Au cours de la saison estivale 2004, le Centre médico-pédagogique pour enfants inadaptés mentaux (CMPEIM) de Bou Ismaïl (Tipaza) a accueilli 112 enfants des familles victimes du terrorisme, qui sont venus d'une dizaine de wilayas du pays. C'est le CMPEIM qui a initié ce séjour thérapeutique pour ces enfants, en collaboration avec l'Agence de développement social (ADS). Depuis 1997, ce centre vital dont on parle très peu a mis en place une cellule dont l'objectif essentiel s'articule autour d'une sérieuse prise en charge des enfants issus de familles victimes du terrorisme. Il est maintenant pourvu d'un personnel spécialisé, ayant acquis une expérience riche en matière de prise en charge des enfants victimes des traumatismes dus à la violence du terrorisme. 600 enfants des familles victimes du terrorisme ont bénéficié d'une prise en charge et d'un suivi. La première étape de la prise en charge est entamée au niveau du CMPEIM, tandis que les cellules de proximité de l'ADS, au niveau des wilayas, prendront le relais pour le suivi de ces enfants. Le travail psychologique pour le long terme s'avère impératif, car beaucoup d'enfants ont du mal à accepter la mort de leurs parents, frères et sœurs. Ils attendent toujours leur retour. C'est aussi la culpabilité du vivant. A titre d'exemple, beaucoup d'enfants de la wilaya de Bouira souffrent de cette situation. Selon la directrice du CMPEIM de Bou Ismaïl, « pour créer un cadre sécurisant pour ces enfants, il faut mettre les mots sur les maux ». Le désir de vengeance est réel chez ces futurs adultes. C'est la raison pour laquelle les animateurs de ces regroupements thérapeutiques ont tenu à travailler sur la culture de la paix. Des centres d'écoute ont été constitués, des ateliers ont été aussi créés pour inciter ces enfants à parler pour se libérer psychologiquement et apprendre ensuite à se préparer pour affronter l'avenir. Ces ateliers d'expression et de médiation permettent au moins de mettre en confiance ces enfants en favorisant leur épanouissement. Le personnel spécialisé chargé de l'encadrement de ces enfants a cerné leurs difficultés. L'Algérie compte des centaines de milliers d'enfants victimes de la violence terroriste, qui méritent à leur tour cette prise en charge thérapetique.