Accuser la gauche d'avoir fomenté "un coup d'Etat institutionnel" comme vient de le faire François Fillon n'est pas acceptable, a déclaré mercredi le porteparole du gouvernement français, Stéphane Le Foll, invitant le candidat de la droite à la présidentielle à assumer ses responsabilités. La campagne de François Fillon est dans la tourmente depuis des révélations du Canard enchaîné sur des emplois présumés fictifs dont aurait bénéficié son épouse, qui font l'objet d'une enquête judiciaire. "Nous sommes en face d'un coup d'Etat institutionnel", a accusé l'ancien Premier ministre mercredi devant les parlementaires Les Républicains, assurant, selon des participants, que "cette affaire vient du pouvoir". "C'est une manière de faire qui n'est pas acceptable", a répondu Stéphane Le Foll, interrogé lors du compte rendu du conseil des ministres sur cette accusation. Les commentaires à gauche sur les déboires de François Fillon ont été mesurés, a-t-il souligné, et ont seulement consisté à "rappeler qu'il y a une nécessité de transparence et une nécessité de vérité et ça, ça vaut pour ceux qui ont à donner des éléments de vérité et de transparence". "Je trouve que chacun doit assumer ses responsabilités, et la vérité et l'exemplarité, ça doit faire partie aussi des sujets", a poursuivi le porte-parole, en soulignant que la droite l'avait accusé dans le passé d'être à la tête d'un "cabinet noir". "Renvoyer comme ça sur un coup d'Etat, écoutez, franchement, non, on ne peut pas accepter ça", a-t-il poursuivi. "La justice enquête, elle le fait en toute indépendance, elle le fera jusqu'au bout." CETTE AFFAIRE VIENT DU POUVOIR François Fillon, fragilisé par l'enquête sur les emplois présum és fictifs de son épouse, a dénoncé mercredi devant les parlementaires Les Républicains "un coup d'Etat institutionnel" fomenté par la gauche, ont rapport é des participants. Le candidat de la droite et du centre à la présidentielle a demandé aux élus de "tenir quinze jours", le temps que l'enqu ête donne ses résultats. "Nous sommes en face d'un coup d'Etat institutionnel", a-t-il dit lors d'une intervention à son QG de campagne, devant les parlementaires réunis, selon des participants. "Cette opération ne vient pas de chez nous, cette affaire vient du pouvoir", a-t-il dit. François Fillon a demandé la "solidarité" des parlementaires : "Nous devons tenir 15 jours". L'un de ses porte-parole, Thierry Solère, a déclaré ensuite à la presse que "rien n'empêchera [it] François Fillon et la droite fran- çaise d'être présents devant les Français au premier tour et au second tour" de l'élection présidentielle. TROISIÈME, DERRIÈRE LE PEN ET MACRON DANS LES SONDAGES D'autre part, un sondage a fait savoir que les intentions de vote en faveur de François Fillon s'effondrent en raison de l'affaire des présumés emplois fictifs de son épouse et le candidat de la droite à l'élection présidentielle serait éliminé du second tour par Marine Le Pen et Emmanuel Macron, dans un sondage Elabe pour Les Echos et Radio Classique. L'ancien Premier ministre ne récolte désormais plus que de 19 à 20% des voix, selon que le centriste François Bayrou soit candidat ou non, soit de 5 à 6 points de moins qu'en janvier. Cette baisse s'explique notamment par le fait qu'il ne fédère sur son nom que 56% à 60% des électeurs de Nicolas Sarkozy au premier tour de la dernière élection présidentielle (18% à 20% lui préférant Emmanuel Macron, et 14% Marine Le Pen). La présidente du Front national est donnée en hausse de 3 points par rapport à janvier, avec 26% à 27% des intentions de vote, devant Emmanuel Macron, fondateur d'En marche !, qui récolterait de 22% à 23%. Le dirigeant centriste ne recueillerait en effet que 4% des voix, contre 8% mesurés en janvier dernier. Benoît Hamon, vainqueur de la primaire citoyenne organisée par le Parti socialiste, enregistre quant à lui un bond de 10 à 11 points par rapport à début janvier, à 16- 17%, devançant largement le candidat de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon (10%, en baisse de 3 à 4,5 points). Marine Le Pen est crédit ée respectivement de 35% à 41% des voix dans l'hypothèse d'un second tour l'opposant à Emmanuel Macron (65%) ou François Fillon (59%). Benoît Hamon (33%) et Emmanuel Macron (30%) sont perçus comme les candidats les plus honnêtes dans ce sondage, François Fillon (17%) arrivant derrière Marine Le Pen (25%), Jean-Luc Mélenchon (23%) et François Bayrou (21%). Emmanuel Macron est perçu comme la personnalité ayant le plus les qualités nécessaires pour être président (46%), devant François Fillon (36%), Benoît Hamon (34%), Marine Le Pen (28%, Jean-Luc Mélenchon (18%) et François Bayrou (13%).