La composition du nouveau gouvernement post-élections n'a pas vraiment créé la surprise. Les ministères régaliens et celui de l'Education nationale n'ont pas changé de main. Excepté bien sûr le département des Affaires étrangères, dont le changement a consisté à mettre fin au binôme Lamamra-Messahel au profit de ce dernier. Les résultats des élections y sont-ils pour quelque chose ? Vraisemblablement oui. Le déficit énorme de légitimité qui a sanctionné les dernières législatives et le refus des partis de l'opposition de rejoindre l'Exécutif ne suffiront peut-être pas, à eux seuls, à tout expliquer sur les tenants et les aboutissants de ce changement, mais les faits ne peuvent, raisonnablement, être totalement ignorés par le pouvoir. Dans cette nouvelle équipe en effet, des inamovibles d'abord. Il s'agit là d'une démonstration que le pouvoir au nom de Bouteflika s'est bien arc-bouté sur ses choix politiques antérieurs. Ensuite, les nouveaux membres sont majoritairement des ministres aux portefeuilles économiques. Cela renseigne aisément sur les priorités du nouveau staff dirigeant qui semble vouloir montrer qu'il tient à mettre en avant les chantiers économiques. Considéré ainsi, le changement du gouvernement Sellal porte le sceau de la nomination de nouvelles têtes aux différents départements économiques, mais aussi du départ de certains ministres encombrants à beaucoup d'égards. Le nouveau gouvernement cherche-t-il à soigner son image ? En tout cas, le départ de Sellal représente le seul changement politique à retenir en tant que tel. Pourquoi ? Le renouvellement quasi total des portefeuilles ministériels de l'économie pourrait être interprété comme une volonté manifeste de revoir de fond en comble les errements de gestion dans de larges secteurs économiques. Serait-ce un aveu d'échec ? La désignation d'autant de nouveaux ministres trahit, faut-il en convenir, l'état d'esprit des architectes de ce réaménagement ministériel. Le spectre du déficit budgétaire, l'incertitude du marché international des hydrocarbures, une baisse d'activité qui prend des proportions inquiétantes et les conséquences qu'elle implique sur la courbe du chômage, etc., sont autant de thèmes qui ne doivent pas laisser, en ces temps de crise et d'instabilité régionale, le plus autiste et le plus arrogant des pouvoirs. Il y a une espèce de mise en demeure adressée aux autorités afin de trouver des solutions idoines et dans l'urgence. La tâche du nouveau chef de file, Abdelmadjid Tebboune, sera d'autant plus ardue qu'il démarre — et c'est le moins qu'on puisse dire — avec une marge de manœuvre politique des plus étroites. Le pouvoir semble en effet s'être isolé davantage qu'il ne l'était avant les dernières législatives ou même la révision de la Constitution dont on a démesurément gonflé la publicité. Sellal en paie-t-il le prix ? A en juger par de tels résultats, et au plan marketing surtout, il n'est pas tout à fait faux de soutenir qu'il n'y a vraiment pas retour sur investissement.