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«La fascination peut conduire à l'addiction»
RAHALI F. Djalila. Spécialisée en cyberpsychologie
Publié dans El Watan le 01 - 04 - 2017

Les Algériens sont de plus en plus connectés à internet et consultent les réseaux sociaux. Cette fascination peut-elle conduire à l'addiction ?
Les Algériens ont commencé à se connecter il y a un peu plus d'une décennie, mais ils le sont encore plus grâce à la facilitation d'accès à internet, à savoir l'introduction de la 3 et la 4G, la démocratisation du marché des smartphones et la baisse des prix de connexion. Internet étant l'outil le plus fort et le plus efficace au monde en information et en communication, a un aspect attrayant, suscitant plus la curiosité de l'être humain que son désir d'apprendre. De là peut venir tout le mal puisque c'est cette curiosité, parfois incontrôlable, qui fait que l'utilisation d'internet peut devenir problématique.
Ce mal a un nom, voire des noms : l'addiction à internet, la cyberdépendance, l'usage problématique d'internet (UPI), pour ne citer que ceux-là. Cependant, il faut savoir que tout abus d'utilisation d'internet n'est pas forcément une addiction. Ainsi, pour diagnostiquer cette dernière comme telle, le temps passé à surfer n'est pas le seul critère, comme beaucoup le croient.
Il faut en plus que l'individu ne puisse pas décrocher du web par lui-même et que toutes ses tentatives sont automatiquement vouées à l'échec. Aussi, faut-il que ce mal se répercute sur sa vie sociale et familiale et que toute remarque à propos de son abus de connexion le pousse à réagir violemment par la colère, le dégoût et surtout par le mensonge à propos du temps qu'il a passé sur internet.
La fascination peut donc conduire à l'addiction, mais pas seulement puisqu'elle n'est, en fait, que la première étape de ce trouble comportemental. D'ailleurs, des études internationales récentes ont prouvé que les nouveaux utilisateurs d'internet sont les plus exposés à devenir addicts.
De là, comme pour toute addiction, il y aurait d'autres causes derrière la cyberdépendance comme les problèmes familiaux, l'échec conjugal, la perte d'un être cher, l'échec scolaire, le stress au travail, et j'en passe. Toutes ces causes peuvent donc amener un individu à fuir la réalité en se réfugiant dans le virtuel. Je rejoins plusieurs avis selon lesquels l'élément de la virtualité dans le cybermonde facilite la création et l'installation de nouveaux troubles psychologiques.
L'internaute algérien est aussi concerné et le sera encore plus avec l'amélioration du débit de connexion. Ainsi, il est très facile que ce dernier bascule vers l'addiction, d'où la nécessité de le sensibiliser et l'orienter vers les solutions avant que cela n'arrive ou avant qu'elle ne cause de grands dégâts. La prise de conscience à ce stade-là est primordiale.
Comment l'internaute algérien utilise-t-il internet ? Internet est-il ludique, ou dépasse-t-il ce cadre ?
A l'origine, internet a été conçu pour l'échange et le partage d'informations et de connaissances. L'Algérien, comme tout internaute dans le monde, utilise internet de plus en plus dans sa vie quotidienne. Il ne sort de chez lui qu'après avoir consulté la météo sur son smartphone, il lit ses journaux favoris en ligne, consulte ses e-mails quand il veut et où il veut, communique avec ses proches et amis et se divertit de temps en temps à travers les jeux en ligne ou autres. Internet est un outil de recherche très puissant. Utilisé à bon escient, il ouvre un champ extraordinaire au développement sur tous les plans.
D'ailleurs, à travers mon observation continue d'internet depuis plus d'une quinzaine d'années, entre autres Facebook, j'ai pu constater que beaucoup d'Algériens, des adultes en majorité, l'utilisent dans des activités de sensibilisation et de bénévolat. Plusieurs groupes luttent contre les fléaux sociaux chez les jeunes, d'autres aident les malades chroniques à être pris en charge, une autre catégorie lutte pour la protection de l'environnement, etc.
Ceci est le bon côté. Le mauvais est que des comportements dangereux viennent de personnes inconscientes et insouciantes. Il n'y a qu'à voir le nombre d'accidents de la route qui arrivent chaque année à cause du manque de vigilance causé par l'utilisation des réseaux sociaux pendant la conduite. Il y a aussi une perte des valeurs du partage réel de la vie. Je citerai l'exemple de personnes qui passent leurs journées, tête baissée, yeux collés à leur smartphone, même quand elles sont en présence d'amis, de la famille, du conjoint ou des enfants. Elles passent à côté de leur vie sans le savoir malheureusement.
