaste cour de l'école primaire, a suivi durant plus de trois heures les artistes qui ont animé ce clou du programme. Belaïd Tagrawla, Idir Akfadou, Dalila Brahim, Loualia Boussaâd, Karim Khelfaoui, Farid Braïk et Boualem Boukacem se sont relayés sur scène et ont semé leurs notes et leurs rimes pour dire, comme l'a si bien résumé Mourad Touak, le président du festival, que «le printemps ne sera que plus beau».