Le lifting donné au gouvernement Sellal n'a, en définitive, convaincu personne. Survenu en droite ligne de la dernière tripartite où le Premier ministre a donné le départ au nouvel ordre économique algérien, ce remaniement est surtout perçu comme le renforcement de l'influence de Saadani sur les affaires politiques internes. En effet, et loin de toute lecture analytique sur la volonté du gouvernement de rectifier le tir et de secourir des secteurs en panne d'imagination, le changement ministériel trahit plus une politique de statuquo qu'il ne traduit une dynamique recherchée pour fouetter une économie léthargique victime d'une mauvaise stratégie managériale. Les départs du ministre des Finances, Benkhalfa, pris en grippe par le SG du FLN au même titre que Laksaci, le désormais ex-gouverneur de la Banque d'Algérie, et celui de Khaoua, ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement et membre du Comité central du FLN, qui avait contredit publiquement Saadani sur la question de la nomination du chef du gouvernement, renseignent sur l'influence grandissante de cet homme qui fait désormais peur à tous ses adversaires. Le cas de Ferroukhi de l'Agriculture obéit également à cette logique, lui qui a vu la gestion de son secteur qualifiée de «catastrophique» par le patron de l'ex-parti unique. L'opinion publique découvre effarée l'étendue du pouvoir de Saadani à qui rien n'est refusé. Si un responsable politique n'est pas en odeur de sainteté du côté du SG du FLN, ses jours officiels sont dorénavant comptés. Le seul qui fait exception à la règle est Ouyahia, c'est dire que les relais de l'homme sont encore puissants pour résister aux désidératas de Saadani. Celui qu'on prenait au départ pour un bouffon extraverti, osant s'attaquer à la toute-puissante image du patron du DRS, est en train de faire taire tous ses détracteurs, les événements politiques, les nominations et les limogeages lui conférant un statut décisif sur la vie politique nationale. Le remplacement de Khebri par Bouterfa, l'inamovible P-dg de la Sonelgaz, pose aussi de nombreuses interrogations. Avec le nouveau ministre, cité dans le scandale de l'achat des centrales électriques et présenté comme une victime de la cabale du DRS, il est plus que probable que de nouvelles augmentations dans les prix de l'électricité et du carburant surviennent prochainement. Le départ de Ghoul après 16 ans de bons et loyaux services est anecdotique, lui qui n'a brillé que par le degré d'allégeance à Bouteflika à l'image d'un Benyounès ou d'une Khalida Toumi. Pourtant, tout le monde s'accorde qu'avec ce remaniement partiel comparé à un ravalement de façade, on n'est pas sorti de l'auberge.