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De la prolifération spatio-temporelle du fait spirituel
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Publié dans El Watan le 02 - 06 - 2017


DR YACINE BENABID
Maître de conférences
Le monde d'aujourd'hui, dans ses mutations les plus intrigantes et ses bouleversements les plus accablants, est devant un fait : se chercher ailleurs que dans ce que la modernité, dans son explication matérielle, propose.
C'est ce que l'Unesco, en institution fondée sur les principes de rapprochements ethnoculturels, a semblé signifier, dans un pragmatisme réfléchi et une démarche rationaliste à retenir, en invitant, à ce titre et à plusieurs reprises, la spiritualité algérienne à venir prêcher sa vision et ses modalités devant un parterre de spécialistes venus, pratiquement, du monde entier. Il est à relever, même si la représentation phare est formellement algérienne, que l'entité religieuse, dans le sens monothéiste du terme, a largement partagé l'espace du débat sur l'autre, le vivre-ensemble, le retour du religieux, etc. la confrérie ‘alâwiyya en a été le porte-étendard, dépassant le rôle classiquement assigné aux ordres de son genre, et s'offrant la tâche méritoire d'intermédiaire entre deux conceptions du monde que rien n'a pu rapprocher jusque-là. Il va sans dire que ce que Paul Ricœur appelle spiritualité réflexive, par le choix spatio-temporel, s'est bien choisi l'opportunité de se faire valoir. S'agissant d'un besoin tout aussi pressant que général, songer à y faire participer des parties qui devraient présider aux destinées de la communauté humaine, et qui jusque-là ne le font pas, relève du vrai défi.
L'effort a été consenti. Seule l'histoire jugera des aboutissements ! Deux jours de prestations philosophico-spirituelles, où les intervenants de très grandes qualités intellectuelles et de différentes écoles ont, chacun de par son positionnement, éclairé les concepts les plus présents et les problématiques les plus attenantes dans ce qui se conçoit dans le monde d'aujourd'hui comme ingrédient de la vie ensemble. Deux jours, dis-je, auront suffi à transférer le débat sur le religieux, dans toute l'étendue de son sujet sémantique - pour reprendre Todorov - ailleurs que sur la plateforme de l'extrémisme et de ses variantes, et à transposer ledit débat dans une langue d'échange et de concertation sur le bien de l'humanité, toutes civilisations et religions confondues.
Que ce soit la confrérie ‘alâwie qui ait parrainé ce débat n'a rien d'étonnant, puisqu'on relève dans le patrimoine de cet ordre – du vivant de son fondateur déjà – un penchant assez prononcé pour l'altruisme, et une culture du dialogue avec le «différent» qui a donné lieu à des sympathies des autorités intellectuelles les plus reconnues, dans le monde d'alors, pour la personne du cheikh Ahmed Al 'Alâwî dont l'ordre porte toujours le nom. La nature du discours spiritualiste ‘alâwî étant ce qu'elle est, elle a su en tout cas rapprocher des parties intellectuelles, religieuses et socioculturelles de bords différents, autour d'un sujet qui tient sa légitimité de ce qu'a vécu (et continue de vivre) l'humanité d'aujourd'hui, à savoir la réflexion sur d'autres mécanismes que ceux propres à la très menaçante machine intégriste.
L'objectif du congrès aura été atteint dans la plus large mesure, en ce sens que toutes les entités –individuelles ou institutionnelles - invitées à se prononcer sur le phénomène, ont pu le faire de la façon la plus autonome qui soit, autrement dit la plus affranchie de ce qui s'appellerait ailleurs une caution de complaisance ! Le contenu des interventions n'a pas manqué d'être consensuel sur deux choses au moins :
1/ revaloriser le discours spiritualiste et réenclencher sa dynamique pas uniquement en terre d'islam rongée, au demeurant, par une salafiyya (acronyme arabe de passéisme) portée à son faîte par des facteurs pas toujours religieux, mais aussi dans un horizon plus large, universel pourquoi pas, loin de toute idée de prosélytisme propre aux promoteurs de l'extrémisme – pas seulement islamiste faut-il le rappeler – qui théorise et justifie le mal qui frappe de plein fouet l'humanité ;
2/ œuvrer à ce que la conscience moderne admette le fait religieux, jusque-là otage des marchands de l'au-delà, comme issue salutaire de l'impasse existentielle dans laquelle se trouve une grande partie de la société humaine. Pour le premier point, l'ordre ‘alâwi s'est voulu le chantre d'une culture de tolérance qu'il a de tout temps confessé et d'où il tient sa légitimité historique qui fait de lui l'un des ordres les plus présents, en termes de pacifisme, dans la cartographie du monde musulman.
