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«Condor veut devenir un acteur incontournable dans la fabrication des PPV» Toufik Benamara. Directeur de l'unité de fabrication de panneaux photovoltaïques à Condor
Disposant d'une ligne de fabrication de panneaux solaires photovoltaïques de la technologie de silicium cristallin (mono et poly), l'entreprise Condor, déjà leader en Algérie, se veut également le champion en Afrique en termes d'énergies renouvelables, l'alternative par excellence aux énergies fossiles. Et à l'horizon 2030, elle compte répondre à 40% des besoins des Algériens en électricité et exporter vers l'Europe et l'Afrique. Dans cet entretien, Toufik Benamara, directeur de l'unité de fabrication de panneaux photovoltaïques à Condor, dévoile les ambitions du groupe dans le contexte de transition énergétique dans notre pays et les enjeux actuels. - Le solaire photovoltaïque est une énergie propre et durable. Cependant, quel est le coût de cette transition énergétique ? Au départ, nous avons rencontré d'énormes difficultés en nous aventurant dans un domaine que nous ne connaissions pas. Mais peu à peu, nous sommes parvenus à le maîtriser et nous faire une place au soleil. Et bien entendu, cela a un coût du fait que nous importons la matière première nécessaire pour la fabrication du produit, sinon le panneau fini est à 100% fabriqué ici. Si Sonelgaz nous confiait un plan de charges, nous serions disposés à investir dans une usine verticalement intégrée, autrement dit nous fabriquerions du lingot au wafer (gaufrettes) à la cellule et le module. - Vous avez organisé, il y a quelque temps, un forum international sur le solaire et les énergies renouvelables. quel profit en avez-vous tiré ? Comme vous le saviez, le forum a été animé par des experts de renommée, venus d'Allemagne, leader mondial dans le photovoltaïque, des Pays-Bas... et leur expérience ne peut être que bénéfique pour nous. Et c'est ce genre de contacts qui nous permettra d'évoluer et d'être compétitifs. - Quelles sont vos perspectives quant à la promotion du photovoltaïque en Algérie ? Selon un programme national élaboré par le gouvernement, à horizon 2030 on aura produit 22 000 mégawatts provenant de l'énergie solaire. 12 000 pour l'Algérie, ce qui représente 40% des besoins de la population en électricité et le reste sera exporté. Notre unité est la plus grande en Algérie, et si Sonelgaz collabore avec nous, nous pourrions créer 56 unités au niveau national, ce qui générera la création de plusieurs PME qui permettront au pays de connaître une véritable dynamique économique. - L'énergie solaire est, certes, propre, durable et respectueuse de l'environnement, le seul bémol, c'est qu'elle n'est pas stockable. Où en sont les recherches à ce propos, si recherche il y a ? Le stockage de l'énergie électrique est le cheval de bataille des chercheurs. Mais le coût s'annonce très onéreux pour mettre au point un système capable d'emmagasiner de l'électricité à grande échelle. Cela dit, nous nous sommes engagés dans certains projets, en installant des panneaux d'éclairage public, à El Achir et Bouira, et chez des particuliers, avec une durée d'autonomie des batteries de trois jours. En sus des 525 kits nomades que nous avons réalisés à Tiaret et Tlemcen, ou encore 310 kits à Khenchela. - Justement, les grandes compagnies pétrolières n'auraient-elles pas exercé leur influence sur les promoteurs des énergies renouvelables, sur le solaire particulièrement ? Je ne peux pas me hasarder sur une question que je ne maîtrise pas suffisamment, mais une chose est sûre, c'est que l'énergie renouvelable concurrence l'énergie fossile, donc on peut parler de pression des lobbies offshore qui veulent monopoliser et contrôler les ressources énergétiques. En tout cas, le pétrole tend vers l'épuisement et l'avenir n'appartiendra qu'aux énergies durables. - L'emploi est le cheval de bataille de toute entreprise ; qu'en est-il pour la vôtre ? Pour le moment, notre boîte tourne avec 93 employés, mais nous comptons augmenter le cycle de fonctionnement pour tripler les postes d'emploi. Pour ce faire, il faut produire et écouler plus pour embaucher plus... - Quelles sont vos perspectives ? Notre objectif majeur c'est la promotion de l'utilisation des énergies renouvelables. Nous comptons participer activement à la réalisation du programme de l'Algérie des énergies renouvelables, dont 4050 MW en solaire PPV d'ici à 2022, et 12 000 MW à horizon 2030. Notre entreprise veut devenir un acteur incontournable dans la fabrication des PPV, bien entendu, en cherchant des partenaires technologiques pour le développement d'une véritable industrie du solaire photovoltaïque. - Mais il doit certainement y avoir des contraintes... Certainement, puisque les tarifs douaniers actuels ne sont pas adaptés, la préférence nationale n'est pas appliquée sur les marchés en l'absence d'un plan de charge pour permettre aux entreprises privées d'investir dans toute la chaîne de valeur, et par conséquent déve lopper l'industrie du solaire en Algérie. Nous voudrions fabriquer du made in Algeria et avec des compétences algériennes. Ce n'est pas utopique, c'est faisable, à condition qu'il y ait une véritable volonté politique. Prenons l'exemple de notre unité. Nous avons formé nos équipes d'ingénieurs et de cadres en Asie. Et depuis, la formation se fait sur place. Nous avons des projets d'exportation vers l'Europe et l'Afrique, qui affichent un intérêt particulier à notre produit, au lieu d'aller l'acquérir ailleurs, à moindre coût, mais de moindre qualité.