Le wali de Tizi Ouzou, El Hocine Mazouz, a annoncé lundi l'implantation prochaine de brigades de gendarmerie et de la BMPJ dans chacune des 67 communes de la wilaya de Tizi Ouzou. L'annonce a été faite lors d'une rencontre avec les opérateurs économiques locaux tenue au siège de la Chambre de commerce et d'industrie du Djurdjura (CCID). En réponse à la question de l'insécurité qui prévaut dans la région, soulevée par de nombreux chefs d'entreprise, le premier magistrat de la wilaya a déclaré que l'Etat a décidé de mettre les moyens pour le rétablissement de l'autorité publique et annoncé que des brigades de gendarmerie seront installées conjointement avec des structures de la BMPJ, dès l'année prochaine, dans toutes les communes de la wilaya. Un maillage sécuritaire qui permettra d'endiguer la spirale du banditisme et du terrorisme dans laquelle se débat la région depuis plusieurs années. Il a rappelé que près de 90 milliards de centimes ont été dégagés durant l'année en cours et que la somme de 127 milliards de centimes est prévue pour l'année 2007, destinés à la réalisation des structures sécuritaires dépendant de la police. « La sécurité est l'une de nos préoccupations majeures. C'est un aspect primordial pour assurer une vie économique et un fonctionnement normal de la société », a déclaré le wali. Toutefois, le manque d'assiettes foncières pour l'implantation de ce type de structures sécuritaires demeure posé dans de nombreuses localités. Les opérateurs économiques ont lancé un véritable cri d'alarme, ces derniers mois, suite au kidnapping de plusieurs entrepreneurs. Des rapts spectaculaires ont lieu à intervalles réguliers et se soldent par la libération des otages contre paiement de fortes rançons. Un climat de terreur a été instauré par des groupes armés d'obédience islamiste, selon les services de sécurité. Aucune opération de recherche n'a pu aboutir afin d'établir l'identité des ravisseurs. Les chefs d'entreprise, cibles vivantes et permanentes des gangs de kidnappeurs, ont bouleversé leur mode de vie et d'activité, réduisant au maximum leurs déplacements. A l'occasion de chaque réunion entre entrepreneurs ou avec les pouvoirs publics, les opérateurs font planer le doute sur le maintien de leur activité dans la région, envisageant ouvertement de délocaliser leurs entreprises. Les récentes déclarations du wali s'adressent donc en priorité aux opérateurs économiques et répondent également à une vraie exaspération de la société civile devant la montée de l'insécurité. Cependant, le dossier est politiquement très lourd à négocier, vu l'opposition frontale de la structure des archs au retour des brigades de gendarmerie. Même s'il a perdu de son influence, le mouvement citoyen reste intraitable sur ce sujet et menace à chaque occasion de reprendre l'action de rue si les autorités remettent en cause l'une des principales revendications portées dans la plate-forme d'El Kseur, à savoir le départ, de la région, de l'ensemble des brigades de gendarmerie. Les archs nient en outre l'ampleur de l'insécurité, qualifiant d' « intox » et de « désinformation » les comptes rendus faisant état de la multiplication des actes de banditisme. Il est hors de question, selon les délégués des archs, d'évoquer le retour des gendarmes avant de traduire devant des tribunaux civils les auteurs des assassinats commis durant les événements sanglants du printemps 2001. Les dossiers des 126 victimes du printemps noir restent sans suite devant les juridictions. 14 brigades de gendarmerie avaient été fermées suite au processus de dialogue mené avec les autorités. 20 autres brigades existent encore officiellement mais non opérationnelles, demeurant sous le coup de la « quarantaine » décidée par les archs au lendemain du printemps noir. Djaffar Tamani, Saïd Gada