Cheikh Khaled Ben Tounès, l'actuel chef de l'Ordre et maître d'œuvre de l'entreprise cas de figure, continue une démarche soucieuse de l'universalité du soufisme entamée par ses prédécesseurs, et s'attelle à réactualiser un discours en phase – dans sa nature – avec la réalité qui l'encadre. Réactivée en Algérie par exemple, terre de naissance de beaucoup d'écoles spirituelles, ou même ailleurs dans le monde musulman, ladite démarche aurait eu le même effet connu à l'ensemble des ordres, c'est-à-dire celui n'outrepassant pas le rayon des adeptes et, au mieux, celui des sympathisants. Mais, entreprise en Occident, où une telle entreprise a de multiples raisons d'être contrariée, et où le droit d'être différent a plus de chance d'être infirmé que confirmé, cette idéologie de tolérance peut avoir du mérite en ce qu'elle est promotrice d'un islam plus conséquent avec ses fondements, et surtout d'une manière différente de le vivre.
Pour le second point, il s'agit de repenser le concept de foi qui se trouve refoulé de la conception de la vie moderne, au profit d'un matérialisme hostile à toute idée de métaphysique, ce qui a donné lieu aux fondamentalismes les plus répugnants. S'il est indéniable que l'homme où qu'il soit se trouve dans une posture qui demande à être dépassée, pour son bien-être, il ne peut trouver solution à son mal-être que dans la foi. L'islam politique en a fait un outillage pour son idéologie destructrice et a usé d'une phraséologie qui ne devrait pas être la sienne quant à la conceptualisation de l'acte de foi. Si cette dernière, dans la sérénité qu'elle instaure et dans la paix qu'elle inspire, est incontournable dans la «Thérapie de l'âme», elle doit donner corps à une aise sûre et durable.
Ce que d'autres approximations de la foi ne pourraient garantir. Le trait significatif de ces approches complémentaristes est bien la conceptualisation du fait spirituel, sa possible soumission à l'analyse et son ouverture sur le rationnel qui n'est aucunement propre à l'agnostisme. Ce qu'on reprochait, pour des raisons notamment de partis pris répandus, à la spiritualité de faire dans l'enfermement aussi bien discursif que comportemental, a été bien démenti en voyant un certain engouement pour l'intégration du discours soufi de son intérieur, l'usage d'outils épistémologiques dans la lecture de ses corpus, la mise en lumière extra spiritualiste, psycho-sociale je veux dire, de sa prolifération spatio-temporelle. Ce n'est pas qu'un tel phénomène doit passer par une justification épistémologique pour se faire valoir comme étant un fait d'alternance, où certains de ses éléments pourraient servir dans l'amélioration de la condition humaine.
Certaines de ses composantes ne prêtent pas à cela. Néanmoins, spéculer sur sa teneur réaliste, sur sa vocation à cadrer l'humain dans ses façons de voir et d'agir, sur sa capacité à atténuer les malentendus qui enfument les relations, sur sa capacité aussi à s'adresser à l'homme citoyen du monde, dans toutes les langues c'est-à-dire dans la seule langue de l'esprit, est une possibilité à ne pas rater ! Il ne s'agit pas bien sûr de chercher de nouvelles définitions, ni de se chercher dans les nouvelles quêtes de soi un placement autre que celui qui favoriserait cette volonté de promouvoir un projet encore méconnu pour beaucoup. Ce serait utopique de le penser et prétentieux de le laisser croire, mais rien n'interdit de croire en cette entreprise franchement volontaire pour la paix et c'est peu dire, car elle est porteuse d'espoir et reste une alternative pour un avenir meilleur.