J'aimerais aussi ne pas oublier de citer un phénomène très grave que j'ai pu palper sur plusieurs profils et murs d'internautes algériens, qui sont pour la plupart des jeunes. Il s'agit du cyber-harcèlement entre les jeunes d'un même établissement. Voyez-vous, internet a dépassé de beaucoup son cadre dans les deux sens, positif et négatif.
Les chercheurs affirment que les réseaux sociaux ont isolé les jeunes dans une espèce de bulle virtuelle. Est-ce vrai, ou ce n'est qu'une caricature ?
A vrai dire, la chose est tellement réelle que la caricaturer nous donnerait une réelle image sur sa gravité. Il est très facile de confirmer cela en observant les comportements de nos jeunes autour de nous, dans les espaces publics, dans les établissements scolaires, chez eux, etc. Ils communiquent via texto avec leurs amis qui se tiennent à proximité, partagent des «émojis» au lieu d'émotions, ont des centaines d'amis sur leur compte Facebook et parfois pas un de vrai dans la réalité, favorisent leurs contacts sur les réseaux sociaux et les font passer avant leurs parents et proches. Non conscients de leur boulimie digitale, ils continuent à faire changer la société en adoptant de nouvelles formes de contact et de communication.
Ceci s'est même répercuté sur notre système de valeurs. Tandis que les enfants, eux, vont plus vers les jeux en ligne qui contiennent pour la plupart des éléments addictogènes. L'addiction aux jeux vidéo en ligne ou hors ligne chez les enfants est un autre mal qui ronge la société puisqu'il se répercute généralement sur leur scolarité, leur santé psychique et physique aussi.
Ma dernière recherche auprès de 187 parents d'élèves d'une école primaire a révélé qu'il y a une corrélation positive entre la peur de ces parents du kidnapping de leurs enfants et le risque d'addiction aux plateformes électroniques connectées chez ces derniers.
En effet, poussés par cette peur, presque 89% des parents sont allés vers l'enfermement de l'enfant à domicile en mettant à sa disposition tous genres de gadgets électroniques connectés. Il est bon de signaler aussi que les jeunes d'aujourd'hui font leur crise d'adolescence dans le monde virtuel qui leur garantit deux choses essentielles, voire fondamentales : l'anonymat et l'absence du contrôle parental. Internet est devenu tout simplement leur zone de confort. Donc, la bulle virtuelle est bel et bien là.
Comment peut-on analyser les comportements d'un internaute, et est-ce vraiment possible de le faire ?
L'analyse comportementale spécifique au monde virtuel ou Net-profiling peut se faire en suivant les traces de l'internaute sur plusieurs plateformes numériques. De plus, plusieurs outils d'analyse et d'évaluation sont requis. La cyber-observation comme outil s'impose de manière primordiale. Je définirais cette dernière comme étant l'examen des traces numériques visibles et, ou sauvegardables que laisse l'internaute à travers son passage sur une plateforme numérique. Le but de cette observation est la recherche de liens logiques entre ces traces qui sont des cyber-comportements et la personnalité de l'internaute.
L'analyse des cyber-comportements nous aide à connaître les traits de caractère et les éléments de personnalité d'un internaute et éventuellement prédire ses comportements dans la réalité, et surtout détecter sa force ou sa fragilité et sa prédisposition à devenir un cyber-délinquant ou , au contraire, une cyber-victime.
L'addiction à internet est-elle une pathologie qui nécessite des soins et un suivi ?
Oui et non. Elle peut être un symptôme dans un trouble de la personnalité ou appartenant à une maladie mentale, comme elle peut être une simple phase transitoire d'une souffrance psychologique passagère où l'individu choisit le milieu virtuel pour faire sa crise. Dans les cas pathologiques, une psychothérapie et un suivi rigoureux s'imposent sous risque de récidive.
Ceci d'un côté ; de l'autre, des recherches académiques que j'ai menées depuis 1999 dans le domaine de la cyberpsychologie ont abouti à deux grands constats. Le premier est qu'il y a une forte demande de la part de nos concitoyens à vouloir consulter des psychologues sur internet pour différents troubles, entre autres ceux liés à l'addiction.
Le deuxième est l'existence d'une addiction précoce aux jeux en ligne chez les enfants de moins de 7 ans. Dans ce contexte, j'interpelle les parents, les enseignants, les professionnels de la santé publique, la société civile sous l'impulsion des pouvoirs publics à agir dans le cadre d'une stratégie moderne, spécifique à la population algérienne en prônant la pluridisciplinarité pour plus d'efficacité.
En outre, l'ouverture de cliniques spécialisées dans les addictions comportementales peuvent être très bénéfiques, surtout avec l'apparition de nouveaux troubles comportementaux tels que la FoMO et la nomophobie.


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