Pour manque de financements, la construction de plusieurs milliers de logements, toutes formules confondues, est remise en cause. 164 812 unités achevées mais non livrables pour absence de VRD ainsi que de 185 000 unités dont le taux de réalisation n'a pas pu aller au-delà de 60%. Le flou persiste toujours autour de la question de la disponibilité des financements pour les programmes de construction des logements, toutes formules confondues. Y a-t-il crise de liquidité ou s'agit-il d'entraves bureaucratiques empêchant l'achèvement, dans les échéances prévues, des chantiers lancés ? A en croire un communiqué du ministère de l'Habitat, diffusé mardi, la livraison, dans les temps, de plusieurs milliers de logements dont la réalisation relève des deux organismes, AADL et ENPI, est remise en cause pour manque de financement. Une réunion, lit-on dans le communiqué, «dressant un état des lieux de l'avancement des chantiers de construction des logements location-Vente et LPP, en présence des cadres des deux organismes concernés, a fait état d'un certain nombres d'entraves qui empêchent la livraison des projets dans les temps voulus». Il s'agit de pas moins de 164 812 unités achevées mais non livrables pour absence de VRD et d'aménagement, ainsi que de 185 000 unités dont le taux de réalisation n'a pas pu aller au-delà de 60%. Et pour cause, le ministère des Finances et la banque CPA ont cessé de fournir les financements nécessaires. Il faut dire que c'est la première fois que le ministère de l'Habitat étale publiquement ce dossier, en «accusant» ouvertement deux de ses principaux partenaires d'entraver le bon cheminement des projets. Interpellé maintes fois au sujet des créances dont plusieurs entreprises détiennent auprès du ministère, le ministre en charge du secteur, Abdelmadjid Tebboune, avait jusque-là mesuré ses déclarations, en évitant de citer nommément une partie tenue comme responsable dans cette crise qui frappe le secteur. Ecartant l'existence d'une quelconque «crise de financement», il avait indiqué, récemment, que le problème du non-paiement des entreprises chargées de la réalisation des projets allait être bientôt réglé, «au cours de ce semestre» et qu'il ne s'agissait que d'une affaire de «procédures», bien que les créances aient atteint le montant colossal de 130 milliards de dinars (1,2 milliard de dollars). Aujourd'hui, acculé par un mouvement de protestation qui commence à prendre de l'ampleur du côté des créanciers, mais aussi des souscripteurs aux différents programmes de logement, Abdelmadjid Tebboune semble n'avoir plus le choix que de dire la vérité à «ses clients». Le CPA, et à travers lui le ministère des Finances, sont ainsi mis à l'index et accusés de bloquer, depuis quelques mois déjà, les ressources financières nécessaires au bon fonctionnement d'un des secteurs des plus stratégiques pour l'Etat, celui de l'Habitat et du BTP. Il convient de rappeler, à ce propos, que le CPA est lié, depuis 2013, à l'AADL et l'Entreprise nationale de promotion immobilière (ENPI), sous tutelle du ministère de l'Habitat, par une convention qu'il a signée au nom de l'ensemble des banques publiques, pour le financement de la réalisation de pas moins de 300 000 logements de types location-vente (LV) et promotionnel public (LPP), pour un montant de 1200 milliards de dinars, soit près de 15 milliards de dollars. Cette opération de financement, par concours bancaire, a été décidée par les pouvoirs publics à l'effet de suppléer l'intervention du Trésor public. Il n'en demeure pas moins, qu'en raison de ce qui apparaît comme une «défaillance» et un désengagement de la part des banques concernées, l'Etat se voit contraint d'intervenir pour atténuer, un tant soit peu, la grogne des entreprises menacées de faillite, à travers une exonération d'impôts et de taxes décidée à leur profit. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, l'avait officiellement annoncé, il y a une quinzaine de jours, sans pour autant apporter une solution définitive à cette crise.