Et si le problème des redéfinitions n'a pas été à l'ordre du jour, rien n'a empêché une lecture en étendue et en profondeur du fait spirituel permettant de repenser le soufisme longtemps légué, soit au populisme réducteur, soit aux critiques exacerbées des intellectualistes éloignés, par l'idée qu'ils se font d'eux-mêmes, du noyau spirituel du fait religieux. Il est vrai que le soufisme a longtemps été livré à ses plus mauvaises représentations, et a servi de registre du commerce à beaucoup de mauvais marchands, ce qui a déclenché à son encontre des guerres idéologiques d'opposants faisant mal la part des choses. Il est vrai aussi qu'il a été longtemps otage des cercles d'intérêt qui s'en servent pour mieux s'ancrer dans la sphère matérielle et pour y perdurer le plus longtemps possible.
Mais faire appel à ces paradigmes, dans un débat pareil, n'a rien à voir avec le soufisme. Le vrai. Variante terminologique des valeurs universelles, le soufisme est tout sauf une conception du monde régie par le principe de dualité ou d'enfermement dans des choix qui contreviennent à l'esprit de paix et de contiguïté avec l'autre, si différent soit-il ! En effet, si un monde pris entre les dangers qui le guettent et l'impuissance à leur échapper moyennant le rapprochement et l'entente, n'est pas admis, un monde sans rapports humains équilibrés n'est pas non plus envisageable !
Plus que dans toutes les phases de son histoire, l'humain a plus d'occasions aujourd'hui de s'affirmer comme tel et plus de moyens d'assumer sa condition. Laisser faire les obstructions et s'installer les écueils serait aller vers l'inconnu, c'est-à-dire signer sa fin. La promotion du dialogue interhumain, et l'encouragement du transculturel à vaincre l'esprit d'emmurement vers lequel veulent nous conduire les thèses arriéristes est la lettre de noblesse de cette rencontre historique. Il faut dire que cette entreprise, qui vient élargir le cercle des activités ‘alâwies, ne contourne pas ses grandes orientations, ni ne le détourne de sa vocation de base, à savoir l'éducation spirituelle.
C'est bien une façon à lui de s'adapter au besoin sociétal et de se tourner vers la positivité où qu'elle se trouve. Joindre les bouts, pour cette finalité, n'a jamais été un problème pour cet ordre. De là, l'alâwisme ne donne pas l'air de relayer, dans toutes ces implications, les groupes qui se donnent pour gardiens exclusifs du temple. De ce côté-là, cet ordre tend à l'autonomie par rapport aux principes qui régissent le reste des ordres mystiques et à leur philosophie. Le spirituel, en thématique constante et en référant dominant, reste le sous-bassement de sa philosophie, mais une avancée dans l'immédiatement réel doit lui être reconnue en ce sens qu'il cherche, dans ses pratiques, à s'éloigner de la phraséologie qui fige le spirituel dans les sphères de la passivité et le soumet aux lois de la solitude.
Dans un contexte plus large, c'est aussi propre à l'alâwisme en particulier et au soufisme en général de s'ériger en interlocuteur intelligent avec l'Occident, non en antagoniste confiné dans un hermétisme idéologique d'un autre âge. C'est bien cheikh Ahmed Al 'Alâwî qui a donné au dialogue interreligieux ses lettres de noblesse. Il a bien introduit dans l'horizon de son époque la culture de l'échange et le sens de l'écoute.
En d'autres termes, ce dont un exercice de la foi avait besoin. Les traits de surface de cette idéologie qui se livrent à l'observation immédiate sont la méconnaissance d'abord de ce qu'ils professent qui fait d'eux des prophètes sombres – pour parler comme Todorov citant les pactants du diable – ensuite l'insouciance de l'actualité, toutes exigences confondues, alors qu'ils devraient l'écouter au moins sur ce qu'elle a d'essentiellement sobre et tempérant. Au lieu de cela, ils font de l'hermétisme l'alpha et l'oméga de leur conception de l'islam, tendant à flétrir à l'étourdi les valeurs rassemblantes par lesquelles il est une religion d'amour et de paix. Ils s'en servent pour caractériser leurs schémas de société qu'ils cherchent à imposer loin des principes communs qui ne font pas du reste de l'humanité, selon l'islam lui-même, un ennemi potentiel.
De ce point de vue-là, ils s'alignent sur la même rhétorique d'antagonisme que les djihadistes. Ils en théorisent même les agissements
!


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