Maroc : 1 – France : 0. Après une polémique qui aura duré presque une semaine, La République en Marche, nouveau mouvement d'Emmanuel Macron, capitule devant les lobbies marocains. Leïla Aïchi, la candidate de la neuvième circonscription des Français de l'étranger, membre du Modem de François Bayrou investie sous l'étiquette de la REM, a été retirée de la liste des candidats aux législatives des 11 et 18 juin.Tout avait commencé par un communiqué du comité En Marche ! Maroc, qui, samedi dernier, annonce qu'il ne fera pas campagne pour la candidate «compte tenu des positions prises en 2013 par la sénatrice». En février 2013, lors d'un colloque en faveur de l'indépendance du Sahara occidental, la sénatrice, aussi avocate et à l'époque membre du parti Europe Ecologie Les Verts, s'était alarmée de la situation des droits humains dans la région. «Le Sahara occidental est une problématique internationale, les atteintes aux droits de l'homme dont est victime la population sahraouie sont avérées, mais pas assez médiatisées. Aujourd'hui plus que jamais, il est fondamental de faire appliquer et respecter le droit international», avait-elle alors déclaré dans un entretien donné à El Watan. Dans le sillage du comité dirigé par Hamza Hraoui, un professionnel de la publicité, d'autres voix se sont élevées contre la candidature de Leïla Aïchi, dont le cercle Eugène Delacroix (élus français pour l'amitié franco-marocaine). «Madame Aïchi n'a eu de cesse d'entretenir des relations de connivence avec l'insignifiant groupe Polisario en vue de déstabiliser la relation séculaire qui unit la France et le Royaume du Maroc», avait-il publié sur Facebook. D'autres personnalités marocaines, comme Amira Sitail, directrice de l'information de la chaîne marocaine 2M, se sont jointes aux loups pour hurler contre la candidate. Dans un entretien au site Atlas Info, le président de l'Institut du monde arabe (IMA), Jack Lang, a déclaré qu'il «ne serait pas acceptable qu'une personne qui professe des opinions anti-marocaines sur le Sahara soit soutenue par le principal mouvement politique en France». Au cours de la semaine, le comité En Marche ! Maroc a annoncé que d'autres comités s'étaient rangés à ses côtés pour boycotter la candidate : celui de la Tunisie, du Sénégal ou encore de la Côte d'Ivoire. Mardi, Leïla Aïchi a tenté de s'expliquer dans un communiqué en précisant qu'elle n'avait «jamais eu de paroles déplacées à l'encontre du Maroc, de son peuple et de la personne du Roi» et qu'en tant qu'élue de la République, elle n'a «aucune relation d'assujettissement envers une puissance ou des intérêts étrangers». Elle s'est même félicitée «du retour du Maroc au sein de l'Union africaine» et a rappelé sa position en faveur «d'une solution juste, durable et mutuellement agréée sous l'égide des Nations unies». Cela n'a vraisemblablement pas suffi. Mercredi matin, Leïla Aïchi avait été enlevée des listes et Hamza Hraoui annonçait sur Twitter que «personne» ne serait «investi sur la neuvième circonscription sous l'étiquette de la REM». Restent en course 27 candidats dont Erwan Borhan Davoux, des Républicains, et Didier Le Bret pour le Parti socialiste. Parmi eux, seuls trois vivent dans un des pays de la circonscription. Une fin assez singulière pour le mouvement d'Emmanuel Macron sachant que ce dernier a remporté 96,6% des voix et 92,2% au Maroc et que cette neuvième circonscription des Français de l'étranger, qui compte seize pays, soit quelque 150 000 Français inscrits sur les listes, est une des plus importantes.