Grande surprise. A 39 ans, Emmanuel Macron le candidat d'En Marche ! est donné par les estimations vainqueur du premier tour de la présidentielle française avec 23,7% des voix. Il marche assurément droit vers la victoire. Il est désormais aux portes de l'Elysée. Parti de presque rien, sans expérience politique et en une année seulement, il a réussi le pari le plus invraisemblable de l'histoire de la Ve République. L'ancien ministre de l'Economie de François Hollande a pu se hisser au-dessus des partis classiques pour imposer sa candidature et surtout son projet politique. Il est suivi de près par la candidate de l'extrême droite Marine Le Pen qui aurait obtenu 21,7%, selon les estimations. Elle réédite le choc du 21 avril 2002 en passant au second tour. Un résultat qui confirme la montée du courant nationaliste. «C'est une opportunité historique», a réagi Mme Le Pen. C'est donc un séisme politique de grande ampleur qui tourne une page de la vie politique de la France en éliminant pour la première fois l'absence des deux partis de gouvernement, la droite républicaine représentée par François Fillon, qui est arrivé en troisième position avec 19,7%, et le Parti socialiste dont le candidat, Benoît Hamon, a recueilli mois de 7%. C'est l'effondrement d'un parti du parti au pouvoir. Une sanction historique. Prenant acte de leurs défaites, Fillon et Hamon ont appelé sans plus tarder à voter Emmanuel Macron pour battre Marine Le Pen. Les ténors de la droite républicaine n'ont pas non plus hésité à apporter sans ambiguïté leur soutien au candidat d'En Marche ! Le puissant maire de Bordeaux, Alain Juppé, le sénateur Jean-Pierre Raffarin et d'autres figures du parti Les Républicains ont à l'unisson exhorté leurs partisans à porter au pouvoir le jeune candidat au second tour dans deux semaines. Dans la soirée électorale, les soutiens pleuvaient à gauche comme à droite. Le Premier ministre en exercice, Bernard Cazeneuve, a pris la parole pour soutenir son ancien collègue du gouvernement. Une sorte d'«union républicaine» s'est vite mise en place pour faire gagner celui qui se présente comme le candidat de l'«antisystème». Mais aussi et surtout pour faire barrage à l'extrême droite d'arriver au pouvoir. Le candidat de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, qui a fait une superbe campagne présidentielle en parvenant à déjouer les pronostics, est arrivé quatrième, selon les estimations, avec 19,2%. Il a gagné six points par rapport à son score de la précédente présidentielle. Ainsi donc, le suspense aura duré jusqu'au bout. Après une longue et intense campagne à rebondissements d'une présidentielle des plus incertaines de l'histoire de la Ve République qui a tenu en halène l'opinion publique française, le verdict des urnes a été sans appel. Il donne lieu à un second tour d'une France à deux visages profondément opposés. Celle d'une ouverte sur le monde, la mondialisation incarnée désormais par le trentenaire Emmanuel Macron contre une France ultra nationaliste, réactionnaire portée par Marine Le Pen. Le combat du second tour s'annonce déjà acharné.