Le désarroi et le mal sont profonds chez les hommes de la terre, dont la patience est érodée par des années d'attente. La grande salle des conférences de l'université Mohamed Khider de Biskra a résonné, lundi, aux cris de colère et de dépit lancés par des dizaines d'agriculteurs, soulignant l'immense déficit en courant électrique dit agricole ou rural, dont ils pâtissent depuis des années. Ils sont venus de Doucen, Aïn Naga, Mekhedma, Tolga, Ouled Djellel, Djemorah, Ourlel et d'autres communes phoenicicoles et agricoles de la wilaya. Invités à participer à une journée de sensibilisation sur la consommation de l'électricité, ainsi qu'à une rencontre avec les responsables du secteur, en présence d'Ahmed Kerroum, wali de Biskra et de Mourad Laâdjal, PDG de la société de distribution d'électricité et du gaz du centre (SDC), ils se sont succédé à la tribune pour raconter leurs déboires et difficultés à travailler la terre et produire plus du fait d'un cruel manque d'énergie électrique. Ils ont saisi l'occasion pour dénoncer les lourdeurs administratives pour bénéficier d'un raccordement au réseau de l'électricité, et s'élever contre les tarifs appliqués pour les exploitations agricoles électrifiées et les factures de mazout, carburant utilisé pour les systèmes d'irrigation dans celles qui en sont privées. D'autres agriculteurs et phoeniciculteurs, faisant de Biskra un pôle d'excellence agricole, ont soulevé le problème des projets d'électrification des zones agricoles gelés ou délocalisés, des indemnisations des pompes à eau tombées en panne à cause d'un défaut du réseau d'alimentation et une myriade de récriminations contre la SDC. Le PDG de cette dernière a tenté de répondre sans vraiment convaincre, car, semble-t-il, le désarroi et le mal sont profonds chez ses hommes de la terre, où seul le concret compte et dont la patience est érodée par des années d'attente. Un responsable de la SDC de Biskra a rappelé que l'Etat consent des baisses conséquentes sur les factures d'électricité des habitants du Sud, des industriels et des agriculteurs, avançant que les gros investissements dans le secteur de l'énergie était du ressort des hautes autorités. «Ce manque en énergie électrique pénalise des dizaines d'exploitants agricoles dont les productions pourraient suffire à notre pays et alimenter les circuits de l'exportation. Nous subissons les effets d'une aberration et d'une incongruité pour un pays et une région à vocation agricole qui se targue d'arriver à une autosuffisance alimentaire, mais qui n'y met pas les moyens. Donnez-nous de l'électricité et jugez-nous. Nos résultats vous laisseront bouche bée», a clamé un exploitant agricole de Meziraâ à l'endroit des responsables de la SDC.