Le tandem Macron - Bayrou sur le point de s'essouffler? Nouveau chef des Républicains, François Barouin a donné le tempo en menaçant d'exclusion immédiate tous ceux qui s'aviseraient de rallier le camp d'Emmanuel Macron. Alors qu'il attend avec impatience la prise officielle demain de ses fonctions de nouveau président de la République française, Emmanuel Macron doit déjà compter avec de vives tensions dans son camp où l'on a annoncé, jeudi dernier, 428 candidatures sur les 577 attendues pour les législatives du 11 juin prochain. Pour se préparer dans les meilleures conditions à cette «bataille décisive», le mouvement En marche! devenu au lendemain de la présidentielle, «La République En marche», devait présenter une liste incarnant le changement et l'équilibre entre les courants de gauche et de droite en même temps, conformément aux engagements du jeune candidat de 39 ans. Or, si plus de la moitié des postulants de cette liste viennent effectivement de la société civile et n'ont jamais bénéficié d'un mandat électoral, plusieurs erreurs et quelques couacs ont malgré tout altéré l'ambiance de préparation des législatives françaises en juin, à la faveur desquelles le nouveau président espère obtenir une majorité franche. Il semble que ce soit mal parti car de vifs reproches ont été adressés aux responsables du mouvement par un allié important du président, le centriste historique François Bayrou. «La liste des investitures publiées (...) est celle du mouvement politique En Marche!, elle n'est en aucun cas celle à laquelle le MoDem a donné son assentiment», a déclaré le président du MoDem, seul parti français avec lequel Emmanuel Macron a passé un accord politique au cours de la campagne présidentielle. François Bayrou, 65 ans, en réunissant hier les instances de son parti, appelle à un «mouvement de raison permettant des investitures communes dans toutes les circonscriptions comme Emmanuel Macron et moi en sommes convenus depuis le premier jour de notre entente». La réplique du secrétaire général de «La République En Marche» a fait l'effet d'une douche froide, ramenant le leader centriste du Modem à une dure réalité même si Richard Ferran s'est voulu rassurant en promettant que «tout allait bien se passer». La «grosse colère» de Bayrou a alimenté le débat médiatique depuis jeudi tandis que le feuilleton Manuel Valls a nourri nombre de commentaires, depuis l'humiliante réponse à son offre de candidature au «geste» de ne pas lui opposer un candidat sur ses plates-bandes. Pour la droite, c'est déjà l'occasion de se frotter les mains car Macron «est totalement empêtré dans cette affaire des investitures». Les rumeurs continuent à aller bon train au sujet du ralliement de certains poids lourds, mais d'aucuns, pressentis comme Premier ministre, annoncent leur refus. C'est le cas de Xavier Bertrand, donné comme un sympathisant du président Macron. Nouveau chef des Républicains, François Barouin a donné le tempo en menaçant d'exclusion immédiate tous ceux qui s'aviseraient de rallier le camp d'Emmanuel Macron, critiquant au passage une stratégie faite de coups de bluffs et de sordides combines. Dans la foulée, la droite critique aussi le nombre d'anciens élus du Parti socialiste parmi les candidats d'Emmanuel Macron. «C'est une opération de recyclage du Parti socialiste en déshérence», a encore dénoncé le chef de file du parti, pointant en cela la désignation du conseiller presse de François Hollande, Gaspard Gantzer, comme candidat en Bretagne (ouest). Au total, 22 députés de l'ancienne majorité dont 16 du PS se trouvent sur la liste rendue publique jeudi. Ils rejoignent des novices en politique, comme le mathématicien Cédric Villani, la torera Marie Sara ou encore deux anciens magistrats. Les choix ont été difficiles et plus difficiles encore les tractations avant la constitution de la liste présentée par REM. Des noms ont été rayés, d'autres portés in extremis. In fine, Bayrou a hérité de 39 centristes sur les 428 finalistes. De quoi oublier définitivement son ambition d'avoir un groupe parlementaire propre au MoDem. Quant à sa fureur, elle est attisée par les propos du porte-parole de REM, Benjamin Griveaux, qui nie catégoriquement un quelconque «accord d'appareil» entre Bayrou et Macron. «Notre engagement, assène-t-il, c'était de réserver un très bon accueil aux candidats du MoDem, c'est le cas. Ils ont une soixantaine de candidats investis, dont trente-cinq gagnables, et ils auront la possibilité d'avoir une vie de groupe au sein de la majorité présidentielle», promet-il. Bayrou, au summum de la rage contre un «recyclage du PS et une incroyable absence de professionnalisme et de loyauté», a réuni son BP hier et averti Emmanuel Macron des conséquences de la situation. Celui-ci lui aurait juré qu' «un arrangement était encore possible» et que ses «troupes ont fait n'importe quoi». Affaire à suivre donc. Une chose est sûre, la campagne des législatives risque fort d'être aussi surprenante et aussi riche en rebondissements que ne l'a été celle de la présidentielle. Quant à sa part d'incertitude, elle est au moins égale car on peut s'attendre aussi bien à une majorité présidentielle dont rêve le nouveau locataire de l'Elysée, qu'à une majorité de coalition qui irait du centre gauche au centre droit de droite ou à une majorité de droite avec une nouvelle cohabitation. Quant à une majorité de gauche, qu'elle soit radicale ou simplement socialiste version Hamon, il n'est même pas permis d'y penser.