La campagne moisson-battage a débuté plus d'une semaine avant son lancement officiel prévu le 16 de ce mois. Malgré un mois d'avril sans précipitations, le sinistre qui planait n'a pas eu lieu. Sur quelque 1600 ha, l'irrigation d'appoint a été nécessaire, l'eau étant disponible. Ainsi, la DSA s'attend à une production de 1 800 000 q, ce qui fera oublier la catastrophique précédente campagne, avec seulement 350 000 q récoltés. C'est en zone précoce, sur la plaine de M'léta, que les propriétaires de moissonneuses-batteuses sont les premiers entrés en action sur leurs propres champs, de façon à louer leurs engins à des propriétaires d'autres parcelles, localement ou hors wilaya. En effet, Témouchent dispose d'un parc de 600 moissonneuses-batteuses, soit le double de la moyenne nationale, qui est d'un engin pour 400 ha. Or, sachant qu'une moissonneuse-batteuse traite 7 ha/jour, les 114 760 ha de superficies emblavées à Témouchent représentent un mois de travaux. Sachant que parmi les wilayas de l'Ouest, plusieurs sont tardives par rapport à Témouchent, tout le parc témouchentois, comme chaque année, ira s'y déployer. A Témouchent, sur le total des superficies devant être moissonnées, 1,5 ha en orge a été emporté par le feu dans la commune d'Ouled Boudjemâa. Les pompiers ont pu sauver les autres 2,5 ha restants. D'aucuns incriminent le jet d'une cigarette par des baigneurs de passage, sachant que le brasier a pris le week-end en zone côtière, sur un champ bordant la RN18. A la DSA, on se félicite que l'écrasante majorité des agriculteurs ait aménagé des tournières en bordure des champs pour précisément éviter ce type d'incendie. Pour ce qui de la production, notons que l'avoine-fourrage n'est pas comptabilisée et qu'elle a été enlevée sous forme de bottes à la faveur de la fenaison qui vient de s'achever. Par contre, l'avoine-grains figure dans les statistiques. Elle ne représente cependant que 3280 ha. Le blé tendre, en troisième position, représente 12740 ha. Le quintal de cette céréale est payé par les CCLS 3 500 DA aux agriculteurs. En deuxième position, l'orge, qui couvre 48 100 ha, est payée 2500 DA le quintal. Enfin, en pole position, il y a le blé dur, qui occupe la moitié de la superficie emblavée, soit 50 640 ha. La raison de la répartition inégale dans l'occupation des sols réside d'abord dans le fait que le blé dur est payé par les CCLS à raison de 4500 DA le quintal. Cependant, malgré la différence de prix à l'avantage du blé tendre, comment se fait-il que l'orge le supplante en couvrant trois fois la superficie qu'il occupe ? Il y a d'abord le fait que le blé dur est plus sujet aux maladies cryptogamiques et nécessite un surplus de traitement phytosanitaire. Ensuite, l'orge étant destinée à l'alimentation du bétail, son prix sur le marché parallèle est supérieur à celui accordé par les CCLS. Cela est vrai que seulement 20% de la production d'orge est livrée aux CCLS, contrairement à celles des blés qui l'est presque en totalité. Par ailleurs, les rendements de chaque céréale participent à la décision des exploitants. A cet égard, à travers le Témouchentois, le blé dur donne en moyenne entre 25 et 30 qx/ha. Pour le blé tendre, la fourchette va de 20 à 25 qx/ha et pour l'orge, elle oscille entre 15 et 20 qx/ha. On note que c'est après 2012 que l'engouement pour le blé dur s'est marqué pour atteindre 35 000 ha. Il a fallu attendre trois années après le lancement de la politique de renouveau agricole et de ses mesures incitatives en faveur des céréales. Mais, faut-il le rappeler, effet pervers voulu mais jamais assumé par les pouvoirs publics, le peu de vignoble de cuve qui demeurait a été remplacé par des céréales. Du coup, si on importe moins de céréales, on importe pour plus cher, à coup de millions de dollars, le produit d'une vinification réduite localement à presque rien.